Pouvoir congolais et revionniste post-colonial : « Le cas Savorgnan de Brazza »

On pourrait s’interroger gravement sur les objectifs visés par le Congo. S’il y a des priorités dans la reconstruction de Brazzaville, ce monument semble prendre plus de place que l’évacuation des eaux pluviales, mal canalisées, susceptibles, à terme de provoquer des épidémies et des drames incommensurables ; assurément, ce monument apparaît de ce point de vue comme une colossale lubie. (Page 3)

POUVOIR CONGOLAIS ET REVISIONNISME POST-COLONIAL :
« LE CAS SAVORGNAN DE BRAZZA »

Plus qu’une frustration culturelle, priver un Peuple de la connaissance véritable de son Histoire correspond à un Génocide Culturel. Or, en célébrant De Brazza par la construction d’une « pyramide » à la gloire de la colonisation, sans ouvrir au préalable un débat national libre et sincère, durant lequel toutes les composantes nationales s’expriment, le pouvoir actuel de Brazzaville a rompu brutalement la conscience du rapport actif qu’avait le Peuple congolais entre le passé, le présent et l’avenir, autrement dit, une atteinte grave au Devenir Historique du pays.

Avec la « bêtise humaine » matérialisée par les guerres civiles qui ont fragilisé davantage la conscience nationale, personne n’aurait parié un tel rejet massif et unanime des Congolais du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Ainsi, au nombre de plus en plus croissant des anonymes, des politiques, et des acteurs divers de la société civile, les Historiens se sont ajoutés, en s’emparant dorénavant du Débat. Après le Pr Théophile Obenga, qui rejetait avec autorité dans une vidéo diffusée par les sites Congopage et Mwinda , la qualité d’Humaniste abusivement attribuée à De Brazza comme argument ayant présidé à une telle décision par les autorités de Brazzaville, un autre universitaire congolais, l’historien Lecas Atondi-Monmondjo, vient de publier un opuscule (A télécharger en bas de l’article en PDF ou Word), intitulé : POUVOIR CONGOLAIS ET REVISIONNISME POST-COLONIAL : « LE CAS SAVORGNAN DE BRAZZA ».

Opuscule de 36 pages en format A5 (18 pages en format A4), écrit dans un souci de vulgarisation et de pédagogie, cette contribution courageuse contribuera, à n’en point douter, à l’éveil de la conscience historique et nationale du Peuple congolais. Désormais, les apologistes de la colonisation qui ont sanctuarisé De Brazza par ce mausolée, auront du pain sur la planche car l’universitaire Lecas Atondi-Monmondjo est l’auteur d’un mémoire de maîtrise soutenu en juin 1981, à l’Université de Haute-Normandie (Rouen), dont le sujet portait justement sur « L’image de l’expansion coloniale, à travers la presse française du XIXe siècle (de 1880 à 1885) ».

Contrairement aux accusations « d’anachronisme » portées contre l’écrasante majorité des Congolais opposés à cette véritable agression culturelle, Lecas Atondi-Monmondjo balaie tout ça d’un revers de la main car il contextualise son argumentaire en faisant parler la presse française de 1880 à 1885. Ainsi dans les journaux comme « Le Temps, Le Figaro, Le Petit Journal et le Cri du Peuple », les thèmes suivants étaient développés : « De Brazza, le corrupteur, le guerrier » ; « Des traités sans aucune valeur » ; « Brazza ou la diplomatie de la canonnière », sans oublier en annexe, l’intégralité du discours prononcé par le roi Léopold à l’occasion de l’arrivée des pères missionnaires au Congo en 1883.

Au nom de tous les anciens qui ont lutté pour la dignité du Peuple africain tels que Kongo-Wara, Matswa, Boganda, Félix-Tchicaya, Aubame, Opangault, Koumallah, Kikhounga-Ngot, Abel Goumba, nous ne saurons terminer cet article en rappelant les propos de Aimé Césaire sur la colonisation :

« On me lance à la tête des faits, des statistiques, des kilométrages de routes, de canaux, de « chemins de fer.

« Moi, je parle de milliers d’hommes sacrifiés au Congo-Océan. Je parle de ceux qui, à l’heure où « j’écris, sont en train de creuser à la main le port d’Abidjan. Je parle de millions d’hommes « arrachés à leurs dieux, à leur terre, à leurs habitudes, à leur vie, à la vie, à la danse, à la « sagesse.
« Je parle de millions d’hommes à qui on a inculqué savamment la peur, le complexe « d’infériorité, le tremblement, l’agenouillement, le désespoir, le larbinisme ».

Panafricainement,

Hannibal

Revisionnisme_PostColonia l-Atondi.doc
Revisionnisme_P_nial_Aton di.pdf