Entretien avec Jean-Louis Packa, président fédéral du PAD au Kouilou

Jean-Louis Packa, responsable départemental du parti d’Emmanuel Ngouélondélé, nous a apporté quelques précisions sur les actions que le parti compte mener en vue des élections présidentielle de 2009.

YS : Vous êtes aujourd’hui président fédéral du Parti pour l’Alternance Démocratique [1] au Kouilou. Qu’est-ce qui vous a amené à cet engagement ?
J-L.P : Enfant, j’ai trouvé une école, ce n’est pas mon père qui a construit cette école, j’y ai trouvé des enseignants, après j’ai été au collège, puis au lycée. On appelle les diplômes que j’ai obtenus, des diplômes d’Etat. Quand vous avez réussi, votre salaire vous appartient, mais l’instruction que vous avez reçue, vous en êtes redevable à l’Etat. Aujourd’hui, l’Etat m’interpelle et il me paraît normal de répondre à cet appel.

YS : En quoi l’Etat vous interpelle-t-il ?
J-L.P : Il m’interpelle dans le sens où, aujourd’hui, il ne fonctionne plus. Parce que l’Etat Congo n’existe quasiment plus. Les gens ne vivent plus que d’hypocrisie et de mensonge. Je m’élève contre ça. Il n’y a qu’un seul parti qui n’est pas hypocrite du tout, j’y ai adhéré parce que les gens qui s’y trouvent ont des convictions que je partage. Voilà pourquoi je suis allé au PAD.

YS : Le PAD s’expose aujourd’hui comme un parti d’opposition radicale. Ne pensez-vous pas que votre engagement risque de compromettre vos activités professionnelles [2] ?
J-L.P : Je pense que lorsqu’on est du côté du peuple, on est du bon côté. Donc je ne me compromets pas. Je n’ai pas fait ce choix pour des raisons mercantiles, je n’ai vu que tous ces congolais qui souffrent, tous ces congolais incompris. Dernièrement 85% des congolais ne sont pas allés voter. Pour des élections présidentielles ça se comprend, on l’aura boudé, mais pour des élections locales, les candidats sont connus dans les quartiers, mais leurs propres frères ne sont pas allés voter. Qu’est-ce qu’on dit de cela ? Je suis donc entré dans le part, puisqu’il est dans cette logique, mais je sais que j’ai des sacrifices à consentir. Je ne mettrai pas du côté du RMP, tu comprends qu’alors que nus n’avons que 12 départements, 84 partis composent le RMP est-ce que c’est sérieux ? 3 millions d’habitants et 84 partis dans un seul groupement politique…

YS : Mais, Jean-Louis Packa, je ne veux pas me faire l’avocat du diable, mais RMP ça veut dire Rassemblement pour la Majorité Présidentielle, il y a bien le terme rassemblement dedans ce qui peut expliquer qu’il soit composé de nombreux partis… ?
J-L.P : Je suis d’accord avec vous, Lionel, mais il n’a rassemblé que les partis, il n’a pas rassemblé le peuple, nous on rassemble le peuple…

YS : Admettons. Aujourd’hui, la politique congolaise se préoccupe-t-elle de l’intérêt général des congolais ?
J-L.P : Non, mais nous sommes le parti du peuple, c’est le peuple qui crée le PAD. Sais-tu que nous avons la particularité d’être un parti qui n’a pas de président fondateur. Le président Ngouélondélé, n’est pas le président fondateur du parti. Le parti a été fondé par un groupe d’intellectuels congolais qui ont constaté que le pays était à la dérive, et qu’il fallait se ressaisir pour sauver notre nation. Nous avons choisi à l’unanimité le général Ngouélondélé pour diriger notre parti. C’est un président élu. Moi-même, président fédéral, j’ai été élu. Nous sommes le parti du peuple, c’est le peuple qui crée le parti, ce sont les 95% de congolais qui rejettent le régime actuel qui ont créé le parti…

YS : Vous avez donc été élu, ça s’est passé dans quelles conditions ? Au cours d’une assemblée générale ?
J-L.P : Oui, il y a eu une assemblée générale au domicile de notre secrétaire générale madame Aimée Mambou Gnali, j’étais d’ailleurs absent, j’étais alors à Libreville pour affaires. Ma candidature était posée et les membres du conseil politique national qui étaient à Pointe-Noire ont porté leur choix sur ma modeste personne. J’en profite pour les remercier.

