« Ce qui nous unit, c’est l’esprit de la civilisation, des civilisations par quoi se définit la culture. C’est l’esprit qui est raison et imagination, liberté créatrice »
Léopold Cedar Senghor , inauguration de l’université de Dakar .
Les circonstances sont sans doute légèrement différentes ; mais les objectifs sont les mêmes. Nous sommes nous aussi entrain de participer à une renaissance : celle de la culture en général, celle du théâtre en particulier. N’est-ce pas cet esprit de corésurection, de copénetration, de compréhension qui nous réunit ce soir ?
Nous avons en effet, choisi de vous parler du théâtre, cet art qui situe et définit le monde, il traduit la totalité des manifestations de la vie. Nous voulons vous entretenir du théâtre parce que comme disait Césaire « C’est un art qui est très bien reçu par le peuple des pays sous- développés. C’est pour eux un langage extrêmement direct. Il y a un besoin, une faim de théâtre en Afrique. ».
Il me parait d’abord comme essentiel de valoriser la fonction de l’art africain, plus précisément du théâtre un des aspects essentiels de la culture…
Fondement de culture, le théâtre peut être considéré comme une pédagogie de prise de conscience.
C’est un univers d’images et l’image est signe et signification ; message et communication.
– Il est d’abord un lieu géométrique de tous les art : chant, danse, geste, parole : il est donc l’expression du mouvement, il est alors musique c’est-à-dire rythme ; c’est-à-dire la réalité essentielle de chose qui animes et explique l’univers ;
– Il est geste, c’est-à-dire communion avec l’univers cosmique : source d’émotion,
– Il est parole ; cela veut dire force vitale, germe générateur.
– Il est en suite et surtout notre journal télévisé.
– Et enfin, le théâtre est dans la société communautaire un moyen de sédimentation, il informe, il forme, il est source de culture et de pédagogie de prise de conscience
Comme dans la plupart des ex-colonies, la république du Congo n’avait, jusqu’au milieu du siècle dernier, qu’une littérature d’expression orale, avec pour principaux genres : le chant, la danse, l’épopée (par le biais des griots), le conte et les proverbes.
La première forme du théâtre congolais joué puisait tous ses outils d’expressions et sa thématique dans ces différents genres. C’était à intérêts éducatifs, moraux et spirituels.
Voyons à présent quelles forme d’expression et instruments qu’utilisait ce théâtre.
– Le Tam-tam et le Tambour : c’était les principaux moyens de communication utilisés par les premiers congolais, selon la science de l’utilisateur, les sons qu’émétisent ces instruments étaient différents et les initiés n’éprouvaient point des difficultés pour interpréter les messages ainsi transmis ; c’était pour nos aïeux le téléphone et le radio. C’est deux instruments sont encore utilisées jusqu’à nos jours.
– La Sanza (sorte de guitare qui émet des sons à partir lattes fixées sur un morceau de bois plat et taillé de façon à être dans les deux mains)
– La Flûte et corne : (souvent celles du buffle ou d’antilope) sont des instruments a souffle qui servait aux cérémonies rituelles et aussi à l’envoie des messages.
– Le Tchikounda : pour les cérémonies d’initiations et des rituels.
Les accessoires qu’ils utilisaient.
– Le chasse mouche : fabriquer a l’aide des brindilles de palme ou en queue d’animal
– Le Bâton de commandement : il représentait le pouvoir royal ou un degré donné de l’autorité communautaire.
– Le Tipoyé : moyen de transport utilisé pour le transport d’un roi ou d’un dignitaire.
– Le Raphia : pagne représentant plusieurs aspects
– Le pot en argile : pour le transport et la conservation de l’eau,
– Panier en liane : pour le transport des récoltes et autres aliments,
– La corbeille forme de nasse : pour la pêche
– La Gibecière : un four tout, fabriquer a l’aide d’une peau d’animal,
– Les Flèches et carquois : pour la chasse.
Comme maquillage ils utilisaient :
– Le Toukoula
– Le Mpeso ;
– Le Ngounda
Nos civilisations ancestrales se distinguent aisément par la forme et la manière dont étaient fait certains objets d’usages courant tant dans les arts que dans l’artisanat.
Le théâtre classique congolais tire ses origines de la commedia del arte Italienne (théâtre d’intervention et de sensibilisation) ; les premiers acteurs congolais se sont inspiré de ce théâtre italien.
