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Féminin singulier

Léticia Theousse une jeune Congolaise de la Côte d’Azur très « Tendance »

Léticia Theousse, Congolaise, tient une boutique de produits cosmétiques et capillaires à Nice sur la Côte d’Azur. Jeune dame élégante, Léticia fait partie de cette catégorie de plus en plus visible de femmes d’affaires décomplexées qui tentent de pénétrer avec succès le très ésotérique espace du commerce esthétique et, ici en l’occurrence l’espace azuréen.

Métissage égal tissage : Léticia qui tient également un salon de coiffure a du pain sur la planche.
Le nom de sa boutique "Tendance Métiss : le Temple de la beauté mixte correspond à la vision actuelle du monde avec sa diversité et ses exceptions culturelles ainsi que sa confusion unidimensionnelle des genres ».
Tendance Métiss ?
D’où vient ce nom ? Cette appellation très..."tendance" releve d’un profond débat intérieur sur fond d’un dilemme identitaire.
« Figurez-vous que j’ai hésité quand je cherchais un nom à ma boutique. J’avais proposé  : « Le temple de la beauté ethnique ». Mais ça faisait trop « communautaire, trop ghetto… » analyse l’esthéticienne.
« En fait c’est mon mari, Pierre Herreng, qui a suggéré le nom définitif. Je l’ai d’emblée adopté parce que ça rappelle les deux cultures, la sienne et la mienne. Je suis Congolaise de Pointe-Noire. Lui, est Français » précise la jeune dame.
« Je suis issue d’un métissage aussi bien ethnique que culturel. Mon père est vili de Pointe-Noire, ma mère kongo du Pool » souligne avec un patriotisme assumé la femme d’affaires qui vit en Europe depuis une vngtaine d’années.

Tendance jouvence

Tendances familiales

Même si l’esprit d’entreprise semble de plus en plus répandu en Europe en milieu féminin, les femmes d’affaires congolaises, ça ne coure pas les rues. De ce fait le projet de Léticia ne sort pas ex nihilo, sur un coup de tête. Non le hasard n’y est pour rien. Au contraire, Léticia a de qui tenir.
« Mon père était inspecteur des écoles. C’est un grand notable à Pointe-Noire. Aujourd’hui à la retraite, il gère un bar/restaurant à Mvoumvou. Ma mère, Pierrette Bounsana, enseignante, exerce également le petit commerce au grand marché de Pointe-Noire » retrace cette compatriote qui se sent dans le monde des affaires comme un poisson dans l’eau .
Nous sommes dans le cas précis de l’identification au modèle parental et du mimétisme culturel.
« J’ai également un oncle, Jean-Pierre Nsongola, propriétaire d’un restaurant à Choisy-le-Roi en région parisienne, "Nganda Tsié-Tsié". Ma tante, Joséphine Doloir, la sœur de Jean-Pierre, possède une galerie d’art à Dallas aux Etat-Unis » ajoute-elle non sans fierté légitime.

Etagère achalandée

En clair, elle tient le goût des affaires de sa lignée maternelle. On dit de ces sociétés visitées par le protestantisme que l’esprit capitaliste y est très développé. Certains ajoutent que faire du commerce est quasiment une religion chez les kongo, comme l’est la pratique des tontines (l’épargne traditionnel) chez les bamiléké du Cameroun, ces radicaux du cumul financier.
Le commerce est un don familial, certes. Toutefois, il y a lieu de préciser qu’il faut un cadre démocratique de paix pour que cette religion ait des adeptes à la piété absolue.