YS : Ca relativise quand même ce que vous venez de déclarer, à savoir que c’est le peuple qui décide.
Quels sont les objectifs du PAD ? Sont-ils de présenter un candidat aux présidentielles ? Ou le PAD compte-t-il poursuivre la stratégie qu’il a suivie lors des élections locales en ne participant pas au scrutin ?

J-L.P : Je vous dirai franchement qu’on ne peut pas abuser de l’avis d’un peuple. Le PAD, a été créé par le peuple pour que les choses changent, et c’est nous qui allons changer les choses. Ce qui est clair, c’est que nous aurons un candidat. Nous sommes un parti organisé, au moment venu, npus déciderons quel sera notre candidat, le général Ngouélondélé ou un autre cadre compétent du parti…

YS : Disons que la constitution, dans son état actuel n’autorise pas les candidatures de personnes ayant dépassé l’âge limite de 70 ans, ce qui est le cas du général ?
J-L.P : C’est vrai c’est un obstacle, mais à mon avis il n’y a pas problème parce que dans toutes les constitutions du monde, l’âge n’est pas un handicap, ce sont les compétences qui comptent. Nous appelons à la concertation nationale pour qu’on arrive à cet objectif là. Il est évident que tout ce qu’on fait sur mesure est appelé à être retouché, si vous achetez un costume sur mesure et que vous prenez du poids, il faudra retoucher vos vêtements. Le peuple a besoin de ce changement donc on va y arriver.

YS : Qu’est-ce qui, pour le PAD est le plus urgent à changer dans la politique congolaise ?
J-L.P : C’est la restauration de l’Etat de droit. L’Etat n’existe plus. Il faut que le congolais redevienne fier d’être congolais. Aujourd’hui, les gens ne sont fiers que de ce qu’ils sont eux-mêmes, mais nous ne sommes plus fiers d’être congolais. Le principal est de rendre aux congolais le sentiment national, donner un Etat aux congolais. Un Etat vivant pas l’Etat moribond que nous avons aujourd’hui.

YS : Puisque nous sommes ici dans un lieu où la préoccupation essentielle est l’écologie [3], je voudrais savoir quelle est la position du PAD en ce qui concerne l’écologie et les agressions qui sont faites sur les parcs nationaux comme celui de Conkouati dans lequel des projets d’ouverture de routes et de construction d’ensembles hôteliers, de casinos etc. sont en préparation alors qu’on sait très bien qu’un parc national doit être un sanctuaire et que les ouvertures de routes dans ces conditions sont la voie royale ouverte aux braconniers. On parle aussi d’exploitation pétrolière dans le périmètre du parc. Quelle est votre position ?
J-L.P : Entre l’homme et son environnement, il faut qu’il y ait adéquation. L’homme ne peut pas vivre sans son environnement. C’est vrai que nous avons ce besoin énergétique, il y a le pétrole et l’intérêt de la nation. Nous avons besoin de ce pétrole, mais il faut que tout soit étudié et élaboré de façon consensuelle. Au-delà de cela, si actuellement à Pointe-Noire nous n’avons pas d’eau, pas d’électricité et pas de routes, je ne vois pas l’intérêt de faire des routes à Conkouati. Nous avons le temps de réfléchir à la question. Les animaux peuvent continuer à y vivre tranquilles. Nous avons la chance d’avoir cette richesse, ce n’est pas à nous de la détruire.

YS : Vous nous parlez des besoins énergétiques du pays, mais le peuple congolais voit-il les retombées de la manne pétrolière ?
J-L.P : Justement, on parle de l’écologie, on parle de la paix, mais tout est relatif. Si un jeune a suivi l’école et qu’une fois diplômé il reste sans emploi, il reste dans le village, même dans le parc, qu’est-ce qu’il fait ? Il ne va pas mourir… C’est donc d’abord restaurer l’Etat et l’Etat va instruire le peuple. Aujourd’hui nos enfants sont élevés par les télévisions occidentales, parce que sur nos télévisions locales ils n’ont que le karachéka, Koffi Olomidé du matin au soir. Ils ne savent même pas traverser la ruelle…

