Libération des prisonniers politiques : Sassou Nguesso Pète les plombs et veut envoyer Mokoko en exil à l’étranger

Forte présence de mercenaires à Ouesso, annonce du voyage de Sassou dans cette ville. Tentative d’assassinat de Ntumi par des ninjas, reprise de la guerre dans le Pool. Rigobert Maboundou et Antoine Ngakosso, deux grands voleurs, dans le viseur de la Dgst ; « Cop » du révérend pasteur Edouard Mounkala avec le pouvoir... Il y a du pain sur la planche.

Au sujet de cette semaine écoulée, il y a de la matière, en effet. L’analyse n’en est que plus urgente.

Sassou Nguesso voudrait-il négocier un exil à l’étranger pour Mokoko ?

Les populations de la ville de Ouesso, le chef-lieu du département de la Sangha, ont été surprises, au cours de la semaine qui vient de s’écouler, par l’arrivée en masse, dans leur localité, d’hommes vêtus en uniforme militaire. Des hommes qui ne s’expriment ni en français qui est la langue officielle du pays ni dans une autre langue parlée au Congo. Il a donc été très facile de deviner que ce sont des mercenaires étrangers. Ce qui confirme bien l’information selon laquelle Sassou Nguesso a déversé dans le pays des milliers de barbouzes et veut somaliser le Congo au cas où échouerait son projet de se faire succéder par son fils, Christel Denis Sassou Nguesso.

Pourtant, le pays n’est pas en guerre, et Sassou Nguesso a changé plusieurs fois la Constitution du pays. Pourquoi n’avait-il pas proposé le régime monarchique puisqu’il a toujours eu l’armée et la Cour Constitutionnelle avec lui pour imposer sa loi. La présence de ces étrangers en treillis militaires a semé la panique au point où les autorités de la ville ont été obligées de sortir du bois en rassurant les populations d’une arrivée imminente de Sassou Nguesso, dans cette localité. Mais, sur le mobile de ce voyage, elles n’ont pas été guère plus loquaces.

Selon une source proche du pouvoir, Sassou Nguesso veut rencontrer et discuter avec les notables de ce département sur la libération et le départ en exil à l’étranger de Jean Marie Michel Mokoko, véritable vainqueur des dernières présidentielles.

Rappelons qu’à l’issue de ces élections, Sassou Nguesso n’avait gagné que 8% des suffrages exprimés. Pourtant, il a été proclamé Président du Congo, par le Conseil Constitutionnel. Cependant, les sages de la Sangha souhaiteraient que Mokoko participe, lui aussi, à ces négociations. Car, personne n’a reçu mandat de décider à sa place. Ce qui coince Sassou Nguesso. D’où la présence des mercenaires dans cette localité. ? Il s’agit, selon toute hypothèse, de créer une psychose dans la population.

Devant la forte pression de la communauté internationale qui lui demande de libérer tous les prisonniers politiques, le dictateur d’Oyo a pété les plombs. Aussi il voudrait profiter de la célébration de la fête de l’indépendance, le 15 août prochain, pour annoncer, dans son discours de circonstance, la libération de tous les prisonniers politiques. Et, la presse gouvernementale fera croire aux Congolais que c’est par sa bonté que les prisonniers ont été libérés. Or cette décision sera prise sous la pression de la communauté internationale qui veut que tous les dictateurs de la sous-région d’Afrique centrale apaisent les tensions dans leurs pays respectifs.

Car, elle craint que toute la sous-région s’embrase. Déjà la météo politique n’est pas très rassurante sur la situation en Centrafrique où la France et la Russie se donnent des tacles. Il y a le Congo-Kinshasa où toutes les grandes puissances du monde tirent, chacune, les ficelles. Mais aussi la situation du Rwanda où un mouvement rebelle serait né.

