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Femme d’exception

Grace Loemba : Kimpa-Vita des temps modernes

15 novembre 2021. Paris. Hôtel Bristol. Les cendres de la Cop 26 en Ecosse n’étaient pas encore éteintes que l’inénarrable Sassou avait déjà repris son bâton de pèlerin pour du tourisme diplomatique. Destination : la France. Mal lui en a pris. Conspué, traité de noms d’oiseaux et d’animaux, le bonhomme a affronté une vague de protestations des Amazones (guerrières dans la mythologie grecque). (Nota : Kimpa Vita héroïne kongo, morte sur le bûcher). Analyse du film du lundi noir. Lundi 12 novembre, fête de la St Christian.

.-Quoi ? Qu’est-ce que vous dites ?
.-« Ils sont embusqués dans les couloirs du métro. »

ET DIEU CRIA LA FEMME

Il fait un froid d’ours à Paname ce lundi 12 novembre 2021, date d’ouverture du Forum sur La Paix. Une femme d’exception, une diva, divine dans sa beauté comme Mama Ngounga, Kimpa Vita, une femme d’action, qui a des ascendances spirituelles de Ndona Béatrice de Mbanza Kongo tient le haut du pavé. Cette femme c’est Grace Loemba. Fille Vili : « Sois belle et t’es toi ! » écrirait d’elle la psychanalyse.

« Qu’est-ce que vous dites ? »

« Oui. Ils sont tapis dans l’ombre. Vous ne les voyez pas ? » dit Grace aux policiers qui accompagnent les Amazones dans le métro, après que les condés les aient chassées de la manif. Pour nuisance sonore.

« Camarade, ma chemise est toujours de mise ? » chantait Claude Nougaro en mai 68.
Les casseurs de grève congolais en veulent à nos Amazones. D’où la protection de la Police.

« Sois belle et tais-toi » : c’est ce que veulent les gorilles noirs de Sassou. Une femme, ça reste à la maisons s’occuper des des tâches ménagères. Ils se trompent.

Quand on voit l’action des combattantes ces temps-ci, on se dit qu’au bout du compte, L’HOMME révolté d’Albert Camus est une FEMME : elle est Congolaise, un concentré de tous les ressentiments des damnés de la Françafrique.

GUERRE ET PAIX

Avant l’épisode du guet-apens dans le métro, la journée commence sur les chapeaux de roues. A la tête d’une forte délégation, l’infatigable dictateur congolais, en visite à Paris, trouve de fortes têtes qui campent devant Le Bristol où il est descendu pour un sommet sur Paix.

Inouï la démarche de Sassou venu parler de Paix à Paris. La paix est une denrée très chère dont il ne connaît pas le goût si ce n’est celui du sang de ses nombreuses victimes auxquelles il fait la guerre depuis des années, depuis son coup d’Etat en juin 1997. Le concept de paix n’a jamais parlé à sa conscience de Président autoproclamé. Confier la situation libyenne à l’arbitrage de Sassou c’est comme faire garder un beefsteak à un chien. C’est à se demander, en invitant Sassou, tueur-né, quel but poursuivent les initiateurs de ces Forums interminables alors même qu’il est de notoriété publique que le pompier Sassou est aussi le pyromane. Des amphitryons comme Macron sont alors complices de l’échec de la paix dans nos pays en guerre et leurs sempiternels sommets sont des modèles achevés d’hypocrisie.

Ce 15 novembre 2021 est le jour de la Sainte Révolte dans le calendrier des Résistants et des Combattants congolais. Des Venus Noires venues des quatre coins de l’Afrique (Gabon, Congo, Sénégal, Côte d’Ivoire, RDC...) hantent les abords du Bristol afin de dire au dictateur du Congo leur façon de penser. Une dizaine de femmes en colère font le pieds de grue aux abords du palace parisien tandis que des gorilles, des barbouzes, tentent de les intimider. En vain.

« Vous aussi vous êtes de la délégation ? » demande à brûle pourpoint Grace Loemba. « Non, je suis Sénégalais » répond un compatriote de Mohamed Mbougar Sarr, pris en flagrant délit dans les environs du Bristol, obligé de justifier sa présence sur la scène du crime. Grace Loemba est très remontée.

C’est que trop d’infiltrés hantent les meetings de protestation.
Dans cet imbroglio on ne sait pas qui est qui. On croit avoir affaire à un frère de combat car tous les chats sont gris dans la pénombre de la lutte. On se dit, « c’est toi camarade ? » et on tombe dans un traquenard car le camarade s’avère être un ennemi, un adversaire, un plastron.

