L’hedomadaire "Jeune Afrique" ne veut plus être intelligent !

L’hebdomadaire Jeune Afrique - qui en est aujourd’hui à sa 46 ème année - peut se vanter d’être l’un des plus anciens organes de presse qui traitent des problèmes du continent africain. Il a été créé à Tunis le 17 octobre 1960 - pendant ce que nous appellerons avec Kourouma les soleils des indépendances... Toutefois, la préoccupation de cet hedomadaire a été depuis ces dernières années de s’ouvrir à "l’international". Est-ce dans cet esprit que le qualificatif "intelligent" fut rajouté au nom emblématique Jeune Afrique il y a six ans, à la grande stupéfaction des lecteurs ?
Et comme me le rapportait un vendeur de journaux aussi bavard que ma concierge : il y avait déjà L’Idiot International, et voici que nous avons désormais

"L’intelligent"... En plus, le nom "Jeune Afrique" apparaissait tout petit sur la couverture de l’hebdomadaire, tandis que la nouvelle appellation d’origine incontrôlée, "l’Intelligent", crevait les yeux avec sa couleur jaune or. On en était à se demander si l’idée de ce magazine n’était pas de s’éloigner du nom Jeune Afrique, d’entrer dans une espèce de neutralité. Certains ne lisait plus Jeune Afrique, mais L’Intelligent !

L’intelligent ? C’est certain que cela paraissait presque comme une vanité de la part de ce magazine malgré les louables explications du Président-Directeur général, directeur de la publication, Béchir Ben Yahmed.
C’est en effet lui-même qui décida que l’hebdomadaire ait désormais pour nom Jeune Afrique/l’intelligent.
Il revient aujourd’hui sur ses raisons, et on peut les lire dans la dernière livraison du magazine (numéro 2355) désormais modestement appelé Jeune Afrique avec un sous-titre qui coupe court aux débats : Hebdomadaire africain et international indépendant. Béchir Ben Yahmed tient un éditorial devenu légendaire et intitulé "Ce que je crois". Et dans cet éditorial, voici comment il explique cette hoistoire de changement de nom de son hebdomadaire :

"Il y a six ans, nous avons osé ce que nous-mêmes, à l’époque, avons appelé une audace. Nous nous sommes imposé - et plus grave, nous vous avons imposé - le changement de titre de notre... hebdomadaire./.../ Jeune Afrique est devenu Jeune Afrique/l’intelligent. Cela s’est fait à mon instigation, mais je vous prie de le croire, ce n’était pas par lubie ni caprice".

Et pourquoi alors revenir six ans après à l’ancien nom Jeune Afrique ? Béchir Ben Yahmed répond avec conviction :

L’ancien Jeune Afrique

"L’attachement viscéral au nom mythique "Jeune Afrique" est demeuré très fort. Je constate comme tout un chacun que la décison mise en ouevre il y a six ans n’a pas rallié vos suffrages et n’a pas donné les résultats que nous escomptions. Il nous faut donc nous résoudre à l’annuler. Sans pour autant revenir au statu quo ante, car en six ans, votre journal s’est modifié pour devenir africain et international"

Ce qui est intéressant c’est que Béchir Ben Yahmed a reconnu son erreur. Et il est toujours pathétique de voir un grand chef passer à confesse, illustrer la faillibilité humaine. Et pour que cela soit très clair et définitif, le responsable de l’hebdomadaire convoque la sagesse chinoise :

"... car je suis, et cela depuis des décennies, le modeste

B. Ben Yahmed

disciple du grand Deng Xiaoping, fondateur de la Chine moderne..." Deng Xiaoping qui énonçait les préceptes suivants :

"Il faut essayer d’aller lus loin si on voit que c’est bon. S’arrêter, revenir en arrière si l’on s’aperçoit qu’on s’est trompé. Mon premier principe est de ne pas craindre de faire des erreurs ; mon second est de les corriger dès qu’elles apparaissent".

Bon, espérons que ce coup va passer et que Jeune Afrique ne va pas une fois de plus rallonger son nom...