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Pako yako

Guy Brice Parfait Kolélas, la dépouille qui refuse de descendre dans le tombeau

Jean-Marie Michel Mokoko est en taule. Guy Brice Parfait Kolélas est dans le séjour des morts. Difficile de ne pas parler d’abus de pouvoir, d’élimination politique, d’homicide au premier degré, pour qualifier Sassou puisque ces deux personnages ont eu un bras de fer avec lui.

POUVOIR D’OUTRE-TOMBE

Même mort, Guy Brice Parfait Kolélas bouge encore. PAKO est décédé le 21 ou le 22 mars 2021. Ce vendredi 14 janvier 2022, bientôt un an, son cadavre se trouve toujours à l’institut Médico Légal, Métro Quai de la Rapée.

Tout se passe comme si (depuis le commencement des douleurs) on voulait faire parler le mort alors qu’on n’enclenche pas tous les rituels nécessaires (scientifiques juridiques, politiques, sociaux, métaphysiques ) pour y parvenir. En société traditionnelle kongo, par exemple, existe ce qu’on appelle la « questions aux morts » grâce à une technologie nommée (le tipoyi) . Chez les Mbochi de Théophile Obenga et Jérôme Ollandet ça s’appelle « la question aux esprits. » Ces systèmes juridiques féodaux sont dit-on infaillibles.

Dans le système du tipoyi, soumis à la question, le mort peut démasquer celui qui l’a envoyé dans l’au-delà.

PAKO PRESIDENT PAR DEFAUT

La Justice française, la famille de Pako, ses amis, eux-mêmes divisés en deux camps, ses ennemis (parmi lesquels ses parents adoptifs d’Oyo) se tuent à tirer chacun pour soi la dépouille de l’homme qui pourrait être appelé dans l’absolu Président du Congo. A titre posthume. C’est le vainqueur par défaut des présidentielles de 2021 étant donné que Sassou n’aurait jamais fait le poids face à Guy Brice Parfait Kolélas dans un duel régulier transparent. Sassou fait l’objet d’un puissant phénomène de rejet absolu auquel adhèrent mêmes ceux de son propre camp.

LE SYNDROME DES TSHISEKEDI

Kolélas fils est plus dangereux mort que vif. Autant dire que les ennuis de Sassou, une année après la mort de son adversaire, ne font que commencer.

Vous pensez à Tshisékédi-fils devenu Président après que la dépouille de son père a été conservée plus d’un an dans une morgue en Belgique ? Nous aussi. On pense aux enfants de feu le fils de feu Bernard Bakana Kolélas. Autrement dit Chrystel Nguesso futur successeur de son Empereur de père n’a qu’à bien se préparer car il y a d’autres héritiers qui ont des comptes à régler, des honneurs à défendre. Les Corses appellent Vendetta les contentieux légués par des générations passées. La Bible dit que ça peut se régler sur au moins douze générations. Autant dire que ce sont des conflits à vie ou à mort.

LA SCENE DU CRIME

D’un côté le Ministère français de la Justice, et de l’autre les Congolais divisés en deux groupes : 1°- la famille biologique soutenue par des inconditionnels, 2°- la famille politique, composée de militants et de combattants.

Début la scène 1, acte 1. Le 10 janvier 2022, l’ambiance a été morbide, lugubre et sordide au Palais de Justice de Bobigny, où les fans et les fous se sont étripés dans la salle des pas perdus. D’un côté, le Juge, Ponce Pilate, s’est lavé les mains, c’est-à-dire a renvoyé au lendemain la patate chaude du verdict. On parle du 14 janvier 2022, autant dire que l’affaire est envoyée aux Calendes grecques, expression qui signifie quelque chose qui n’existe pas, qui n’arrivera jamais.

BUFFET FROID

Une fois de plus, la Justice française, à son corps donnant ou défendant (c’est selon), a jeté, le corps du délit en pâture à la vindicte congolaise, une façon de dire « Démerdez-vous, affaire classée ». Non-évènement, épiphénomène...