YS : Vous parlez de la télévision en général ou plus particulièrement de la télévision nationale, parce que nous avons maintenant des télévisions privées qui ont un ton différent, je pense particulièrement sur Pointe-Noire à TPT et DVS+ qui s’autorisent des libertés qu’on ne peut pas voir sur la télévision nationale ?
J-L.P : C’est vrai, c’est important qu’elles usent de ces libertés, nous adhérons à cela. Ce que je voudrais, c’est que les télévisions fassent une plus grande part à la culture congolaise. Les gamins congolais connaissent aujourd’hui mieux la culture américaine ou chinoise que la culture congolaise. Je voudrais donc que les télévisions prennent plus à cœur leur rôle pédagogique. Ils ne connaissent rien du Congo, rien de son histoire, rien de sa géographie, rien des populations des autres départements, ce qui favorise le tribalisme parce qu’on craint ce qu’on ignore. Que nous proposent ces télévisions. Et ça c’est vrai parce qu’il n’y a pas d’Etat…

YS : Qu’il n’y ait pas d’Etat à l’intérieur de ces télévisions c’est la moindre des choses puisqu’elles sont privées. Je pense que la liberté de la presse est à mettre au crédit du gouvernement actuel. Je dis et j’affirme que même si cette liberté peut apparaître comme fragile et à même d’être remise en question à tout instant, elle est actuellement garantie au Congo, tant bien même on y constate des regrettables dérapages comme les ennuis de Talassa ou la garde à vue qu’a dû subir notre confrère Christian Perrin.
J-L.P : Sur ce sujet, je dirai que la presse n’est pas libre, lorsque les médias prennent des libertés ils sont censurés, ils sont attaqués, donc il n’y a pas de liberté…

YS : Développez…
J-L.P : Une émission passe, une tribune sur une chaîne privée, le journaliste est quasiment arrêté, là il est condamné. Ses avocats ont fait appel mais il a été condamné en première instance…

YS : Je n’en disconviens pas, mais ce genre de dérive existe aussi en France comme on a pu le voir avec le limogeage de Patrick Poivre d’Arvor pour la seule raison qu’il déplaisait à Nicolas Sarkozy. ?
J-L.P : On a aussi vu l’année dernière Sarkozy se faire allumer par un agriculteur, le journaliste qui a tendu le micro n’a pas été en prison. Ici, on a pas passé les images de Sassou se faisant huer par les populations ponténégrines.

YS : On peut répliquer que juridiquement Christian Perrin n’a pas été arrêté, il a été entendu et retenus une nuit en garde a vue, ce qui est certainement abusif, mais n’a rien à voir avec une arrestation…
J-L.P : L’important est qu’on a voulu intimider les journalistes par cette action à l’encontre de l’un des leurs. C’est un signal pour leur dire de ne pas recommencer…
Notre président est venu pour faire un meeting à Pointe-Noire. Nous voulions organiser cette manifestation le plus régulièrement possible. Le préfet nous l’a interdit.

YS : Oui, d’accord, mais là on change de sujet.
Aujourd’hui un certain nombre de partis se déclarent opposés à la réélection de Denis Sassou Nguesso et se disent prêts à mettre en lice un candidat. La multiplication des candidatures de l’opposition ne risque-t-elle pas de diluer les voix de l’opposition ?

J-L.P : L’opposition proprement dite à une voix, et une seule. Nous avons fait un appel sur les médias. Notre président a appelé tous les partis d’opposition à se rassembler pour créer ensemble une force commune visant a définir une synergie. Nous ne voyons pas de problème à ce qu’il y ait deux ou trois candidats de l’opposition, mais nous pensons que nous devons avoir une seule plate forme. L’opposition, c’est normal représente plusieurs courants, mais nous ne devons pas partir en rangs dispersés. Nous devons avoir une plateforme politique commune, le même plan électoral. Voyez-vous, si nous ne parvenons pas à cela nous ne serons pas crédibles. Notre appel est don que nous restions unis. Au PAD, nous avons des commissions qui travaillent dans ce sens. Il s’agit de l’intérêt de la nation et pas de l’intérêt de quelques individus, nous arriverons donc à nous rencontrer pour définir cette plateforme commune. On se souvient très bien que dans une période comparable, le président Lissouba avait reçu les mêmes doléances. Mais si nous allons aux élections dans un ordre dispersé, oui, nous fragiliserons l’opposition.

