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Un citoyen congolais réagit à l’interview accordée à Jeune Afrique l’Intelligent par le président en exercice de l’UA et Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso.

En tant que congolais et lecteur de ce journal, j’ai été interpellé par quelques réponses qui selon moi sont sans fondements ne servant qu’a remplir les pages du journal et à berner le peuple congolais.

Denis Sassou Nguesso s’est prêté en tant que président de l’Union Africaine aux questions relatives à la situation de l’Afrique. Sur ce chapitre rien à dire car il à été très précis et surtout rassurant à mes yeux. Par contre en ce qui concerne le Congo, force est de constater que les réponses à certaines question ne sont pas pertinentes et qu’aucune volonté manifeste n’existe sur le sort de la population congolaise qui traverse des moments difficiles et qui attend des réformes.

Au regard de la manne financière dont a bénéficié le Congo durant l’année 2005, en raison de l’augmentation du cours du pétrole. Il nous semble tout à fait légitime que le peuple congolais demande en retour une amélioration substantielle de la situation sociale, à contrario de ce qui est constatable sur le terrain. Nous soulignerons que TOTAL, premier exportateur de pétrole congolais a enregistré au cours de ce même exercice une prise de bénéfices de près de 12 milliards d’€ reconnus par la direction au cours d’une conférence de presse Il serait absurde de supposer que le Congo, producteur et exportateur d’or noir n’ait pas bénéficié de cette même manne

Parmi les questions posées par François Soudan (possédant des liens matrimoniaux avec la famille présidentielle, à ce qu’on dit) trois nous ont particulièrement interpellé.

Question : Comment expliquez vous que les congolais, vos compatriotes, n’aient toujours pas l’impression de bénéficier dans leur vie quotidienne des bienfaits de la manne pétrolière. Problème de communication ?

Réponse : « C’est possible. En effet de quelque impatience aussi, que je peux du reste comprendre. Mais enfin regardons les choses en face de juin 1991 à octobre 1997, pendant six ans ce pays a connu une sorte de dérèglement généralisé, alors que nous n’étions plus aux affaires. Pendant toute cette période, le Congo a cumulé près de dix-huit mois d’arriérés de salaires.dix-huit mois, en dépit des revenus du pétrole qui n’a jamais cessé de couler, quel gâchis ! Depuis janvier 2000, tous les salaires sont régulièrement payés en temps et en heure. Nous avons remis en marche un pays qui était à l’arrêt. Lorsque nous sommes revenus en octobre 1997 ; il n’y avait ni eau, ni électricité, ni écoles, ni marchés, ni banques à Brazzaville. Tout ce qui a été construit et reconstruit depuis, l’amorce d’espoir que nous avons redonné à notre peuple l’a été sur nos propres ressources, sans l’aide de quiconque. Centrale thermique et barrage en construction, réhabilitation complète de villes de l’intérieur comme Impfondo et demain Dolisie : les investissements en cours sont très importants, croyez moi. Maintenant, je dis pas que le peuple n’à pas de problème. L’eau, l’électricité, la santé, tout cela nécessite encore beaucoup d’attention. »

Analyse : Denis Sassou Nguesso a beau jeu de mettre sur le dos de son absence aux affaires la ruine et la destruction du pays auquel il a largement contribué. Il est cependant conscient que le peuple baigne dans les problèmes même si rien ne lui permet d’apprécier à quel point il souffre. Son action en faveur de la paix en Afrique dans les pays qui ne sont pas le sien et le tableau flatteur qu’il fait du Congo entretiennent l’illusion auprès de l’opinion internationale qu’il est victime d’une cabale.

Prétendre que depuis 2000 le pays est reconstruit est une contre vérité absolue. Dire que des villes comme Impfondo ont été entièrement reconstruites est un mensonge auquel lui même ne peut pas croire. Quand sa fortune le hisse dans le cercle très fermé des hommes les plus riches du monde et que son pays manque de tout y compris de l’élémentaire, il le fait postuler, sans même y parvenir, à bénéficier du statut de Pays Pauvre Très Endetté. Certes, le pays est endetté, endetté de la pression des détournements et des dépenses somptuaires que Sassou, sa famille et son entourage font subir aux recettes. Sans parler des privatisations qu’ils exercent à leur bénéfice unique.

