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Sassou, Paulin Makaya et les Institutions

Au Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, le PCT et les épigones du « Chemin d’avenir » ne se posent plus de limites. Fort du soutien de l’Elysée, du Quai d’Orsay, du lobby militaro-industriel français dans le projet de référendum du 25 octobre 2015 qui a abouti au changement de la Constitution du 20 janvier 2002 et auréolé par l’invitation à la cop 21, Denis Sassou Nguesso se permet tout. Il ose tout. Il se sent pousser les ailes.

Rien ne se dresse sur son chemin d’avenir. On aurait pu attendre des mises en garde de la fameuse communauté internationale. Il n’en a rien été. Les populations du Congo-Brazzaville qui ont payé un lourd tribut se sentent abandonnées dans cette bataille contre la dictature de Sassou Nguesso. Il ne reste pus qu’à Sassou Nguesso à marcher sur l’eau.

A telle enseigne, Simon Mavoula a titré son article sur congopage.com : « Sassou, le chanceux. Sassou a la baraka (chance en langue arabe). Depuis qu’on le soupçonne avoir financé la 21ème conférence sur le réchauffement climatique, on aurait pu penser qu’il il y aurait avis de tempête dans le calendrier politique de Sassou. Il y avait de quoi présager une giboulée voire une tempête de neige dans son parcours. Mais c’était compter sans la chance. Un cortège de manifestants, en effet, avait promis lui faire sa fête à l’occasion de son arrivée à Paris. Malheureusement l’état de siège décrété en île de France par les socialistes a gelé toute liberté de mouvement de foule susceptible de briser la tristesse. Ce gel touche, bien entendu aussi, les Congolais » (Congopage.com, 26 novembre 2015).

Après le crépitement des balles, après les tueries des militants des quartiers sud de Brazzaville les 20, 21 et 22 octobre 2015 pendant que les habitants des quartiers nord se la coulaient douce et la mort des militants à Pointe-Noire, après la pulvérisation des bombes lacrymogènes et après le vrombissement des hélicoptères de combat, l’intimidation se poursuit par une vague d’arrestations des militants et des leaders politiques de l’opposition. Le dernier a gouté aux affres de Denis Sassou Nguesso est Paulin Makaya qui faisait cavalier seul. Ceci explique peut-être les réactions timorées de la plate-forme IDC-FROCAD.

Opangault/Youlou

Par solidarité à Paulin Makaya, les leaders de l’alliance IDC-FROCAD auraient dû se proposer prisonniers à l’instar de Jacques Opangault en soutien à l’abbé Fulbert Youlou, embastillé en 1963 par les révolutionnaires. Les leaders de l’alliance IDC-FROCAD sont mal inspirés d’adopter un profil bas et de retenir leurs coups quant à l’incarcération de Paulin Makaya. Car, demain, les leaders de la plate-forme IDC FROCAD risquent d’être mangés à la même sauce. Hier, c’était Le colonel Marcel Ntsourou. Aujourd’hui, c’est Paulin Makaya. A qui le tour ? Guy Brice Parfait Kolelas, André Okombi Salissa et Pascal Tsaty Mabiala sont déjà dans le viseur de Denis Sassou Nguesso. Qui l’en en empêchera ?

Déféré à la maison d’arrêt de Brazzaville le 1er décembre 2015, trois chefs d’accusation ont été notifiés à Paulin Makaya : détention illégale d’armes de guerre, participation à une marche pacifique non autorisée et complicité d’incendie des édifices publics. Des chefs d’accusation fabriqués de toute piéce par le procureur colonel Oko Ngakala sur instructions de Sassou Nguesso, Aimé Emmanuel Yoka et Jean Dominique Okemba.

Par les actes et les paroles, Sassou Nguesso s’emploie
à montrer qu’il est loin d’être assimilé à un vieux lion édenté. A ce titre et avec le concours du procureur colonel André Oko Ngakala, Jean-François Ndengué, Philippe Obara et l’adjudant Ata de la brigade de répression du banditisme (GRB), Sassou Nguesso projette l’arrestation et l’emprisonnement de Guy Brice Parfait Kolelas, André Okombi Salissa et Pascal Tsati Mabiala. Les vraies fausses preuves de leur éventuelle inculpation sont prêtes sur le bureau du colonel procureur. Il est des périodes d’ouverture et d’autres de fermeture. En matière de droit, le Congo-Brazzaville vit une forme particulièrement sévère de
ce second type depuis le 5 juin 1997, date du retour aux affaires à la faveur d’un putsch de Denis Sassou Nguesso, l’ex-marxiste primitif qui défilait en uniforme foulard rouge au cou.

Impunité

Personne ne sait où s’arrêtera cette dérive étant donné que Sassou bénéficie d’une impunité de la communauté
internationale depuis qu’il est lesté du costume de médiateur dans la crise centrafricaine et de bailleur de fonds de l’Afrique et de financier de grandes conférences internationales telle la cop 21 : un intouchable. Toutefois, à l’approche de 2016, année de
l’échéance présidentielle, chacun perçoit clairement les signes de son approfondissement. Embastillement des avocats,
fermeture des journaux critiques à l’égard du pouvoir, attaque contre les libertés syndicales, intimidation d’hommes politiques de l’opposition, arrestation musclée d’anciens alliés, emprisonnement d’adversaires, mises à résidence surveillée de personnalités politique, séquestration des leaders de l’opposition, fermeture de l’espace politique chaque jour davantage privatisé entre les mains de politiciens qui n’hésitent plus à passer outre la volonté populaire, fermeture théorique et intellectuelle aussi qui conduit à occulter certaines interrogations sur la nature de la démocratie et le caractère non démocratique des institutions Du Congo-Brazzaville… N’en jetez plus.

Deux Constitutions

Le Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso est clairement une dictature. Aujourd’hui, à la fin de l’année 2015 et à l’orée de l’année 2016 , année de l’élection présidentielle, deux constitutions cohabitent : celle du 20 janvier 2002 et celle du 6 novembre 2015 qui aurait dû entraîner le gel de toutes les institutions, y compris la présidence de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat... Un acte fondamental devrait régir la période de l’entre deux constitutions jusqu’à la prestation de serment sur la Constitution du 6 novembre 2015 du nouveau président élu. Une véritable monstruosité institutionnelle que seuls Sassou Nguesso et Aimé Emmanuel Yoka savent fabriquer. Le « chouchou  » de la communauté internationale marche allégrement sur les institutions du Congo-Brazzaville tel un éléphant dans un magasin de porcelaines.

Denis Sassou Nguesso donne du tournis à la plate-forme IDC-FROCAD qui ne sait plus par quel bout le tenir et par quel côté le contrer.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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