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Ma Bouesso

Le 15 août : une aubaine pour la voyoucratie congolaise

Afin d’éviter le variant Algérien de la décolonisation, De Gaulle décide de se débarrasser de ses colonies noires. Il dépêche en 1960 à Brazzaville son Ministre de la Culture, l’écrivain André Malraux (auteur de « La Condition humaine »). L’objectif est de discuter la date de l’indépendance avec l’Abbé Fulbert Youlou. Ce dernier, homme d’Eglise et maire de Brazzaville, est fervent admirateur de la Vierge Marie, mère de Dieu.

ASSOMPTION

La date patronale du 15 août 1960 est choisie par Youlou. « Pourquoi ? » s’enquiert A. Malraux. « Je veux mettre mon pays sous la protection de L’Immaculée Conception » , justifie le prélat congolais.

Figure emblématique de la guérison des personnes qui souffrent, Marie la mère de Jésus a fait ses preuves dans la mystique de l’adoration et des miracles. La France Fille aînée de l’Eglise, protégée également par la grande Dame est un vaste champ d’Ex-Voto dédiés à cette entité supérieure qu’on voit déjà à l’œuvre dans Jean 2 aux Noces de Cana quand elle intime son Fils Jésus de changer l’eau en vin. Youlou saisit l’opportunité de mettre son pays sous la protection de la Mère à l’enfant Jésus.

LES TROIS GLORIEUSES

Youlou crut bien faire en plaçant la condition humaine des Congolais, enfin indépendants, sous l’égide gnostique de la Dame de Lourdes, patronne de Bernadette Soubirou.

Mais c’était mal connaître ses compatriotes pétris de marxisme et imbus d’idéologies révolutionnaires. Trois ans à peine après la proclamation de l’Indépendance, le vin de la liberté a un goût amer. Youlou est chassé du Pouvoir en 1963 par des syndicalistes ivres de colère qui l’accusent de kleptomanie monomaniaque. « Youlou a tout volé » chantent les révolutionnaires dans un syncrétisme bolchévik-marseillais.

Le film de sa chute est un court-métrage haut en délires qui dure trois jours. En 1963, hasard ou nécessité, la fin de l’épisode youliste coïncide avec la date symbolique de la fête de Marie, le 15 août, fête catholique de l’Assomption.

Epilogue d’un exercice politique mal loti : les 13, 14 et 15 août 1963, Youlou fait son assomption vers la poubelle de l’histoire.

Du coup, ses successeurs, opportunistes avisés, jouent double-jeu. Depuis l’épopée des 3 Glorieuses, Dieu seul sait s’ils célèbrent la Révolution ou s’ils commémorent l’Indépendance ou s’ils font d’une pierre plusieurs coups foireux.

Philosophe, Youlou, avant de quitter la scène, fait une prophétie lapidaire où le Congo est promis à un destin de forçat portant une pierre sur la terre sans coussinet pour amortir la charge. C’est le fameux oracle « Tadi dia lembo nkata » qui revient comme un refrain chez les nostalgiques de Monsieur l’Abbé chaque fois que le PCT serre le joug autour de leurs maigres cous.

QUID LE 15 AOUT ?

Que fête-t-on en fait le 15 août ? Difficile de faire la part des choses quand, depuis Joachim Yhomby Opangault, en passant par Lissouba, on voit le contraste entre le faste des festivités et le misérabilisme dans lequel vivent les Congolais après l’espoir d’améliorer leurs conditions humaines depuis l’accès à l’Indépendance.

Après cette liberté acquise, jamais les chaînes de l’esclavage n’ont été aussi douloureuses. De Gaulle se doutait bien qu’en accédant à la liberté ces pays ne perdaient rien pour attendre. Ce qu’il donnait de la main droite L’Homme de Brazzaville le reprenait de la main gauche. Grâce au réseau de la françafrique, L’homme du 18 juin, savait qu’il pouvait compter sur des loups indigènes transformés en chiens de garde des intérêts coloniaux. En effet de ses propres aveux, la France n’a que des intérêts, pas d’amis.

Sassou est l’un de ces pit-bulls chargés de veiller au grain.

Le pouvoir de Sassou vieux d’une cinquantaine d’années est une franc-maçonnerie politique qui recrute ses membres dans la seule ethnie Mbochi d’Oyo. Le 15 août est la fête de cette mafia made in Tsambitso.

Youlou avait tout volé, la Camorra d’Oyo a tout nettoyé.

O MARIE SI TU SAVAIS

La Vierge Marie aux pieds de qui l’Abbé Fulbert Youlou déposa le destin de sa Nation est pourtant la Mère de tous les affligés de la Terre. Mais les Chrétiens de la Synagogue de Satan en ont décidé autrement. Dans l’Evangile déjà l’appât du gain anime ces archétypes de la mécréance. Ils piochent dans le tronc.

On comprend alors pourquoi Jésus fabriqua un fouet et chassa les marchands du Temple. « Vous avez fait de la maison de mon Père un lieu de commerce. » Marchands de pigeons, de bœufs et d’objets de piété se tordirent sous la chicotte du Christ.

Les serviteurs de Dieu des temps modernes n’ont pas fait leur acte de contrition. Accusés de vendre des messes de « Requiem » à 100 milles balles le culte, les prêtres catholiques Congolais ont curieusement reçu un soutien aveugle d’anciens séminaristes (Congo-liberty) . De toute évidence, leur chef, Mgr Milandou semble aux antipodes de la théologie de la Libération et de l’inculturation consistant à intégrer le kimuntu dans la liturgie congolaise.

L’homme de Kentucky, le Prophète William Marion Brahman, n’est pas allé de main morte en traitant l’Eglise de Rome de « Grande prostituée. » Sassou s’est mis la plupart des curés dans sa poche.

LES BEATITUDES DU BOULEVARD

Le discours rituel du 15 août sur le Bd Alfred Raoul est digne des pharisiens, race de vipères qui fait penser au PCT. Chaque année le Prince des Ténèbres alias Sassou impose un fardeau que lui-même et sa tribu-classe Mbochi d’Oyo évitent de porter. Ras le bol de ces discours de boulevard qui tiennent du Sermon sur la montagne où les béatitudes sont des promesses faites, jamais tenues. Des chimères.

Cette année 2021-2022, la chaîne des promesses utopiques va s’allonger. Par exemple cette agriculture (priorité des priorités depuis des lustres) où la moisson ne foisonnera jamais si ce n’est par l’intermédiaire d’une aubergine photoshopée sur une pancarte dressée au...Bd des Armée depuis les années 1980.

Et dire que le Congo est un pays à vocation agricole où sont sensés pousser des safous, du manioc...

EN CE JOUR LE SOLEIL SE LEVE

Mais bon, nous attendons la parousie. Esquissons une lecture apocryphe des Noces de Cana. Le bon vin dans la tradition des noces juives se sert au début tandis que le vin aigre est donné à la fin, quand les invités sont ivres. L’histoire du Congo a d’abord tiré le mauvais vin. A quand le bon vin : le bon tcham tcham ? « Biso anso le dza lé nwa, lé bina ». Alors on chantera avec ivresse le véritable chant de la liberté. Sans Sassou. Congolais, debout, fièrement partout.

T. Oko

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