Une foultitude de chantiers n’arrivent pas à terme parce que les entrepreneurs ont « bouffé » l’argent. Sont-ils punis ? Certes non, on leur redonne des marchés d’Etat qu ne fonctionneront pas mieux que le précédent. Avec qui partagent-ils l’argent de telles escroqueries pour ainsi bénéficier d’absolue impunité ? La malversation financière atteint son apogée. Le Président n’a qu’un argument/ordre à fournir : « Croyez-moi ».

Question : La fonction publique pèse lourdement sur le budget de l’état. Trop lourdement aux yeux des financiers internationaux. Y’a-t-il des fonctionnaires fictifs au Congo ?

Réponse : Probablement. Un recensement rigoureux des effectifs, qui pourrait révéler quelques surprises, va être effectué par une institution extérieure indépendante. Mais il est hors de question de jeter la pierre aux fonctionnaires en tant que tels. Vous savez que leurs salaires ont été amputés de 15% en 1995 et n’ont pas été révélés depuis.suite à une négociation avec les syndicats, il a été décidé de rattraper ce niveau en trois ans à raison d’une augmentation de 5% par an jusqu’en 2008.

Analyse : Si la fonction publique congolaise est pourrie sur l’ensemble de sa stratification, c’est qu’elle s’est dégradée par la tête. Patrons d’administrations nommés en fonction de leurs accointances avec leur ministre qu’elles aient été familiales, ethniques ou de choix politique. Nomination de chefs de service ne dépendant que des mêmes impératifs et jamais sur la compétence ou l’expérience. Gamins aux diplômes pas encore secs se prenant pour des caïds et exigeant des salaires d’experts. Racket de la base par la maîtrise, de la maîtrise par l’encadrement et de l’encadrement par la direction ont poussé tous les échelons a abuser du peu de pouvoir que chacun d’eux disposait au dépens des administrés. Comment obtenir le moindre papier sans matabiche, le plus petit coup de tampon doit être justifié par le besoin d’acheter l’encreur.

Chaque ministre, chaque DG, chaque DD traine avec lui la liste de ses travailleurs réels mais inutiles ou fictifs. Les salaires de misère réévalués de 15% sur 3 ans quand ils n’ont pas bougé depuis 20 quand le coût de la vie à explosé vers des tarifs résolument prohibitifs ; l’école publique qui ne vaut plus rien et qui force à envoyer les enfants dans le privé, le coût de la santé lui aussi tributaire de la corruption des soignants, tout ceci pousse à l’abus à l’arnaque et au vol systématique de toute personne se présentant à un guichet.

L’effet le plus pervers est qu’aujourd’hui habitués à de l’argent facile, même payés régulièrement avec des salaires réévalués, les fonctionnaires ne peuvent plus changer de mode de vie, sinon, exit voiture(s), maison(s), « bureaux » et scolarité des enfants.

Par son exemple, son laxisme, son incapacité à réprimer les fonctionnaires délinquants, le gouvernement a ouvert la porte à son pourrissement. Une seule solution aujourd’hui : l’audit de toutes les administrations et tous le fonctionnaires et l’élagage de toutes les branches pourries.

Enfin pour finir monsieur le président s’est prêté a cœur ouvert à un jeu du célèbre « questionnaire de Proust » une seule question a attiré mon attention !

Question : Quelle image voudriez-vous que l’on garde de vous ?

Réponse : Celle d’un homme qui a fait ce qu’il a pu pour son pays et qui l’a servi jusqu’au bout.

Analyse : Sassou inverse les termes. La postérité gardera l’image d’un homme qui s’est fait servir par son pays qui a tout fait pour le satisfaire sans rien recevoir en contre partie.

AW

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