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Kinshasa serait finalement Ouaga ?

Vu les enjeux sur l’échiquier politique rdécéen, comme prévu, la ville de Kinshasa est entrée en ébullition ce lundi 19 janvier 2015. Goma, dans le Kivu, à l’Est du pays a également embrayé sur la ville/capitale.

Un mauvais calcul politicien de l’Assemblée Nationale est à l’origine de ce départ de flammes qui n’est pas sans rappeler la crise ayant précédé la chute de Blaise Compaoré voici peu. Ceux qui disaient que Kinshasa n’est pas Ouaga peuvent déchanter.

En vérité ce qui est intéressant dans l’enfer kinois c’est l’interaction avec sa petite voisine, Brazzaville. Parce que, selon la formule lapidaire des « deux capitales les plus proches au monde  » quand Kinshasa éternue, Brazzaville s’enrhume. Même si Télé-Congo est muette comme une carpe sur le volcan en éruption rive gauche, la fièvre doit monter à Brazzaville et, les « épigones du chemin d’avenir » doivent scruter avec minutie la fournaise de ce lundi matin dans la ville de Kabila/fils.

Aussi maladroit que cela puisse paraître, Joseph Kabila s’emploie de mimer le comportement de Blaise Compaoré dont le coup de pied au cul reçu de son peuple a fait aussi dire aux partisans journaleux du Congolais Denis Sassou-Nguesso que « Brazza n’était pas Ouaga. »

Rappel : les deux villes, Kin et Brazza, ne sont pas seulement physiquement proches, elles le sont aussi politiquement, voire sociologiquement. Souvenons-nous, à la chute de Mobutu, Pascal Lissouba ne tarda pas de boire la tasse, comme par rétroaction. L’opération « Pélican » déployée à Brazzaville pour venir en aide aux Français de Kinshasa servit à la neutralisation du Professeur par Sassou. Autrement dit le volcan qui avait son épicentre à Kinshasa, eut un violent impact à Brazzaville qui ne tarda pas de s’enflammer le 5 juin 1997.

Mêmes causes, mêmes effets. Lissouba voulut jouer les prolongations de sa présence au pouvoir. Lissouba fut mis hors d’état de nuire par une coalition ELF/Sassou/Angola.

Ce lundi 19 janvier 2015, on a annoncé la visite de l’inévitable Eduardo Do Santos en RDC. Raison officielle : améliorer les relations commerciales entre Luanda et Kinshasa. Hum... A qui fera-t-on croire que le tyran angolais n’est pas là pour donner un ces coups de mains militaires dont il a le secret ? Ce n’est pas « L’homme de Kimongo » qui dira le contraire.

Le feed-back des évènements de l’immense métropole kinoise n’est pas seulement redouté à Brazzaville, il est ressenti comme inéluctable. Un tour sur les réseaux sociaux montre que les Congolais de la rive droite appellent de tous leurs vœux que le mouvement social traverse au plus vite le fleuve pour gagner Brazzaville où Sassou caresse également le rêve de jouer les prolongations après 2016.

Après l’opération « Mbata ya Bakolo », les Congolais de la RDC ont un immense contentieux avec le régime de Sassou dont le fer de lance, Jean-François Ndenguet, serait l’homme à abattre. Si, un de ces quatre, Kabila est « carbonisé » comme Compaoré, c’est avec un malin plaisir que les Kinois viendraient jouer les pyromanes rive droite. Après-tout, n’est-ce pas les mercenaires de l’ex-DSP de Mobutu qui aidèrent « L’homme du 5 juin » à en découdre avec Lissouba en le remettant en selle en 1997 après avoir été viré en 1992 par les urnes ?

Les deux capitales ne sont pas seulement les plus proches, elles ont aussi un proche avenir.

Thierry Oko

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