Une vigilance sécuritaire avait manqué notamment à Roland Levy Nitou et quelques amis de lutte quand ils furent nuitamment agressés par des barbouzes à bord d’une Mercedes noire.

UN DISPOSITIF DE REPRESSION NEGRE

L’algorithme du service de sécurité de Sassou a disposé une cohorte de tirailleurs composée de Camerounais disséminés dans le rayon du Bristol, célèbre palace parisien adulé des dictateurs noirs, en l’occurrence « L’Empereur du Congo ». On suppute que ces salariés de l’infiltration des manifs, ces auxiliaires de la répression, bossent pour des sociétés légales ayant pignon sur rue dans le domaine du baston des Noirs par d’autres Noirs. On cite pêle-mêle Momo Makosso, Rostel Bakoua en tant que professionnels du compromis.

En toute hypothèse, le cluser croisées par les Amazones dans le métro est une ramification au sein de laquelle doivent opérer des nervis comme Edgar Bokilo, une pièce-maîtresse de la sassouphilie sur la place de Paris. Partie immergée de l’iceberg, les vigiles noirs de France rendent difficile la lutte contre nos tyrans noirs.

 « De quel droit vous m’interdisez de faire des photos ? Nous sommes à Paris, pas à Brazzaville. Lâchez mon appareill » proteste une Amazone agressée précisément par un Noir à la lisière du Bristol.

Mais la répression n’est pas automatiquement dissuasive. Car mue par l’énergie du désespoir l’Amazone répond du tac au tac, engage le bras de fer. : « Nous sommes en France » (sous-entendu on n’est pas Brazzaville où l’arbitraire est la règle et la liberté d’expression l’exception.)

Le logiciel des hommes de main de Sassou n’est pas au point. Il ne tient pas compte de la configuration « Liberté, Egalité, Fraternité » qui articule la démocratie en France depuis la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1789.

LA POLICE

Au Bristol, la police officielle bosse « à l’insu de son plein gré » avec les forces parallèles des agences de sécurité noires. Ces espions africains écument les abords des hôtels où descendent les délégations ministérielles en compagnie de leurs familles venues faire des emplettes à Paris. On empêche de filmer. On tente de séquestrer tout appareil numérique susceptibles de prendre des photos. Une Combattante (congolaise ou gabonaise) filme la sortie imminente de Sassou du Bristol. C’en est trop pour les amis d’Edgar Bokilo. Or l’enjeu de la manif de ce 15 novembre est précisément d’humilier Sassou en lui balançant des quolibets dignes des despotes : « assassin, voleur, geôlier, affameur, liberticide, génocidaires, budgétivore, néonazi, anthropophage, cannibale, et tutti quanti. »
La nuisance sonore c’est bon. Sassou a horreur de ça.

LA MARSEILLAISE

Un bataillon de policiers français repousse avec violence les combattantes. « Nous sommes là pour assurer la sécurité des Chefs d’Etat sur notre territoire » explique une policière. Grace Loemba remercie la dame en uniforme mais ne se laisse pas impressionner.

Excédée, la militante Loango se ceint du drapeau tricolore congolais après avoir ôté manteau et camisole sous un froid de canard en ce mois de novembre parisien. Un refrain de la Marseillaise sort de sa bouche devant la policière qui se met au garde-à-vous. La strophe de l’hymne national français n’est pas très connue. La maîtrise du refrain par Grace épate l’agent de l’ordre. Avec son buste découvert, la Congolaise ressemble à Marianne, l’égérie française. « Tu as un joli corps, Grâce » lit-on dans les commentaire YouTube de la vidéo. « Sois belle et t’es toi »

La Marseillaise est aussitôt suivie de La Congolaise. Quelle voix cette Grace !

FEMME NOIRE, FEMME AFRICAINE

Les policiers, dans la mêlée, ramassent les vêtement de l’Amazone congolaise née à Pointe-Noire, virulente opposante au mari d’Antoinette Sassou.

Chose remarquable, la répression se soucie également de la pudeur. Mais Grace ne ressent pas le froid polaire de la Place Matignon et se fiche du regard des flics fascinés par cette morphologie de la femme Noire issue d’une société où se pratique le rite de consécration de la beauté féminine, le « tsikoumbi. » Le rituel du tsikoumbi qui rend la femme belle.