Pourquoi ne pas trancher dans le vif du sujet depuis une année que PAKO est mort ? Il y a toujours anguille sous roche dans la façon de bosser de la Justice française quand il s’agit d’« affaires africaines. » Notamment lorsqu’il y a (c’est le cas de le dire) des cadavres dans le placard.

Que ce soit les 356 Disparus du Beach dont un auteur du massacre, un gros poisson capturé en France, Jean-François Ndenguet, fut exfiltré nuitamment de la prison de la Santé sous Jacques Chirac ; que ce soit l’affaire des Biens mal acquis (BMA) dont les principaux criminels proches du dictateur congolais Denis Sassou-NGuesso sont connus mais jamais arrêtés, que ce soit, en l’occurrence, l’affaire Guy Brice Parfait Kolélas, une affaire ténébreuse, difficile de compter sur la Justice du pays des Droits de l’homme, la France ; traîné devant la Justice, le gouvernement congolais s’en est toujours tiré à bons comptes. Jamais bousculé, jamais condamné, jamais contraint à des dommages et intérêts, toujours choyé, cajolé, pouponné. Comme Al Capone au temps de la prohibition qui avait avocats, journalistes et policiers sous sa coupe, l’Etat voyou du Congo nargue tout le monde, jusqu’au jour où il commit une erreur bête avec le fisc.

Ces alibis bidon pour ne pas donner du fil à retordre aux Républiques bananières, dans la langue de bois de la françafrique, ça s’appelle « souveraineté nationale », « non ingérence », « immunité diplomatique », « contrats pétroliers », « intérêts de la France » et tutti quanti .

Pour le dire autrement, Sassou manipule à souhait les Congolais, les gouvernants français, tout le monde, le monde entier grâce à son butin de guerre c’est-à-dire l’argent du pétrole (estimé à des milliards de dollars) et, constat amer, la France n’a jamais rendu justice dans une seule affaire concernant le Congo de Sassou. Ceci explique cela. « Les hommes politiques français adorent aller se faire corrompre en Afrique. » disait si bien le politologue et homme politique congolais Jean-William OTTA. Le dernier corrompu en date : Eric Zemmour. La corruption est le talon d’Achille de la Coopération française en Afrique.

COUPS DE POING

A la sortie du Palais de Justice de Bobigny, dans le hall du Palais, les amis de YUKI d’un côté (les Faye Monama), les amis (Rostel Bakoua) et la famille biologique de PAKO de l’autre en sont simplement venus aux mains. « Ils ont fait le coup de poing ».

Sassou a du boire du petit lait. Allez savoir si ce n’est pas lui qui a contribué à la zizanie dans la salle des pas perdus en payant des provocateurs. Candidat malheureux à la députation au Congo, efficace agent de sécurité, homme à tout faire, le fameux Rostel Bakoua est un professionnel de l’infiltration. Tantôt il est amoureux du régime Sassou, tantôt il le combat. Partout où il passe, la paix trépasse.

LES DEUX POSITIONS

La mort dans l’âme, les premiers (Faye Monama, Pasteur Noumazalaye) veulent une autopsie, les seconds (Bakoua et compagnie) veulent une inhumation illico presto. Ces derniers déplorent l’acharnement du bistouri sur le corps du défunt que les premiers appellent de leurs vœux. « Ca abime le cadavre » pleurent ceux qui soutiennent la deuxième position.
Certes, mais la vérité n’a pas de prix.

De leur côté, les amis de YUKI accusent la famille de vouloir enterrer la dépouille en même temps que la vérité. On condamne aussi leur morgue et la condescendance de la famille biologique dans sa façon d’agir, de se présenter et de se représenter.

LA VERITE RIEN QUE LA VERITE

Car de l’avis de tout le monde (famille élargie comprise) on cache la vérité sur ce qui s’est réellement passé le 21 mars 2021, jour où Guy Brice Parfait Kolélas est mort à Brazzaville ? Est-il mort dans l’avion médical en partance pour Paris ? Sur le tarmac de l’aéroport du Bourget ? On ne sait exactement où ?
Ca fait beaucoup de questions et trop de réponses.

