Le drapeau français a failli être brûlé à Brazzaville

Le drapeau français a échappé de justesse aux flammes du PCT (dans tous les sens du terme). Comme au Moyen-Orient quand, pour exprimer leur ire, les Palestiens s’en prennent à un très haut symbole israélien, Brazzaville a été à deux doigts d’incinérer la bannière tricolore par de prétendus nationalistes ivres de colère.

Montée au créneau quotidienne

Ca n’arrête plus. Il ne se passe pas de jours sans que le parti unique, le PCT, ne fasse parler de lui depuis que son patron, Monsieur Denis Sassou Nguesso, a été, selon eux, "humilié" par le Parquet de Paris suite à la plainte pour biens mal acquis. Le PCT (Parti Congolais du Travail) qui a pris la tête du comité de soutien du chef de l’Etat congolais ( "l’homme au 119 comptes bancaires" (sic)) ne manque pas de ressources, si on ose dire, "intellectuelles". La dernière en date est l’appel lancé pour une manif devant l’Ambassade de France à Brazzaville, avec, en prime, le projet de brûler le drapeau de ce pays qui a eu l’outrecuidance, ô crime de lèse majesté, de s’en prendre à Denis Sassou-Nguesso comme si (toujours selon eux) ce Président était du genre à habiter un taudis en France. Pourquoi, s’insurgent les amis de Sassou, pourquoi ne s’en prend-on jamais aux princes des Emirats Arabes qui, eux aussi, possèdent (si ce n’est pire) des biens meubles et imeubles en Hexagone ? "Néocolonialisme !" hurlent en choeur les camarades du Parti Congolais du Travail. "Deux poids, deux mesures !" s’indignent les partisans.

Marche-arrière

Comme le ridicule peut tuer, les partisans de cet autodafé emblématique ont finalement fait marche arrière. La manif a été annulée. De guerre lasse, nos patriotes estampillés « PCT » se sont rabattus au Palais des Congrès pour un meeting en salle où chaque orateur a rivalisé en slogans hostiles au pays de Sarkozy et en petites phrases de soutiens indéfectibles à Denis Sassou-Nguesso. Marche-arrière.

Seulement voilà : cette montée au créneau du comité centrale du PCT ne recueille pas l’adhésion des populations qui, dans l’ensemble, ne sont pas mécontentes qu’enfin les crimes financiers du régime soient dénoncés.

Aussi, pour faire salle comble, nos cadres du Parti ont payé des figurants moyennant la bagatelle de 5.000 fcfa. Mais même pour le casting ils n’ont pas trouvé de Congolais de « chez nous  ». Aussi, nos metteurs en scène se sont rabattus sur des « acteurs  » de la RDC, nombreux à Brazzaville. Ces comédiens originaires d’outre-fleuve ont d’autant plus facilement donné leur accord qu’ils font régulièrement l’objet d’une chasse à l’homme par la police du général Jean-François Ndeguet qui se fait un malin plaisir de les expulser à Kinshasa pour une raison ou pour une autre. On comprendra alors les raisons pour lesquelles fusent dans ces meetings pro-Sassou des chansons d’origine rdécéenne dédiées, jadis, à Mobutu, un autre champion des biens mal acquis. Du reste, depuis le coup de massue reçu par Sassou, l’espoir renaît chez nos frères d’en face de recouvrer les avoirs de feu le maréchal gelés par les Banques Suisses.

Parmi les plus prolixes et très virulents orateurs qui fustigent la France, figurent les Oba Apounou, Ngakala, Mamadou Dékamo et l’inévitable Isidore Mvouba (Mwana Ouénzé) dont la formule « le chien va mordre » semble faire recette, ce qui, sur le plan symbolique, traduit la férocité desdits militants ainsi que leur servilité. Dans cette production rhétorique, visiblement, c’est à qui flattera le plus le Roi de Mpila. Et à force de trop en faire, on en arrive à des attitudes intégristes d’un autre âge.

Télé-Congo désormais suivie dans toute l’Afrique donne une idée des effets de la décision de justice française sur nos compatriotes. « On se croirait en Corée du Nord  » a constaté un Guinéen frappé par la tonalité des « débats » à Brazzaville.

Cet Africain a résumé par cette formule lapidaire l’incroyable niveau de médiocrité atteint par le Congo de Sassou.

Dieu, ce pays fut pourtant le quartier latin d’Afrique ! Le voilà devenu la catin du continent.