POEME DE LA MERE

Les gorges canalisent des chants et des slogans. Voix rauques, Orphée Negro, Opéra Noir pour une dramaturgie qui se joue en Françafrique dans un Noir Silence François Verschavien. La température glaciale d’automne est un carburant qui attise les ardeurs des glorieuses Amazones. Rat pris au piège de sa turpitude, le tyran congolais ne peut pas sortir de l’hôtel et s’en sortir sain et sauf puisque écorner son image de marque et sa réputation est le but recherché par les Amazones (au milieu desquels, il faut le signaler, figurent quelques hommes) conscientes d’être filmées par les caméras du monde entier.
Aucun despote n’aime ça.

« On attend que ça se calme dehors » dit sur un ton préfectoral la police civile du leader Maximo congolais. Les Amazones n’en démordent pas. Mine de rien, le bruit et la fureur orchestrés par Grace Loemba et ses camarades ont raison de l’imprudence de Sassou d’être venu défier l’Opposition congolaise à Paris. L’échec de sa défiance, Sassou la doit à un contingent de femmes.

Grace chante La Marseillaise ; elle chante aussi un hymne de sa composition. Taty Loutard, son compatriote, écrit les poèmes de la mer. Grace Loemba chante le poème de la mère. La mère congolaise souffre. « Ma soeur aînée est décédée des suites d’un accouchement. C’est Sassou l’auteur de cette mort. Il a tué la santé dans son pays »

« Le Congo, 5 millions d’habitants, pays pétrolier : pas d’eau, pas d’électricité, pas d’hôpitaux, les enfants sont entassés dans des chambres. Ma soeur aînée est décédée après un accouchement. Sassou vient parler de Paix. Mais dans son pays, il tue ses opposants. La dépouille de Guy Brice Parfait Kolélas repose à L’Institut Médico-Légal, Quai de la Rapée » hurle Grâce Loemba.

Les policiers écoutent ces dénonciations sans broncher. Mais le message passe.

Une nouvelle grammaire de la résistance est en train de se structurer ici sur le terrain du combat noir en France. Le féminin singulier est désormais de la partie. Les despotes devront désormais faire avec. Oui indépendamment de Camus, finalement l’homme révolté est une femme !

« L’heure est venue. Libérons le Congo de la dictature de Sassou » improvisent deux militantes combattantes comme si le texte avait été travaillé auparavant. En fait, l’inspiration et la conviction créent automatiquement l’harmonie à la manière du chant des partisans composé par une résistante russe pendant le seconde guerre mondiale.
C’est le poème de la mère universelle, combattante depuis Adam et Eve.

On n’insistera jamais assez sur la scène dans le métro. Ca en bouche un coin aux condés qui escortent nos Amazones dans les sous-sols du métropolitain. Le monde est à l’envers. Dans les égouts de Paris, jadis, au 19è siècle ce sont les Cognes qui traquaient ; les révolutionnaires encaissaient, morflaient. Que de morts mis au monde par La Commune ! Aujourd’hui c’est l’inverse.

Sassou a payé des gardes-suisses Camerounais pour sécuriser son autorité pontificale et les parages. L’homme au téléphone est balèze. Edgar Bokilo (si ce n’est lui c’est don son frère) ne manque pas de culot. Ce sale type aurait posté une vidéo qui salit. Grâce Loemba, belle comme jamais, y est dépeinte en garce. On connaît cette bonne vieille ficelle qui consiste à disqualifier les militantes en leur boutiquant des affaires salaces.

« Tu as un joli corps, Grâce » lit-on dans les commentaire YouTube de la vidéo. Les policiers dans la mêlée ramassent les vêtement de l’Amazone congolaise née à Pointe-Noire, virulente opposante au mari d’Antoinette Sassou. Chose remarquable, la répression se soucie également de la pudeur. Mais Grâce ne ressent pas le froid polaire de la Place Matignon et se fiche du regard des flics fascinés par cette morphologie de la femme Noire.

« Des voyous veulent nous agresser. Payés par le pouvoir, leur but est d’intimider ceux qui dénoncent les méthodes du régime dictatorial de Brazzaville. Sassou-Nguesso vient parler Paix ici à Paris mais dans son pays les prisonniers politiques croupissent en prison. Des jeunes sont arrêtés, torturés et parfois meurent dans des cellules étroites par étouffement »

Le mot de la fin au poète philosophe :
« les civilisations sont mortelles. Nous vivons sur les cendres d’anciens mondes. Dans la mort il y a assez de place pour tout le monde, y compris les dictatures. » (Paul Valery)

AMICAFIGAS, Paris 24 novembre2021

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