Selon le rapport d’autopsie PAKO serait décédé à la suite d’une « insuffisance cardio-respiratoire due à une pneumopathie diffuse sévère bilatérale compatible avec la constatation médicale congolaise de la covid-19, la contamination au virus Sars-Cov-2 étant confirmée par la virologie moléculaire » (sic)

Une conclusion que la famille biologique et la famille politique (à l’exception de la famille adoptive de Mpila) contestent.

POISON

Quand on imagine la célérité avec laquelle le monde médical ordonnait l’inhumation des victimes du Covid au début de la pandémie, la dépouille de PAKO serait une exception qui confirme la règle, c’est-à-dire, Kolélas-fils est mort d’autre chose : par exemple de l’assiette roumaine, l’empoisonnement.

Pour les covido-sceptiques, le mensonge doit être autopsiée. Cela signifie que Sassou a quelque chose à avoir dans l’assassinat du fils de feu Bernard Bakana Kolélas, fils dont lui, Sassou, était le père adoptif à la mort du père réel. Last but not the lest, Pako a commis le crime de lèse-majesté, le crime suprême : il a humilié Sassou en le défiant dans une compétition politique où « l’infatigable empereur » avait l’assurance de mordre la poussière.

Firmin Ayessa, un fidèle de Sassou, donnera le ton en lançant sa fameuse fatwa en lingala contre l’insolent Kolélas : « O ko mela mayi na kania » (Tu vas le payer).

On connaît la suite.

LARMES DE CROCODILE

Pourquoi se tuer de dire que c’est le Covid qui a emporté PAKO. Pour vite clore le dossier ? Sassou le père adoptif a déjà fait le deuil. En un temps record. Personne ne peut jurer avoir vu les larmes couler sur les joues de Sassou à l’annonce de la mort de PAKO. Des larmes de crocodile. Or tout le monde avait vu le torrent de larmes sur les joues de L’Empereur à l’annonce du décès d’Edith Lucile Bongo née Sassou (la soeur par décret de PAKO). Pour Mpila, PAKO est une affaire classée. La vie continue. Il faut tourner la page.

C’est ici le lieu de re dire que l’affaire Kolélas ne fait que commencer un an après son empoisonnement, la veille d’une élection qu’il avait toutes les chances de remporter à 100%.

S’il ne s’agit pas du Covid, qui donc a administré le poison à Kolélas ? Le mode opératoire est typique de Mpila. On peut supposer comme dans un roman d’Agatha Christie que le venin mortel a été inoculé par un proche. On connaît la formule : « Garde moi de mes ennemis, mes amis je m’en charge. » ou alors « mes ennemis me chargent, les amis se chargent de moi. »

LE PECHE ORIGINEL

Comme dans la mythologie, l’épouse de Samson est la personne par laquelle la trahison était entrée dans sa maison. La vie de Samson ne tenait qu’à un cheveu. Sa femme vendit la mèche. Samson fut tué, trahit par sa femme.

Dans une mythologie contemporaine, vous pensez à qui ? Au couple Marien Ngouabi ? Bingo ! Céline Ngouabi, Larie, a été considérée comme le maillon faible dans la chaine de sécurité de son époux le 18 mars 1977. Marien Ngouabi était Kouyou, Céline Kongo. La preuve de la trahison de Céline ? Elle tomba enceinte de Sassou le supposé tombeur de son mari.

Dans le couple Pako, voyons qui va chausser les chaussures du mort. Les veuves joyeuses qui gravitent dans le champ adultérin de Sassou sont hélas légion.

Depuis le Jardin d’Eden, par quel conjoint du premier couple le péché est-il entré dans le monde si ce n’est la femme ?

Tout ceci, je vous l’accorde, est antiféministe.

Lambert MANOUANA

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