YS : Le PAD souhaite donc une candidature de préférence unique de l’opposition, sans s’opposer formellement à une pluralité limitée de candidatures…
J-L.P : Non, ce qui nous intéresse, c’est la mise en place de la plateforme commune de l’opposition. Cette plateforme qui mettra d’accord tout le monde. Maintenant il est bien évident qu’il soit de l’opposition ou du pouvoir, il n’y aura qu’un seul président de la République, même s’il y a cinquante candidats. Au lieu de nous fragiliser inutilement, c’est dans la concertation que nous allons nous entendre pour tenter de choisir un seul candidat que nous croirons capable de nous défendre dans cette consultation et à même d’occuper le rôle présidentiel d’alternance auquel nous aspirons.

YS : Pensez-vous envisageable que le scrutin présidentiel se passe de façon transparente et donc que le(s) candidat(s) de l’opposition puisse(nt) faire valoir régulièrement ses(leurs) chances ?
J-L.P : Par ricochet ou par expérience, dans tous les pays du monde ça n’a jamais été régulier. On veut que le principe de la régularité soit en place même si dans les actes ce n’est pas réglé.

YS : Pour assurer cette régularité il faut peut-être qu’un recensement sérieux soit réalisé…
J-L.P : Justement, ça nous le demandons depuis longtemps. Franchement est-il sérieux que le président de la République ne sache pas combien de citoyens compte son pays ? C’est comme si, père de 4 ou 5 enfants, vous voyagez et on vous demande combien vous avez d’enfants et vous répondez je ne sais pas 3 ou 4… Est-ce que vous êtes un père sérieux ?

YS : Avez-vous lu les déclarations de Jean-François Probst ?
J-L.P : Non, je ne sais pas qui c’est…

YS : Il s’agit d’un collaborateur de Jacques Chirac qui reconnaît avoir aidé au retour de Denis Sassou Nguesso. Il lui dit aujourd’hui qu’il a échoué et il lui recommande de démissionner.
J-L.P : C’est certainement qu’il est déçu autant que tout le monde. Pourtant le président Sassou a été élu, il a fait un gros score. Moi je respecte tous ces compatriotes qui ont voté pour lui parce qu’ils ont faim. Il y a un phénomène chez nous que nous ne maitrisons pas…

Willy Sathoud : Denis Sassou Nguesso, en 1992, au cours d’élections dont la rigueur ne fait de doutes pour personne n’est pas arrivé au score de 20%...
J-L.P : Oui, mais on a vu le score en 2002, les résultats étaient là…

WS : Pour les résultats il n’y a certes rien a dire puisque ce sont ceux qui ont été pris en considération. Pensez-vous que le résultat de 2009 sera différent de celui de 2002 ?
J-L.P : Absolument…

WS : Comment ? Les pratiques ont-elles changé depuis ?
J-L.P : Parce que les congolais vont dire ce qu’ils pensent. On a eu des élections en amont, les législatives, les locales on a eu une expression du peuple…

YS : Vous l’avez dit vous-même tout à l’heure, aux locales les congolais n’ont pas voté à 85% ces chiffres là sont les vôtres. Avec 15% de votants le résultat à donné une majorité écrasante au RMP jusque dans des circonscriptions dans lesquelles il semblait inenvisageable que l’opposition perde. Comment l’expliquez-vous ?
J-L.P : C’est bien clair, les congolais ne sont pas allés voter, ils ont dit à ceux qui gèrent le pays : « On en a marre de ces façons de faire ». Mais au présidentielles ils ont choix capital à faire, ils attendent un changement et ils feront ce qu’il faut pour l’exprimer.
Au Congo quand quelqu’un est élu à la présidence de la république, il a l’impression d’entrer en possession du pays. Non, ce n’est que la présidence de la République qu’on lui accorde. Le Congo c’est notre bien commun, même les animaux en forêt, les poissons c’est notre bien commun, nous l’avons en partage. Quand nous avons besoin d’un chef, nous l’élisons, il n’est que président de la république, il n’est pas le propriétaire du pays.

