par Nyelenga » Mar 01 Oct, 02 11:45
Posté le: 29 May 2002 20:18 Sujet du message: La fille de Missolobélé
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Quand Michel Diakouansamou revint à lui. Il était entouré de tous les habitants de Mbénguène. Des « ndeysaane » fusaient de toutes les bouches de ces visages qui le regardaient avec empathie. Il se sentit fils de ce village, fils de Mbéguène. La souffrance unit ; elle ne connaît pas de frontières ; elle se partage parfois mieux qu'un plat de riz au poisson (tchiébou jen) ou de feuille de manioc (saka-saka)! Là-bas, dans son village, les mêmes bouches humaines des mêmes visages humains auraient dit «Mawa hé ! ». Dans un autre village, on aurait dit « Yakô !» , dans un autre « mâasâ » et dans un autre encore on se serait exclamé en appelant Dieu au secours « Ayô mba na Loba hé ! »
Michel Diankouansamou croyait en la solidarité humaine comme il savait les humains capables d'inhumanité, des pires atrocités. Il pensa à ses deux fils : deux larmes perlèrent de part et d'autre de ses joues. Il ferma les yeux...
Tout à coup, un âne se mit à braire. Les têtes de toutes ces personnes venues partagées la douleur de Michel Diankouansamou se tournèrent du côté d'où venaient les braiements de l'âne. Un tourbillon de poussière s'approchait du village. Les visages étonnés se durcirent un instant. On cligna des yeux ! Un cavalier ? D'où pouvait venir un cavalier ? Depuis l'époque des Buur, on avait plus vu de vrais cavaliers par ici !
Le tourbillon de poussière s'approchait et on y distinguait de plus en plus, non pas la forme d'un cavalier mais celle d'une cavalière assise sur son cheval à la manière des femmes, c'est-à-dire pas à califourchon. