Congo-B : A quoi joue Okombi Salissa ?

La manifestation du mardi 20 octobre qui devait faire plier Sassou a mal tourné. Il y a eu de violents affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre dans les quartiers sud de Brazzaville. Bilan : quatre morts, selon les autorités congolaises. D’aucuns, mezzo voce, critiquent le comportement de certains opposants, parmi lesquels André Okombi Salissa.

Des barricades, des pillages, des morts : un spectacle désolant. La mobilisation générale souhaitée par l’opposition n’a pas récolté de franc-succès, tant une partie seulement de la Capitale s’est soulevée. En cause, l’invisibilité de plusieurs ténors de l’opposition. Mais c’est surtout l’ex milicien et ancien ministre de l’Education André Okombi Salissa qui cristallise les critiques.

Des jours et des semaines, en effet, il ressassait à qui voulait l’entendre qu’il était en mesure de mobiliser les quartiers nord de Brazzaville. Rien de tel. Et, mardi dès l’aube, pendant que Guy Brice Parfait Kolélas et Claudine Munari étaient dans la rue, Okombi Salissa, lui, avait disparu des radars. Une attitude qui ne passe pas auprès de plusieurs opposants et observateurs politiques. Du coup les épithètes les plus virulentes fusent à son encontre. Homme pressé, passion des effets de manche. Sa lettre du mercredi 21, dans laquelle il félicite le peuple congolais de s’être levé, énerve plus d’un. « Quel culot !  »

Main noire

Charles Zacharie Bowao voit dans l’échec de la mobilisation de mardi 20 octobre plus la main de Sassou que l’invisibilité de son ami Okombi Salissa. Et de rappeler que Sassou s’est toujours attelé à dresser les Congolais les uns contre les autres pour régner en maître. Quant à Mathias Dzon, l’autre opposant invisible le mardi 20 octobre, il a tenté de justifier l’échec de la mobilisation par le fait qu’au moment où les manifestants des quartiers nord de Brazzaville s’apprêtaient à converger vers le Boulevard Alfred Raoul, ils ont été bloqués par la police. Des explications « fallacieuses et lénifiantes  » disent certains. « Ils auraient dû tous descendre dans la rue », ajoutent d’autres. Au lieu de ça, beaucoup d’opposants congolais ont joué à cache-cache. « Un amateurisme impardonnable » lâchent, indignés, les résistants.

Infiltration

L’opposition congolaise actuelle risque de rater le train de l’alternance, car sa position n’est pas claire. Or elle a besoin de gens solides, tant sur le plan politique qu’intellectuel. Preuve de leur cécité : les opposants locaux ne se sont pas doutés du fait qu’ils étaient infiltrés et que toutes leurs réunions étaient filmées et la vidéo transmise immédiatement au Chef. Pitoyable !

En fait, derrière l’unité affichée par l’opposition congolaise ces derniers mois, se joue en arrière plan une véritable guerre de stratégies personnelles. Chacun veut doubler l’autre, chacun regarde l’autre en chien de faïence. Evidemment ils ne pouvaient que perdre la bataille du 20 octobre. Désormais, ils doivent se reprendre et montrer le chemin, si tant est qu’ils en soient capables !

Bedel Baouna