Ainsi ; au tour des années 40, une forme de théâtre voit le jour dans les églises et dans certains lieux publics (les saynètes)
Après les indépendances, dans les années 60, une autre forme de théâtre voix le jour avec le théâtre national en jouons des pièces comme : (la marmite de Koka mbala) de Guy Menga, (l’Enfer c’est orféo), de Sylvain Mbemba, (l’Europe inculpée), (Les Ariens) et (La Femme infidèle) de Letembet Ambily Antoine, (Matricule 22) de Lhony Patrice…
Nous retrouvons chez tous les auteurs du théâtre congolais de cette époque l’envie de rendre l’art total, depuis les indépendances, le théâtre classique congolais a bien évolué par ses thèmes et ceci est très significatif.
Autour des années 70, une nouvelle vague des auteurs et acteurs monte en flèche : Sony Marcel dit (Labou Tansi) crée l’une des premières troupes de théâtre privée « le Rocado Zulu » il écrit, crée et joue ses propres pièces comme : (Conscience de détracteur)… Il commence à tourner ces pièces en Europe et dans le monde.
Sony et le Rocado Zulu ont mené la premier révolution théâtrale congolaise jusqu’en 1998 année a laquelle, Sony rendait l’âme
Parmi les plus grands révolutionnaires au Congo nous pouvons citer les Centres Culturels Français qui ont joué un très grand rôle en commençant par organiser les compagnies, en organisons des stages et des formations pour les artistes, en leur offrant des tournées. La plus grande contribution des CCF à cette révolution est qu’ils ont doté les deux grandes villes du pays d’ infrastructures fiables aux normes professionnelles : les salles André Malraux et Pierre Savorgan à Brazzaville et La Pagode à Pointe-Noire.
A Pointe-Noire l’année 1991 était l’année de la grande révolution théâtrale et artistique le CCF et la Mairie de Pointe-Noire mettent en place un centre de formation dramatique : l’atelier Punta Negra sous la direction de Christian Fleistz.
Les troupes de théâtre tant scolaires que religieuses ou professionnelles éclosent de toute part. Elles entrainent une dynamique de mise en place d’espaces culturels eux même générateurs de festivals.
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Des années 40 à nos jours, nous pouvons distinguer trois périodes évolutives du théâtre congolais :
– Premier courant : des années 40-50 ; c’est l’époque du théâtre traditionnel (masques, rite, rituels) encore sacré mais avec un jeu qui s’autonomise.
– Deuxième courant : des années 60-80 ; c’est la période du théâtre populaire (culte de la personnalité des hommes politiques et religieux…)
– Troisième courant : des années 90 à nos jours ; c’est la période du théâtre engagé.
Nous sommes toujours dans l’optique de l’art traditionnel qui se définit comme le reflet des actes de la vie quotidienne. Cette conception moderne du spectacle lui donne d’autres dimensions et d’autres significations. Donc contemporain.
Ici, désormais, l’expression devient plus libre et le théâtre devient tantôt gestuel que verbal, tantôt verbal que gestuel, mais presque souvent plus gestuel. C’est un acte de réhabilitation ; il veut par la redonner à la culture a la fois ses richesses profondes et sa nouvelle place dans la société contemporaine. Pour l’artiste, il est question de créer les œuvres nouvelles en partant des danses populaires : un langage plus complet qui met en œuvre tout le corps, je dis bien tout le corps : tête, buste, bras et jambes.
Tout les arts : Poésie, chant, danse, musique, peinture et sculpture doivent avoir un caractère plastique et musical en même temps par l’image visuelle et l’image sonore, intimement liées.
Il s’agit de donner la preuve que les œuvres anciennes sont susceptibles d’être exploitées pour des causes nouvelles et profondes susceptible de s’intégrer au monde moderne.
Le théâtre est du point de vu éthique un acte de fidélité qui ne signifie pas repli sur soi-même, mais plutôt une ouverture sur la conscience du monde et en même temps le sentiment d’une personnalité africaine, d’une oeuvre, d’une continuité à assumer. Car un peuple qui ne peu se lire est un peuple menacé,
Un peuple qui ne peut s’entendre pour mieux être à la fois soi-même et autrui, c’est-à-dire disponible au monde, est un peuple condamné. Parce que la connaissance de ses propres valeurs est la voie la plus sûre pour accéder à la culture universelle.