Liban : raids israéliens meurtriers, efforts redoublés pour une trêve

Au 31e jour de l’offensive israélienne au Liban, les chasseurs bombardiers ont pilonné le nord, l’est et le sud du pays, de même que la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah libanais chiite, visée par une série de raids intenses. Douze civils ont été tués, selon la police.

Les combats se sont poursuivis entre le Hezbollah et l’armée israélienne qui progresse au Liban sud en vue d’y instaurer une zone de sécurité, destinée à éloigner de sa frontière nord les combattants chiites qui lui opposent une forte résistance et continuent de tirer des roquettes sur Israël.

Témoignant de la volonté de parvenir rapidement à un accord sur une résolution pour arrêter la guerre, le ministre français des Affaires étrangères Philippe Douste-Blazy se rend dans la journée au siège de l’ONU à New York, de même que « plusieurs autres de ses homologues » selon son ministère.

Parallèlement, l’émissaire américain David Welch, effectuant sa troisième visite en une semaine à Beyrouth, a rencontré le Premier ministre libanais Fouad Siniora qui a ensuite fait état de progrès « centimètre par centimètre » pour parvenir à un projet de résolution à l’ONU satisfaisant pour le Liban.

Perdant patience devant la prolongation des tractations diplomatiques, la Russie a déposé un texte très court devant le Conseil de sécurité, dont il vise l’adoption vendredi, appelant à « une cessation immédiate et complète des hostilités pour une période de 72 heures, pour raisons humanitaires ».

Israël s’est dit opposé au projet russe, son ambassadeur à l’ONU Dan Gillerman estimant qu’il « permettrait au Hezbollah de reprendre ses forces et de se réorganiser ».

L’ambassadeur des Etats-Unis à l’ONU, John Bolton, a également fraîchement accueilli l’initiative russe, affirmant que son pays et la France tentaient de trouver une solution « permanente et durable ». Il a fait état de « points non résolus » et précisé que les efforts reprendraient vendredi.

L’essentiel des discussions porte désormais sur la date et les modalités d’un retrait des troupes israéliennes du Liban sud et de leur remplacement par l’armée libanaise, en coordination avec la Finul (Force intérimaire de l’Onu au Liban), selon les diplomates.

La France a proposé un aménagement du projet initial suggérant qu’il prévoie un retrait graduel des forces israéliennes et leur remplacement progressif par l’armée libanaise. La première mouture a été rejetée par le Liban car elle ne prévoyait pas de retrait immédiat israélien après une trêve.

Selon une source proche des négociations, le Liban veut que les 15.000 soldats qu’il souhaite déployer au sud après un départ israélien soient épaulés par la Finul et non par une nouvelle force internationale. Il accepterait l’idée d’un renforcement du mandat et des effectifs de la Finul mais refuse qu’il soit régi par le Chapitre VII de la Charte de l’Onu, qui permet l’utilisation éventuelle de la force.

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert s’est quant à lui montré prudent. « Les propositions sont intéressantes mais soulèvent encore beaucoup d’interrogations », a-t-on indiqué auprès de la Présidence du Conseil. Un haut responsable s’est inquiété que « l’accord en vue ne prévoit pas le retour des deux soldats enlevés » le 12 juillet par le Hezbollah à la frontière, un acte qui a déclenché le conflit.

En attendant un aboutissement des efforts à New York, Israël a repris ses raids aériens au Liban, bombardant ponts et routes dans le sud, l’est et le nord, près de la frontière avec la Syrie, ainsi que la banlieue sud quasiment en ruines.

La veille, des tracts ont été largués par avion sur Beyrouth, demandant aux habitants de trois quartiers de la banlieue sud relativement épargnés, de les « évacuer immédiatement ».

Dans les secteurs frontaliers au Liban sud, des colonnes de blindés israéliens ont progressé de sept kilomètres en territoire libanais et les combats continuaient dans le secteur où un soldat israélien a été tué, selon la télévision du Qatar Al-Jazira.

Israël a cependant assuré n’avoir pas encore lancé la nouvelle phase de son offensive destinée à étendre ses opérations terrestres, décidée mercredi par le cabinet de sécurité, pour donner, selon ce pays, une chance à la diplomatie.

Un mois de guerre n’a pas permis à Israël de mettre en déroute le Hezbollah, qui a encore tiré le matin du Liban sud des roquettes qui sont tombées sur Haïfa et le nord d’Israël, où 38 civils ont été tués depuis le 12 juillet. 82 soldats ont péri pendant la même période.

Les Israéliens affirment croire de moins en moins à une victoire sur le Hezbollah et sont de plus en plus critiques sur la conduite de la guerre par leur Premier ministre, selon deux nouveaux sondages.

L’offensive israélienne au Liban a fait plus de 1.100 morts, en majorité des civils, a causé des destructions dévastatrices dans tout le pays et entraîné une grave crise humanitaire avec environ 900.000 déplacés.

La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Louise Arbour a réclamé une enquête de l’Onu sur les attaques contre les civils au Liban et dans le nord d’Israël, avertissant que les responsables pouvaient être poursuivis pour crimes de guerre.

Les organisations humanitaires de leur côté s’alarment des difficultés à acheminer de l’aide aux populations piégées par les combats au sud, et à circuler ailleurs dans le pays, où routes et ponts sont détruits.