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Rénatura Congo,

La protection des tortues marines sur le littoral congolais

Rénatura est actuellement dans sa huitième année d’action en faveur des tortues marines sur le littoral du Congo-Brazzaville. L’association a désormais un relais officiel à Pointe-Noire, la capitale économique du pays, accrédité sous le nom de Rénatura Congo.

Quel avenir pour les tortues marines au Congo ?
Par GI Jane

Des tortues marines au Congo ? Nombreux sont ceux qui ignorent leur présence le long du littoral. Et pourtant cinq espèces, sur les huit existantes dans le monde, sont observables sur les côtes du pays. C’est à la saison de ponte que les tortues sont les plus visibles. Entre les mois d’octobre et de mars, elles gambadent sur les plages afin de déposer leurs œufs dans le sable. C’est raté cette année pour les apercevoir ! Il faudra patienter quelques mois avant d’espérer croiser une tortue olivâtre, petite et discrète, dont l’espèce est très menacée ou une tortue luth. Cette dernière ne passe pas inaperçue avec ses deux mètres de long et son poids qui avoisine la tonne. Trois autres espèces, ne pondant pas ou peu au Congo, évoluent dans les eaux côtières afin de s’alimenter et grandir.

Si les populations autochtones ignorent la présence de ces animaux marins, il est une ONG qui connait bien ces tortues : Rénatura Congo. Depuis huit ans, cette association de conservation de la biodiversité œuvre à la sauvegarde des espèces dans la Baie de Loango et les suit durant la période de ponte. Des agents patrouillent même sur les plages pour comptabiliser les tortues, relever des données biométriques propices à l’étude et veiller sur les pontes. L’association a mis en évidence dans la baie un intéressant site de croissance et d’alimentation de tortues vertes, imbriquées et caouannes.

Les tortues marines sont menacées de disparition dans le monde entier. Leurs œufs sont menacés par les insectes, les crabes, les varans, les mangoustes, les chiens et les oiseaux lors de l’incubation des œufs. Les nouveaux nés sont la proie des oiseaux dans leur course du nid à l’eau, puis par des poissons carnivores de leur arrivée dans la mer jusqu’à ce qu’elles atteignent l’âge adulte. Dès lors leur taille importante fera que leurs seuls prédateurs seront les gros requins et les orques. Ainsi, on estime que sur une centaine d’œufs, seul une tortue atteindra l’âge de se reproduire à son tour. En effet, les déprédations humaines sont nombreuses au Congo. Rénatura peut se féliciter de son travail : sur les plages surveillées, le braconnage est passé sous la barre des 10%. Il frôle les 100% sur les plages non suivies.

Tranquilles sur les plages, les tortues le sont de plus en plus dans l’eau. Bien sûr, leurs prédateurs naturels ne disparaissent pas mais les congolais en font de moins en moins partie. Terminés les ragouts ou brochettes de tortues. La raison ? Un partenariat avec les pêcheurs du Kouilou. Ceux qui capturent accidentellement une tortue dans leurs filets s’engagent à la relâcher. En échange, l’association leur fournit du fil et des aiguilles pour réparer les trous causés par l’animal. L’opération rencontre un écho positif auprès des pêcheurs et pas moins d’une centaine de tortues est relâchée chaque mois sur la zone de Pointe Indienne. La sensibilisation passe aussi par les plus petits. Rénatura intervient dans les écoles des villages côtiers et de Pointe Noire pour inculquer, de façon ludique, des notions de sauvegarde de l’environnement.

Gaëlle de Rénatura au secours d’une tortue luth capturée accidentellement par les pêcheurs

Si l’on arrive à éduquer l’homme prédateur, son activité est plus difficile à contrôler. Elle est pourtant très nocive pour nos tortues. La pollution des océans les visent directement. Le pétrole, les produits chimiques, agricoles ou industriels, mais aussi les ordures ménagères sont autant de menaces pour les tortues. Un simple sac plastique, jeté à la mer, peut tuer. La tortue, en effet, croit manger une méduse, son plat préféré, et s’étouffe avec le sachet.

Rénatura, qui s’échine à protéger les tortues, compte donc sur un petit geste de chacun. Du pêcheur au pétrolier, de la ménagère au braconnier, chaque congolais peut œuvrer à la sauvegarde des tortues marines. D’autant que le Congo a ratifié différentes conventions pour la protection des tortues marines au niveau international et s’est engagé à retranscrire ces textes dans les lois nationales. Ce dernier point est encore à l’état de projet alors n’attendons pas le gouvernement et soyons des éco-citoyens.


La sauvegarde des tortues passe par les plus jeunes
Par Maurine Isséo

Franck et Anselme

Ils arrivent discrètement, traversent la cour de récréation et se dirigent tous les deux vers une classe. Les enfants n’arrêtent ni leurs jeux, ni leurs cris. Les professeurs semblent vaquer à leurs occupations. Et pourtant, ces deux hommes sont les vedettes de l’après-midi. Franck et Anselme sont des agents de Rénatura, association pour la sauvegarde des tortues marines au Congo. Ils parcourent les établissements de Pointe Noire et des villages côtiers pour parler aux plus jeunes de ces espèces menacées. Et ils rencontrent un vif succès.

La classe attentive

S’entassent dans la classe, à quatre ou cinq par banc, des élèves de 4e et de 3e mais aussi le directeur de l’école et des professeurs ayant abandonné leur classe pour quelques instants. A la fenêtre, des oreilles par dizaine, à la porte, de petites frimousses déjà attentives. Personne n’entend rater l’intervention des agents qui commencent par chanter « la famille tortue … ». Le ton est donné, la présentation sera ludique et conviviale tout en restant très instructive.

Grâce à des ateliers de réflexion, les enfants découvrent les menaces pesant sur les tortues qui viennent se reproduire sur les plages congolaises. Ils identifient leurs prédateurs : les crabes, les mangoustes ou les varans mais surtout les hameçons, les filets des pêcheurs ou tout simplement l’estomac creux d’un être humain. Les questions

fusent. Elles sont gentilles, naïves parfois. D’autres sont plus pertinentes. Mais quelque soit leur nature, elles renseignent toujours les élèves, avides d’en connaître plus. Au cours de l’intervention, une question évidente : « Pourquoi ne peut-on pas manger les tortues ? Elles ne nous servent à rien ? » Effectivement, à part dans les croyances où la carapace de l’animal devient un paratonnerre ou un remède après avoir été pilée, l’utilité des tortues reste à démontrer. Autant les manger ! Il en faut plus pour que Franck et Anselme se laissent démonter et les voici partis dans une tirade sur la chaîne alimentaire et l’importance de chaque espèce sur terre. « Si l’une disparait, c’est tout l’équilibre animal qui est bouleversé », explique l’un des agents. L’autre renchérit en s’adressant à un élève « si toi Paul, tu manges César et que César mange Laurent. Que vas-tu manger si César disparait, englouti par l’homme ? ».

Toutes les questions trouvent leurs réponses. Les agents de Rénatura se démènent, démontrent et finalement convainquent. Les enfants, ces générations de demain, repartent avec un message fort qu’ils répètent en chœur le pas de l’école avant de le diffuser dans leur famille, dans leur village : « Pas touche aux tortues marines du Congo ».

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