A vrai dire, le cas de Mokoko est devenu une équation très difficile à résoudre pour le pouvoir de Brazzaville. Le clan serait même divisé sur son sort. Mais, les membres du clan de Sassou se seraient aussi rendu compte qu’un coup d’état de palais ne pourra pas résoudre la crise congolaise ; moins encore la succession au trône par Christel Denis Sassou Nguesso ne sera acceptée ni par les Congolais ni par la communauté internationale.

Les Congolais, avec eux la Communauté internationale, n’accepteront donc pas cette autre forme de coup d’état que veut faire Denis Sassou Nguesso. C’est pourquoi des membres de son clan proposeraient qu’il faille se réconcilier avec Jean Marie Michel Mokoko. Ce dernier est devenu un prisonnier dont la célébrité dépasse les frontières nationales. Et, Mokoko emportera les élections présidentielles de 2021.

Plusieurs hypothèses sont donc émises. La première est celle de libérer Mokoko ; mais de le dépouiller de tous ses droits politiques pour qu’il ne vote plus et n’ait plus le droit de se présenter à une quelconque élection alors que cette proposition va à l’encontre de l’esprit de l’amnistie générale qu’attend la communauté internationale. Celle-ci veut que tous les prisonniers politiques soient libres et aptes à reprendre leurs activités politiques. La deuxième hypothèse est celle qui veut réconcilier Sassou Nguesso avec le général Jean marie Michel Mokoko pour que ce dernier lui succède. Avec pour mission d’assurer la sécurité de tous les membres du clan Sassou Nguesso et de leurs biens meubles et immeubles. La troisième hypothèse est celle de l’envoi en exil à l’étranger de Mokoko après sa libération.

Sassou Nguesso serait pour cette troisième solution.

Cependant, la première victime de toutes ces hypothèses serait le juge Christian Oba, celui là qui a condamné Mokoko à vingt ans d’emprisonnement. D’après un post publié dans les réseaux sociaux, l’homme a failli se suicider lorsqu’il a été mis au courant de la libération de Mokoko à l’occasion de la fête de l’indépendance.

Tentative d’assassinat de Ntumi

Les Congolais qui savent lire les signes des temps savaient déjà que les ninjas, la milice de Frédéric Binsamou alias Ntumi, allaient finir par se révolter lorsqu’ils « verront clair ». C’est le journal en ligne Zenga-Mambu qui donne à cette rumeur le caractère d’une information. Le texte n’est pas au conditionnel et est signé par un certain Maxime Massamba. Il affirme que des ninjas se sont révoltés contre leur chef, parce qu’ils ont enfin compris que Ntumi les avait roulés dans la farine et mentis sur les vraies raisons de sa lutte. Ils ont été convaincus par les révélations qui avaient été faites par le général Norbert Dabira devant la barre lors de son procès, et dans son livre. Selon Dabira les armes qu’utilisent les rebelles nijas viennent des casernes de l’armée loyaliste. Elles leur parviennent par le truchement du général Ngatse Nianga Mbouala, chef de la gare présidentielle de Sassou. Devant la colère des ninjas, Ntumi serait aurait été sauvé in extremis par hélico présidentiel. L’homme par qui le règlement de compte a failli se faire, un certain Voce, ninja originaire de Mayama, aurait été tué à Kindamba. Cependant, pour neutraliser cette rébellion dans la rébellion et l’empêcher d’atteindre Brazzaville où elle peut être récupérée, Sassou Nguesso aurait envoyé l’armée pour reprendre la guerre dans les districts de Goma Tsé-tsé, Mbanza-Ndouna et Kinkala.

Les fils du Pool qui sont déjà meurtris, voient dans la reprise de cette guerre, une énième phase du projet de leur extermination par le pouvoir de Brazzaville. Ils interpellent tous les élus, les ministres, leaders politiques et officiers généraux et subalternes, originaires du Pool, en l’occurrence Isidore Mvouba, président de l’assemblée nationale ; Jean Pierre Manoukou Kouba, sénateur ; Bernard Tchibambelela, député ; Claude Alphonse Silou, Adelaïde Moundele Ngolo ministres, Guy Brice Parfait Kolelas, leader politique, le général Konta, chef des opérations militaires dans les Forces armées congolaises. Ces fils de la région attendent leur déclaration commune faite à la lumière des révélations du général Norbert Dabira, afin de demander au pouvoir d’arrêter sa mascarade. D’ailleurs, ils ont tous des comptes à rendre aux filles et fils du Pool. Si ce n’est demain, en tout cas tôt ou tard !

