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Le projet de l’Université de Kintélé a vécu

13 décembre 2012

Rien de nouveau au bord du fleuve Congo. Rappelons-nous certaines annonces. « Rien n’illustre mieux la volonté des autorités congolaises de faire, ou de refaire, de Brazzaville une capitale intellectuelle que l’annonce de l’édification de la nouvelle université de Kintélé » pondaient en 2010 Les Dépêches de Brazzaville hebdomadaire de propagande du Chemin d’Avenir. On n’avait pas besoin, à l’époque, d’être clerc pour comprendre qu’on nageait en plein canular.

Têtus sont les faits

Aujourd’hui les faits donnent raison à ceux qui comme nous ont les pieds sur terre. En effet, le professeur d’histoire, Théophile Obenga, pressenti comme le pilote du projet académique, vient de claquer la porte. « Ne comptez plus sur moi, camarade Président, pour conduire cette entreprise » a hurlé le disciple de Cheick Anta Diop après avoir compris qu’il avait affaire à des illusionnistes. La logique économique du Chemin d’Avenir repose sur un système simple : reprendre de la main gauche ce que donne la main droite. Partant de là on peut comprendre qu’un si beau projet ne fut, en fait, qu’une stratégie d’enrichissement personnel qui, au passage (s’il n’est pas lui aussi de mèche) a fait de Théophile Obenga le dindon de la farce.

Selon nos informations, Sassou aurait craché un milliard de FCFA pour exécuter ce projet. « Où est le mal ? » nous dira-t-on. Le hic c’est que les sous auraient été filés à la ministre de l’Education (aujourd’hui virée du gouvernement) Mme Rosalie Kama-Niamayoua, entre temps, bombardée « professeur » selon les critères du Cames.

La ministre, en bonne élève du Chemin d’Avenir, aurait mis dans sa poche la bagatelle de 300 millions puis, népotisme oblige, aurait placé aux postes clef dudit projet neveux, nièces, frères, sœurs, cousins et cousines.

Alchimie de la médiocrité

Conséquence directe : le lycée d’excellence de Mbounda (Niari) intégré au projet académique sera emporté par le tourbillon du détournement financier. Voilà comment s’autodétruisent les projets au pays du Chemin d’Avenir. Quand on vous dit que le vers est dans la pomme on passe pour aigris.

Mme Rosalie Kama, chimiste de formation, a sans doute été la plus médiocre des ministres du dernier gouvernement. Pour une fois Sassou n’a pas eu tort de remercier cette alchimiste de la corruption qui croyait trouver la pierre philosophale grâce à sa position ministérielle. Mais de qui cette pauvre dame tient-elle la science du vol si ce n’est de son patron de Mpila ?

Cooptation

Les écoles privées ont fleuri au Congo-Brazzaville sous le mandat de Rosalie Kama. Quand on sait que l’Ecole Publique a été tuée par le virus moléculaire de ces écoles parallèles, Mme Rosalie Kama a de lourdes responsabilités devant l’histoire. Il fut suggéré à Rosalie Kama d’instaurer un concours d’entrée pour être admis au Lycée d’Excellence de Mbouda. Celle-ci rejeta la suggestion, préférant la cooptation au système de recrutement égalitaire et aveugle que sont les examens. Qu’y trouve-t-on dans ces écoles privées qui pullulent désormais à Brazzaville ? Des rejetons des parents membres de la classe politique qui ont accès à la manne pétrolière. Quant aux enfants des couches populaires, l’école publique désœuvrée à jamais leur sert de rébus.

Exemple d’effets pervers de la privatisation

Arlette Nonault-Soudan, épouse du journaliste "engagé" François Soudan, patronne d’une école privée St-François d’Assise a décrit sur Télé-Congo (11 décembre 2012) les qualités de son Institution. Attachée de presse à la présidence, membre du comité centrale du PCT, Arlette Nonault-Soudan est le prototype des bénéficiaires du système encouragé par Rosalie Kama.
A la question de la journaliste sur la cherté des inscriptions, Mme Nonault-Soudan, entre deux louanges sur Sassou, a répliqué : « L’éducation n’a pas de prix »

Pourquoi alors Mpila n’a alloué qu’un milliard au pharaonique projet de Kintélé ? Pourquoi avoir détourné cette bagatelle ?

Résultat : Théophile Obenga, caution intellectuelle du projet s’est retiré de ce panier à crabes puis s’est tiré aux Etats-Unis pour de nouvelles aventures universitaires.

Gageons que Monsieur le professeur a dû regretter d’avoir rompu avec le panafricanisme et l’égyptologie pour aller se goinfrer à Mpila. Au moins les hiéroglyphes des pyramides sont plus facile à comprendre que le code économique du Chemin d’Avenir.