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Liquide inflammable

Djeno échappe à Total

Les histoires d’amour finissent mal en général (chantaient Les Rita Mitsouko). Une histoire qui finit bien, c’est souvent le signe probablement qu’elle n’en était pas réellement une.

Au Congo-Brazzaville, dans la relation incestueuse qu’entretenait le khalife d’Oyo Denis Sassou Nguesso et la firme pétrolière française Total, c’est « je te tiens par la barbichette, tu me tiens par la barbichette » : le pouvoir politique pour Sassou Nguesso au Congo-Brazzaville et la garantie de l’approvisionnement énergétique pour la France. Les deux tourtereaux, Brazzaville et Paris, filaient le grand amour. En 1997, Denis Sassou Nguesso n’avait-il pas bénéficié de l’aide logistique, militaire et financier du mastodonte pétrolier Total pour évincer du pouvoir Pascal Lissouba ?

Divorce

Le 18 novembre 2020 , au Congo-Brazzaville, la concession du Terminal de Djeno dont bénéficiait Total E&P Congo (63%) aux côtés d’ENI Congo (37%) prendra fin. La firme pétrolière française Total caressait le vœu de rempiler, sans coup férir, comme d’habitude depuis plusieurs décennies. Total était en terrain conquis. L’enjeu financier pour la reprise du Terminal de Djeno a été fixé par le despote Dénis 1er qui réclame 600 millions d’euros (soit environ 450 milliards de FCFA) : 50 milliards x 4 (mois de salaires) pour s’assurer d’un bon climat social ; 100 milliards pour l’organisation des élections ; 150 milliards pour l’achat des consciences et des protections ! Si l’on sait qu’administrativement les élections coûteront 20 milliards à préparer, le solde de 230 milliards de FCFA servira essentiellement à la corruption, à l’achat d’armements et à l’enrichissement personnel des Nguesso !

TOTAL rechignerait à allonger un pareil montant. Le clan des Nguesso menacerait de confier le Terminal de Djeno à un partenaire chinois ou turc ; ce qui permettrait de lui adjoindre un associé local, AOGC-PETROCONGO (congo-liberty.com, 7 septembre 2020). C’est la firme pétrolière turque qui tient la corde. Les tractations entre Brazzaville et Paris ont accouché d’une souris. Le non-renouvellement de contrat du Terminal pétrolier de Djeno au groupe français Total est acté, et une possible exploitation à venir par la compagnie pétrolière TÜPRAS ou Türkiye Petrol Rafinerileri a.s. La TÜPRAS est la société pétrolière nationale et la plus grande entreprise industrielle de Turquie. Ses activités sont reparties entre le transport par tanker, le raffinage et le stockage. Il y a aussi la société pétrolière chinoise Wing Wah qui serait en lice.

La part du lion

Dans la galaxie des sociétés qui opèrent au Congo-Brazzaville, Total occupe une place dominante. Une place de choix où s’enchevêtrent exploitation pétrolière et diplomatie parallèle. Premier producteur de pétrole au Congo-Brazzaville, Total s’est taillé la part du lion en raison des liens privilégiés du Congo-Brazzaville avec la métropole. En dépit de la crise économique consécutive au tête-à-queue causé par la crise sanitaire du covid 19, Total arbore une santé financière insolente. Pour le renouvellement de la concession du terminal pétrolier de Ndjeno, Denis Sassou Nguesso a placé la barre très haut. 600 millions de dollars, sinon rien. Une barre infranchissable pour la major pétrolière française Total.

Sentence

La décision est tombée comme un couperet. Le ministre des Hydrocarbures, Jean-Marc Thystère Tchicaya a déclaré : «  Nous avons un terminal de Djeno dont la concession arrive à échéance le 18 novembre. Ce terminal aujourd’hui a été exploité, opéré par un consortium, avec à sa tête Total E&P Congo. A partir du mois prochain, il va appartenir à 100% à la République du Congo » (Les dépêches de Brazzaville, 1er octobre 2020). Tonnerre de Brest dans un ciel orageux.

Au Congo-Brazzaville, Total est un Etat dans un Etat. Quelle va être la réaction de Total face à cette infidélité de Sassou Nguesso ? Ainsi, la velléité d’opérer Djeno en 100% SNPC, est une rupture du contrat tacite signé entre Denis Sassou Nguesso et les pétroliers Total et ENI. La SNPC dispose-t-elle des compétences logistiques, techniques et technologiques nécessaires et suffisantes pour assurer le bon fonctionnement du terminal pétrolier de Djeno ?

En Afrique francophone, la firme pétrolière Total fait et défait les pouvoirs. Au Congo-Brazzaville, les jours de Denis Sassou Nguesso sont-ils comptés ? Le fils de « Mama Mouébara  » s’appuyera-t-il sur l’aide financière, sécuritaire et militaire de Recep Tayip Erdogan dans la galère duquel a été soigné Jean-Marie Michel Mokoko ?

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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