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Diables rouges (RC) battus par Les Léopards (RDC)

Dimanche 7 juillet 2013. Diables Rouges / Léopard, 1 but à 2. Les Congolais démocratiques ont corrigé une équipe de Diables Rouges ayant raté toutes les occasions de faire la différence, subissant le martyre dans un Stade des Martyrs qui affichait des gradins cruellement vides.

Jugez-en : dès la 7ème minute, le calvaire des enfants d’Opimbat commença suite au but de Kabamba, attaquant kinois, sur une imprudence de Mouyabi, notre gardien des buts. On aurait pensé que l’égalisation de Mobio à la 28ème minute, suite à un coup franc, allait stopper la punition. C’était mal connaître le sens de l’inaction innée qui caractérise les nôtres au moment des grands rendez-vous avec l’histoire. Ces combinaisons (soulignées avec admiration par les journalistes de la RTNC) qui ne produisent aucun résultat, on n’en a rien à cirer. Les Diables du Congo ont excellé en ça.

Phénomène social total

On oublie que le football fait partie d’un tout. La société congolaise tire le diable par la queue malgré le taux de croissance à deux chiffres dont se vantent ses dirigeants. Mais quand cette croissance ne profite qu’à un clan et jamais à tout le monde, les dirigeants ne croient pas moins aux miracles comme celui de la noix de kola (voir plus loin). Le développement ou l’émergence (mot à la mode) est un phénomène social total ; soit ça marche pour tout le monde, soit ça ne marche pas. On ne tirera jamais assez les leçons de ce postulat.

Ce n’est pas le fait de noyer les joueurs sous des millions de cfa qu’on peut pêcher des résultats positifs sur le terrain. Car en vérité, ces Diables-Rouges semblent de plus en plus considérés comme les chouchous de la République, ce qui, selon nous fait penser à des caramels donnés à des enfants gâtés en dépit des tasses bues ces derniers temps, par exemple face à des adversaires comme le Burkina Faso, pays non pétrolier.

Qu’on ne nous taxe pas à Congopage d’antinationalistes. Quel que soit le secteur, quand le Congo marquera un point positif, notre rédaction le criera haut et fort. Pour l’heure, souffrez qu’on éreinte ceux qui nous gouvernent (malgré nous). Pour tout vous dire, nous sommes fort aise de cette défaite infligée par nos adversaires de la rive gauche du fleuve Congo. A quelque chose, malheur est bon. Ce fiasco a ôté au gouvernement congolais une occasion de pavaner et de préparer a posterioril’opinion à une probable modification de la Constitution pour le match politique de 2016. Bien fait pour nous. Le football est une science exacte où l’amateurisme n’a pas droit de cité.

Absence de projet de société structuré, des politiques fondées sur l’improvisation : notre pays est pauvre malgré ses richesses naturelles. Ce n’est que logique qu’il soit peu performant aussi bien dans l’import/export (balance commerciale déficitaire), dans la santé, les infrastructures routières, la culture, l’éducation que dans le sport, phénomène social total.

Oyo la cinquantenaire

Notez qu’en dehors de la ville d’Oyo qui fête ses 50 balais cette année, aucune localité congolaise ne bénéficie de structures sportives dignes du 21 ème siècle. Les stades construits dans le cadre de la municipalisation accélérée fonctionnent dans un environnement social désertique c’est-à-dire vide de toutes activités industrielles. Le pays pourra être bardé de stades municipaux ça ne change rien à la question ; aucune compétition sportive ne sera remportée tant que le peuple meurt de faim, tant que sa jeunesse étouffe sous un chômage endémique, tant qu’on ne paie pas les enseignants, tant qu’on balance des bombes aux étudiants qui osent manifester, tant que les cargaisons de pétrole prennent des destinations inconnues du public (mais connues des Cristel Nguesso et compagnie), tant que les dirigeants ont tous des biens mal acquis. Bref, le pays vit dans un climat psychologique morose. Les Congolais dépriment tous ainsi que le montre la prévalence, ces temps-ci, des pathologies genre AVC.

Si le gouvernement compte sur le sport pour camoufler son incompétence, amuser la galerie, pour créer le change, pour (diraient les Ivoiriens) « blaguer » la population, eh bien c’est raté. Du reste, peu de compatriotes étaient au courant, ce dimanche, que notre pays se battaient à Kinshasa pour obtenir le ticket de la CAN. Et, ce ne sont pas les figurants payés par le ministère pour faire nombre au Stade des Martyrs de la capitale Rdécéenne qui allaient donner l’illusion que notre Onze National cristallise l’amour de tout un pays sous la direction d’un « Bâtisseur infatigable ».

En tout cas la douche n’a pas été assez froide pour le ministre des Sports et de l’Education Physique Léon Alfred Opimbat qui croyait tirer la couverture à lui si jamais les Diables Rouges avaient triomphé. Fort heureusement les Dieux de L’Olympe ont veillé.

Congolaise d’origine chinoise

Comme le pays croule sous des pétro-cfa il reste au moins à ses dirigeants la ressource de donner la nationalité congolaise à des footballeurs chinois comme cela a été le cas en Tennis de table où la championne ayant remporté la seule médaille d’or au championnat d’Oyo est originaire du pays de Mao Zedong.

Impartialité journalistique

Nous tirons notre chapeau aux journalistes Rdécéens pour leur objectivité. Comment, en effet, ne pas tomber d’admiration face à leur reportage étoffé de pages d’histoires sur les rapports entre les deux Congo. Ils ont fait montre, le long du reportage, d’une parfaite connaissance de l’histoire politico-sportive de notre pays. Aucun esprit partisan n’a caractérisé leurs commentaires. Parions que les journalistes formés à l’école du PCT n’auraient pas fait preuve d’autant d’impartialité si le match avait eu lieu au stade Alphonse Massamba-Débat. On testera nos propos au match retour qui aura lieu dans deux semaines à Dolisie.

Une joie grande

Grande a été notre joie de savoir que le Chemin d’avenir est resté sur sa faim. « Vous avez le soutien du Président de la République » a martelé le médiocre Léon Alfred Opimbat. Evidemment, ça voulait que le bureau politique du Parti unique voulait tirer parti de ce match pour alimenter la propagande de la Nouvelle Espérance métamorphosée en Chemin d’Avenir. Curieusement, ce Léon Alfred Opimbat on le voit partout. Et, partout où il est, la victoire n’est jamais là.

Qu’on ne se fasse pas d’illusions. Une victoire ça ne s’improvise pas, mais surtout, ça ne se décrète pas. Pire, ce ne sont des rites magico-religieux basés sur des noix de cola qu’on fait ingurgiter aux joueurs avant le match qui en changeront la physionomie. Ces francs-maçonneries n’ont d’impact que dans le monde illusoire où vivent la plupart de nos dirigeants. D’ailleurs Mgr Kombo déplora jadis cette « logique mystique » qui espère triompher de la « logique scientifique ».

En attendant, le peuple meurt de faim, n’a pas d’eau, pas d’électricité, pas d’hôpitaux, pas de couverture médicale universelle, pas de routes. On ne cesse de le dribler chaque fin d’année avec des promesses non tenues alors que celles-ci sont redondantes dans le rituel discours à la Nation.

Dans deux semaines à Dolisie, rien ne nous surprendra si Les Léopards griffent mortellement nos Diables-Rouges. D’ailleurs dans quelle Bible a-t-on lu que le Diable est une puissance salvatrice pour un peuple ?

Vivement qu’on change d’appellation.

Simon Mavoula

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