RDC : installation de la première Assemblée librement élue en 41 ans

« Je déclare ouverte la première séance plénière de l’Assemblée nationale », a déclaré le secrétaire général de l’Assemblée, Constant Tshiswaka, en présence de 438 des 500 députés élus.

Les députés se sont ensuite levés, souriants pour certains, très émus pour d’autres, pour entonner l’hymne national, qui appelle à bâtir « un pays plus beau qu’avant ».

Cette assemblée est la première institution élue de la IIIe République. Les dernières législatives considérées comme pluralistes ont eu lieu en avril 1965, quelques mois avant le coup d’Etat de Joseph-Désiré Mobutu, qui a ensuite régné pendant 32 ans.

Les députés de la précédente assemblée avaient été désignés, par quotas, au sein des différentes composantes politiques congolaises signataires de l’Accord régissant la transition politique lancée en 2003 en RDC après une guerre régionale de près de 5 ans.

Le secrétaire général a rappelé aux députés la « lourde charge » qui les attend dans un pays marqué par une succession de conflits et de crises de légitimité depuis son indépendance, obtenue en 1960 de la Belgique.

L’Assemblée a ensuite procédé à l’élection de son bureau provisoire, dirigé par le doyen d’âge des députés, Joseph Mbenza Thubi (75 ans).

Après une cérémonie inaugurale d’une heure et demi, M. Mbenza a suspendu la séance et annoncé sa reprise samedi matin pour la création des commissions chargées de la vérification des mandats des députés, préalable au début des travaux de la chambre.

La Mission des Nations unies en RDC (Monuc) a salué vendredi dans un communiqué l’installation de la nouvelle Assemblée comme « un nouveau jalon dans la transition historique vers la paix et la démocratie en RDC ».

Soulignant le « rôle clé » de réformateur des parlementaires, la Monuc a appelé les députés « à adopter le plus rapidement possible des lois essentielles » à la reconstruction du pays, ruiné par des années de guerre (1996-2003) et de mauvaise gestion.

La nouvelle assemblée est dominée par l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP) du président Joseph Kabila, qui affrontera le vice-président Jean-Pierre Bemba le 29 octobre au second tour de la présidentielle. Les troupes des deux hommes se sont violemment affrontées du 20 au 22 août à Kinshasa, où un calme précaire règne depuis.

L’AMP a raflé plus de 200 sièges, essentiellement dans l’est du pays, tandis que le Regroupement des nationalistes congolais (Renaco) de M. Bemba a récolté une centaine de sièges, majoritairement dans l’ouest.

Jeudi, l’AMP a obtenu le renfort conséquent des 34 députés du Parti lumumbiste unifié (Palu) de l’opposant Antoine Gizenga, essentiellement basé dans l’ouest. Le Palu a annoncé son soutien à Kabila au second tour en échange de solides garanties quant à la composition du futur gouvernement.

« Nous allons mettre notre majorité au service des Congolais et du Congo tout entier », a assuré Vital Kamerhe, de l’AMP, promettant une lutte sévère contre « la fraude et la corruption ».

Pour Delly Sesanga (Renaco), « l’action gouvernementale sera contrôlée de manière systématique pour (...) que ce peuple qui a placé en nous sa confiance trouve enfin satisfaction ».

De son côté, le seul député blanc de l’Assemblée, l’homme d’affaires d’origine gréco-portugaise Jacques Chalupa (indépendant), s’est réjoui que les Congolais aient « enfin pu élire les personnes de leur choix ».

Pour Manasse Bashizi, élu du Sud-Kivu (est), « la lutte contre l’impunité va devoir commencer et nous allons nous y atteler ».

« L’est du pays, par où commencent des rébellions, des guerres, devra attirer plus d’attention. Nous sommes là pour que les Congolais vivent à jamais dans la paix », a-t-il lancé, très solennel.

Les députés devront dans les prochains jours élire le bureau définitif de l’Assemblée, tenant compte des grandes coalitions en présence.

A l’issue de cette première session, 23 ministres et vices-ministres, élus députés, disposent de huit jours pour décider s’ils siègeront à l’Assemblée ou s’ils préfèrent se maintenir au gouvernement.

Un remaniement ministériel, probablement le dernier du régime de transition, devrait intervenir dans les jours qui viennent.