Rigobert Maboundou et Antoine Ngakosso sous la loupe de Dgst

Rigobert Maboundou, ancien ministre de l’Agriculture et de l’Elevage, devenu directeur du cabinet du premier ministre Clément Mouamba, a très mal géré une bagatelle de 114 milliards de Francs Cfa que le gouvernement avait allouée à son département pour développer l’Agriculture. Malheureusement, ce fonds se serait dissipé dans son cabinet comme de la fumée.

Antoine Ngakosso, directeur général des impôts et des domaines (Dgid), est accusé dans un contrat de prestation de services relatif à une mission de conseil en optimisation de recettes, passé entre la Dgid et le cabinet Tower Consulting. Il s’agit d’un cabinet à qui l’Etat congolais avait versé 5 milliards de Francs Cfa. Or ce cabinet était fictif et n’existait que dans la tête du directeur général des impôts et des domaines.

Cependant les Congolais pensent que la lutte contre les voleurs des deniers publics ne sera soutenue et la Dgst prise au sérieux que lorsque des grands voleurs comme Christel Denis Sassou Nguesso, Jean Jacques Bouya, Bruno Itoua, Lucien Ebata, Gilbert Ondongo, Antoinette Sassou Nguesso seront arrêtés. Les arrestations des « petits poissons » n’est qu’une diversion.

Les « cop » du révérend pasteur Edouard Mounkala avec le pouvoir

Le président de l’Eglise évangélique du Congo, le révérend pasteur Edouard Mounkala, est éclaboussé par une affaire de subvention de son église par la présidence de la république. Il aurait, en effet, demandé une aide financière au gouvernement ou à la présidence de la république pour régulariser les allocations de retraites de ses anciens serviteurs. L’église catholique aussi reçoit des véhicules de la présidence de la république chaque fois qu’un diocèse est créé et qu’un évêque est intronisé. Ceux qui attaquent le révérend Pasteur Edouard Mounkala ajoutent que le président de l’Eglise évangélique du Congo serait aussi le père spirituel de Mme Antoinette Sassou Nguesso. Chez les catholiques, c’est l’abbé Mesmin Massengo qui est accusé, à tort ou à raison, pour sa direction spirituelle proposée aux membres du clan Sassou. Pourtant, Jésus, lui-même, est allé diner chez Zachée, et avait déclaré, par ailleurs, qu’il était venu pour sauver les pêcheurs. Quel inconvénient y a-t-il si le pasteur Mounkala et l’abbé Mesmin Massengo amènent l’évangile jusqu’au palais. Dans la Bible, n’y a-t-il pas eu des prophètes qui fréquentaient les rois ?

Il y aurait danger si ces pasteurs des églises chrétiennes avaient renié Jésus pour adhérer à la franc-maçonnerie ou se seraient servi de leur statut de conseillers spirituels pour «  vendre leurs églises » ou encore s’ils avaient troqué leur sacrement du sacerdoce contre le silence. Nous ne pensons pas que si l’Eglise évangélique est restée sourde et muette depuis le début de la crise multidimensionnelle que connait le pays, surtout de la guerre du Pool, ce n’est pas parce que son président est un conseiller spirituel de Mme Antoinette Sassou Nguesso. Ce serait faire anathème. Dire aussi que le révérend pasteur Edouard Mounkala a été « nguirisé  », serait caricatural . Pourtant, c’est ce que pensent beaucoup de Congolais. Et souvent l’opinion publique est celle de la République.

Serge Armand Zanzala , journaliste et écrivain