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Mon adieu à Wangari Maathai

Ma très chère,

Avec quels mots, quelles figures de style vous rendre un vibrant hommage ? J’avoue que je suis désarçonné. Bouche bée ! En effet, c’est avec une tristesse indicible que j’ai appris votre disparition ce lundi 26 septembre, à l’âge de 71 ans, des suites d’un cancer. Une disparition qui sonne comme "une mauvaise nourriture pour l’âme".

Je vous ai connue dans l’avion qui nous ramenait de Washington à Paris, un jour d’été. Puis nous nous sommes revus à Brazzaville, en Novembre 2008. La dernière fois que nous nous sommes retrouvés, c’était il y a moins d’un an. Et, à chacune de nos retrouvailles, vous égayiez mes instants tant par la hauteur de vos vues que par l’océan de votre convivialité. Vous étiez une sommité de la simplicité.

Je ne partageais pas toutes vos convictions. Et pour cause : je ne suis pas un ayatollah du Développement durable, de l’Ecologie ou de l’Environnement. Je répugne à toutes ces notions : elles me paraissent éloignées des combats nécéssaires. Mais vous respectiez mes convictions comme je respectais les vôtres. A vrai dire, vous m’infligiez une vraie leçon de tolérance, moi qui viens d’un pays de dictateurs et autres censeurs de l’intellect.

Prix Nobel de la Paix 2004

Oui, vous étiez une naïade intellectuelle inclassable. Derrière vous, il y aura un vide complet : des femmes (voire des hommes) de poigne comme vous, il n’y en a pas beaucoup sur terre.

Je vous enviais : vous aviez réussi là où beaucoup d’autres (moi-même y compris) ont échoué. Vous aviez su donner un sens à votre vie, tel Saint-Paul sur la route de Damas. Chez vous, le mot "sens" acquérait toute sa noblesse ; "le mot se faisait autre. Il montait telles des volutes de fumées opiacées en arabesques de volupté." Pourtant, vous faisiez profil bas. Jamais vous ne parliez de votre Prix Nobel 2004, comme si cette grande récompense était lourde à porter pour vous. Quelle personnalité !

C’est donc abattu que j’écoute en boucle Etape de Zaïko Langa-Langa : "Le bonheur se noie dans le chagrin... Nul lieu sur cette terre ne peut nous être refuge. Car partir, toujours partir, telle est la loi suprême."

Puisse la terre vous être généreuse ! Salut l’artiste !

Bedel Baouna

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