Au moment où nous mettons sous presse nous ne sommes pas en mesure de confirmer le retour de Me Hervé Ambroise Malonga dans le procès. Une dépêche d’AFP datée du 27 juillet semble cependant fonder l’hypothèse d’un come-back de cet avocat de la partie civile. Ci après le compte-rendu des actes de la journée du 25 juillet 2005, marquée par l’absence très visible de la majorité des parties civiles.


Affaire des Disparus du Beach
Actes 6. Brazzaville le 25 Juillet 2005. Cour criminelle de Brazzaville

A 15h 30 la très petite salle du palais de justice , d’habitude pleine à craquer, est à moitié vide. Les quinze accusés sont présents, très passibles. Les avocats de la défense sont au complet. Les parties civiles sont présentées par maître Quenum NKOUNKA. Le retrait du maître Ambroise Hervé MALONGA de la partie civile de ce procès semble avoir perturbé le cours de ce tribunal. L’entrée des juges, dans le prétoire, intervient à 15h 30. La séance peut commencer.

Le juge principal, M. Charles Emiles Apesse, stigmatise les faits intervenus la veille, notamment le retrait de Me Malonga lequel avait qualifié ce procès de simulacre de justice, en quittant la salle précédé d’un « tokoeno » (allons-nous en) à l’endroit des ayant droits des Disparus qui constituent le plus grand lot des parties civiles. Le juge Charles Emile Apessé souhaite la poursuite du procès car l’honneur et la personnalité des accusés sont en jeu.

Le procureur général, Norbert Mbemba, fait mention des événements survenus la veille. Il condamne les propos de Me Malonga. Norbert Mbemba qualifie l’acte de ce dernier de faute professionnelle. Il rappelle à la partie civile qu’aucun autre procès ne se tiendra où que ce soit à Brazzaville statuant sur cette affaire, mettant ainsi en cause le caractère in scriptural de ce tribunal. Il a poursuivi sa condamnation en ces termes : « Maître Malonga a manqué de l’humanisme car il n’a pas tenu compte des blessures morales des parents des victimes ... » "Sa démarche est en train de les égarer."

Norbert Mbemba a mis en cause le dépôt du courrier de Me Malonga auprès de la Cour Constitutionnelle. Il a aussi appelé toutes les personnes possédant des informations relatives à cette affaire de se rapprocher du ministère public.

Ensuite au nom du collectif des avocats des parties civiles présentes dans la salle, maître Irénée Malonga explique leur présence dans la salle et présente des excuses pour les incidents survenus la veille. Cet avocat fait observer que le gouvernement devrait se tenir à l’écart de ce procès, faisant allusion à la conférence de presse tenue par M Etsia Ebia, ministre de la justice, le matin de ce même jour à Brazzaville. Ce dernier a déclaré que « ce procès était une occasion pour les congolais de se réconcilier entre eux ».

Maître Irénée Malonga a comparé ce procès à un "bouchon de champagne", pouvant sauter d’un moment à l’autre. L’avocat a pensé que le point de presse tenu par le ministère de la justice a fait peur aux parties civiles qui se sont abstenues de prendre part à l’audience du jouir.

L’un des dix avocats de M. Ndinga Oba a tenu à informer la cour de l’hospitalisation de celui-ci. « L’huissier de service devrait vérifier cette information » déclare le président de cette cour.

A l’appel de soixante douze ayant droit des disparus qui se sont constitués parties civiles, seuls quatre ont répondu présent. Les soixante huit autres s’étant retirés du procès, encouragés par les déclarations de Me Ambroise Hervé Malonga.

Pendant l’audition des parties civiles restantes on remarque qu’il y a bel et bien eu arrestation, détention, sévices corporels et disparition de six personnes de sexe masculin à leur arrivée au port de Brazzaville, en provenance de Kinshasa. Un témoin a nommément cité le général Blaise Adoua, l’accusant d’être impliqué dans la disparition de ses deux garçons.

Cette sixième audience a pris fin à 19h15mn. Le président du tribunal ému par cette audition a appelé les autres parties civiles à rejoindre le tribunal que certains venaient de qualifier de simulacre la veille.

Keila Samuel
Brazzaville