YS : C’est la théorie…
J-L.P : Oui c’est la théorie mais maintenant les congolais veulent sa mise en pratique. Dans cet Etat que nous allons restaurer, il faudra que celui qui sera élu ait peur de l’électeur parce que c’est de lui qu’il détiendra le pouvoir qu’il va exercer alors qu’aujourd’hui c’est exactement l’inverse : les électeurs craignent celui qu’ils ont porté aux plus hautes responsabilités de l’Etat. Masi si un représentant du peuple ne répond pas aux attentes de celui-ci, le peuple devrait être en droit de le renverser.
C’est dans l’intérêt même de ceux qui sont au pouvoir que l’Etat soit restauré. On a besoin que ce pays soit géré, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Chez nos voisins gabonais, qui se trouvent dans un pays physiquement tout à fait comparable au notre, il y a un Etat qui fonctionne bien qu’il y ait aussi des problèmes d’enrichissement personnel et de corruption.

YS : C’est vrai que le Gabon est un Etat qui n’a jamais connu l’alternance et qui est gouverné par le doyen des chefs d’Etat, le Gabon n’a jamais connu que deux présidents de la République ?
J-L.P : En 48 ans oui…

YS : Comment expliquez-vous que dans ces deux pays dont les situations devraient être comparable, l’un des deux s’en sort beaucoup mieux que l’autre ?
J-L.P : C’est difficile à expliquer, les gabonais ont étudié à Brazzaville, la capitale de l’AEF, la capitale de la France libre, tout le monde a étudié ici. Nous leur avons donné l’intelligence de réussir chez eux et nous qui avions l’intelligence n’avons pas réussi chez nous. C’est un paradoxe et donc difficile à expliquer. Ca dépend de la volonté et ici on ne veut pas faire. Ce n’est pas qu’on ne sait pas mais qu’on ne veut pas. Quand à savoir pourquoi, je ne suis pas à même de répondre.
J’ai fait ma petite analyse, ce que le pouvoir ne comprend pas aujourd’hui, c’est que lorsque le PCT est créé, les gens qui l’ont créé avaient une moyenne d’âge de 25 à 30 ans. Aujourd’hui ils sont toujours en poste mais ont 40 ans de plus. Ceux qui ont créé ce parti y ont trouvé leur compte, ils ont été plusieurs fois ministres, plusieurs fois directeurs, ont fait des enfants qui n’y croient plus, des enfants qui ne travaillent pas parce que leurs parents ne veulent pas passer la main. Trop occupés par la protection de leurs privilèges, les fondateurs n’ont pas vu que le monde a changé. Ils sont comme ces larves qui s’engraissent dans les palmiers morts, elles sont grasses et grosses mais la maison dans laquelle elles vivent est pourrie, morte, mais elles font la vantardise à l’intérieur, demain elles deviendront scarabée et s’envoleront. C’est quoi cette vie là ? Les gens savent bien qu’ils sont dans un régime qui ne nous développera jamais. Au lieu de se réunir et de dire : « C’est bon, on a eu de l’argent, on arrête maintenant la pagaille. On commence à travailler pour les autres. », ils préfèrent continuer cet enrichissement sans motif au détriment du plus grand nombre.
La raison d’exister de notre parti est là, pour créer l’alternance chère à notre peuple.
Le peuple a voulu la conférence nationale et il l’a eue, c’est le peuple qui a voulu et fait la constitution de 92 qu’unanimement tous les partis ont ratifiée. Lissouba arrive au pouvoir dans le cadre de cette constitution là. Il a fait des erreurs, c’est un humain et personne ne peut prétendre à la perfection. Il a fait des conneries. Mais au moment où il part, au lieu qu’on vienne corriger les erreurs de Lissouba, dans le cadre de l’esprit de la conférence nationale, on en revient à la situation d’avant la CNS. C’est comme s’il nous en fallait une deuxième pour qu’on décolle.
Il faut que celui qui sera porté au pouvoir puisse s’appuyer sur une réelle légitimité.
On ne fait pas d’omelette sans casser les œufs. Au Congo on a cassé les œufs mais on a pas eu l’omelette.