Les tendances du commerce black sur la Côte

Sis au 35 rue Gounod à Nice, non loin de la gare centrale SNCF, Tendance Métiss est une société qui a vu le jour voici moins d’un an (avril 2007). La capitale azuréenne, haut lieu du conservatisme provençal, est loin de Paris et relativement éloignée de la métropole phocéenne (Marseille).
Le marché de l’esthétique intercommunautaire reste donc à conquérir, les opportunités sont nombreuses, la demande est forte, l’offre faible. Nous sommes loin de la saturation asphyxiante que connaît Château Rouge à Paris.
Reste que les goûts sont les mêmes de Paris à Nice. C’est sûrement ça la mondialisation de la beauté univoque.
En tentant le terrain niçois Léticia, également négociante en parfum, a eu le bon flair. Bien entendu, Léticia est consciente de n’avoir pas débarqué sur un terrain vierge de la moindre agressivité. Raison pour laquelle elle doit faire face à une rude concurrence, caractéristique du système libéral.
« Ce fut un projet muri de longue date. J’ai attendu d’avoir mes enfants, de les chouchouter, les scolariser avant de me lancer dans ce business » dit-elle satisfaite de son parcours prémonitoire. En effet, entreprendre une affaire est aussi une forme d’enfantement dont la gestation prend du temps.
« Je compte élargir. Je vais ouvrir un institut de beauté et de soin » projette la jeune capitaliste avec un optimisme positiviste.
N’as-tu pas envie de monter ce genre de commerce dans ton pays, le Congo ?
L’élégante compatriote répond, évasive : « C’est à voir. Toute ma famille est ici en France. Ca me donne de l’assurance d’être à côté de mes fères et soeurs ainsi que mon mari Pierre Herreng et mes deux enfants. »
Ses rapports avec la communauté des Congolaises : « Il y a une solidarité. Mes compatriotes ont la fierté de voir une Congolaise qui a réussi ».
La communauté congolaise de la Côte d’Azur est forte d’au moins deux cents âmes. En théorie c’est une clientèle qui lui est acquise. C’est à elle de la séduire en usant de tous les atouts, aussi bien la fibre nationale voire nationaliste qu’un excellent rapport qualité/prix exceptionnel, ainsi qu’une convivialité sans limite. Convivilité égale : chaleur dans les relations humaines. Or le rayonnant sourire de cette femme d’affaire patriotiquement enracinée fait partie de ses atouts majeurs.

En effet : la boutique est très achalandée. Les crèmes cosmétiques voisinent avec les mèches, les perruques. On y trouve toutes les gammes des produits qui concourent au beau platonicien et plastique : Black opal, Sleek, Botanical, HT26, Fair &White, Makari de Suisse.
Au fond, dans l’arrière boutique, se situe le salon de coiffure. Rien ne manque donc. Léticia a mis toutes les structures de la beauté féminine dans son jeu commercial pour satisfaire une clientèle également caressée par les concurrents moyens et extrêmes orientaux.

Tendance sapelogie

Tendance Métiss est une boutique très glamour, à l’image de sa patronne, sapélogue comme peut l’être tout Congolais. L’obsession esthétique que le reste de l’Afrique remarque chez les congolais trouve chez Tendance Métiss une illustration achevée. Léticia Theousse nous a reçu dans une mise "très classe" : un impressionnant Jean’s Marithé François Girbaud, polo Versace, des bottes kenzo.

Costumes et cosmétiques vont de pair. De gauche à droite Milos, Léticia

A ses côtés on a remarqué Milos de Mouangassa mia-Ndoko « l’homme à abattre » (sic). Milos est sapélogue (celui qui a dépassé le stade de la sape). L’extra-sapeur respecte la fameuse "règle de trois", dictature à laquelle se plie le sapelogue averti. Milos porte un blazer Carven sport, chemise et togeAlain Figaret, pantalon Marithé, son bottier, Weston, dont il chausse sa chaussure la plus agressive tirée de l’épiderme d’un saurien.
Milos, soit dit en passant, collectionne une dizaine de souliers de cet Agnelli du cuir (entendez J-M Weston, le cordonnier des aristocrates). Un vrai maniaque du chiffon, cet enfant de Poto-Poto !

Certes la boutique est jeune, à peine un an d’existence, mais on voit au dynamisme de sa patronne qu’elle a un avenir prometteur.

L’Acca, la Chorale des 2 Rives, Bana Poto-Poto (autant d’associations congolaises locales) la diaspora africaine de la Côte (RDC, Cap-Verdiens, Sénégalais, maliens, Guinéens, Ivoiriens, Togolais, Béninois, Gabonais, Centrafricains, Camerounais, Comoriens...) ont désormais, en matière du beau, du bon et du prix abordable, une « livraison à domicile » en bonne et due forme.
Rien que pour ça, il fallait qu’on remerciât Léticia. Gracias.

Tendance Métiss a pignon sur rue

Tendance Métiss :
35 rue Gounod, 06200 Nice
Tél : 0493829702
Ouverture :
Lundi, Mardi, Jeudi, Vendredi, Samedi, de 9h à 19h, non stop.
Fermeture : Mercredi et dimanche.

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