email
La frénésie des colloques et des conférences au Congo

Le verbiage : une industrie qui marche

L’industrie de la parole est la plus prospère au Congo. le pays s’offre le luxe d’organiser colloques sur conférences dans son stalinien Palais des Congrès qui sert aussi de chambre aux députés et aux sénateurs. Si le développement d’une nation était fonction du nombre "rencontres au sommet" organisées, le Congo serait une grande puissance économique.

"Faute de merles on nous donne des grives" diront ceux que les aficionado de Mpila (d’après Daniel Nkouta) désignent par "tribalistes" parce qu’ils passent le plus clair de leur temps à critiquer les actions de l’Homme du 5 février 1979 (et peut-être du 18 mars 1977 aussi).

A défaut d’actes, on nous nourrit de paroles. Après tout : L’homme ne vit pas que de pain.

Pourtant La Nouvelle Espérance ne ménage aucun effort pour redresser le pays. Les domaines où les actions se multiplient sont nombreux. Par exemple le sport. "Amoureux de football" (fervent supporter d’Etoile du Congo) le Président va offrir à notre pays la Coupe d’Afrique des Nation en 2007. Sans folie de grandeur cette coupe concernera... les juniors. Quand on ne joue pas dans la cour des grands on va dans celle des petits. Le souvenir de 1972 où nous remportâmes la CAN est encore vivace dans les esprits. Le Président voudrait ré-éditer cet exploit. C’est une promesse, donc un engagement. Un homme, un "géant" du Football français a été pressenti pour conduire notre beau pays vers la victoire des...juniors en 2007 (car pour la gouverne de ceux qui veulent déjà l’enterrer, le Chef sera encore là dans trois ans). Action secrète oblige, on ne nous dira jamais combien va nous coûter Michel Hidalgo (Ida la ngo, en congolais). Oh, sûrement quelques poignées de millions (milliards ?). Nous avons le pétrole, il paiera.

Notre industrie parlementaire, à défaut de toute autre est la plus florissante d’Afrique. Nous savons tenir le crachoir aux invités de marque venus du monde entier.
Il ne se passe pas une semaine sans qu’un colloque national ou international, une conférence, un symposium, un congrès, une réunion au sommet ne soient organisés à Brazzaville. Le président Sassou ne ménage pas ses efforts pour redorer le blason de la capitale, classée comme la plus dangereuse de la planète.
100 milliards ! C’est le prix que le Chef va encore investir dans ce secteur, éminemment improductif, à l’occasion du Sommet de l’Union Africaine (UA). Pour accueillir les chefs d’Etat, 70 milliards seront investis dans la construction des villas. N’oublions pas que le Chef de l’Etat a déjà édifié une doctrine sur le pacte de non agression en Afrique qui a séduit tous ses pairs. Gageons que pendant ce sommet, le Chef redéfinira cette puissante thèse dont le niveau d’abstraction a été jugé très élevé par ceux qui l’ont écouté à Maputo au Mozambique l’an dernier. "Les accords d’assistance mutuelle dans le cadre d’une force inter-africaine d’interposition et d’intervention"  : voilà un sujet qui tient à coeur à notre Président, lui dont le pays est l’inlassable objet de guerres civiles et qui est accusé de toutes les intrigues par les journalistes de la RDC qui le borde.
Il faut montrer que Brazzaville est une grande capitale, faire l’article pour que les instances internationales crachent au bassinet, pour que les ONG construisent des toilettes dans les écoles et payent des tables banc. On ne peut pas tout faire, la pub diplomatique et faire fonctionner le pays. Les étrangers n’ont qu’à payer pour offrir le luxe au peuple, les caciques de la nouvelle espérance choient leurs pairs, vous pouvez croire que ce n’est pas une mince affaire.

Le chapitre des promesse est très prospère dans la bien nommée doctrine de La Nouvelle Espérance. A Mossaka (Cuvette) le Chef vient de promettre l’eau potable avec le concours de l’incontournable partenaire, la Chine, grâce à laquelle les Congolais espèrent avoir aussi le courant électrique à Imboulou sur la Léfini. Mossaka, la Venise du Congo, n’avait pas d’eau courante. La Nouvelle Espérance, à en croire le site "Le Moustique", vient de nourrir d’espoir les populations de cette localité lacustre en leur promettant (bientôt) un système d’adduction d’eau courante.

La santé est un thème qui tient à coeur à l’homme du 5 juin 1997. Pour couper court aux critiques qui disaient qu’il avait l’air de négliger ce domaine, le Chef a inauguré...par anticipation l’hôpital ultra-moderne de Loandjili, qualifié de "joyau" par ses admirateurs et même ses détracteurs, construit avec l’aide de la fidèle Chine. La cérémonie s’est déroulée en janvier 2004, en guise de présent de nouvel an à une région qui souffre de plusieurs maux, moraux et sociaux. Bien avant ce don présidentiel, la région avait fait l’objet d’un formidable cadeau : une usine de transformation de gaz en électricité, inaugurée avec tambours et trompettes devant une population émue car elle n’en pouvait plus de voir les délestages l’empêcher de vivre normalement.
"Oui mais il y a toujours des pannes de courant" diront les aigris et autres pêcheurs en eau trouble, valets locaux des exilés. "Et même que hier à l’hôpital Adolphe Cissé, un flic devenu fou, a abattu une infirmière suite à une panne d’électricité occasionnant la mort de son enfant qui était sur la table d’opération" ajouteront ceux que Daniel Nkouta appelle "tribalistes".

A tous ces empêcheurs de tourner en rond, nous dirons : "bande de jaloux, laissez le chef travailler en paix. Vous étiez là pendant cinq ans, qu’aviez-vous fait de concret ? Rien."

En ce moment, le chef doit probablement préparer une réunion "préparatoire" pour une nouvelle réunion avec les Forces de la Résistance de Ntoumi. Depuis 1997, le "produit intérieur brut" des réunions a augmenté. Ntoumi s’est même enrichi. Car selon, Mvouba, l’Etat est patient. Il n’épuisera jamais l’arme des réunions pour que la paix revienne au pays. Il a d’ailleurs avancé un pion en faisant abattre 7 nsiloulous à Kinkala.

Le Chef n’a-t-il pas écrit dans son excellent ouvrage biographique, Le fleuve, la souris et le manguier, "plus il y a le chaos, plus j’ai envie de diriger".

Les mauvaises langues diront que nous sommes, un pays qui postule au titre de Pays Pauvre Très Endetté. A tous ces aigris, on peut, pour paraphraser Alain Akouala Atipault, rétorquer que : "les tribalistes aboient, la caravane de la Nouvelle Espérance continue sa route".

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.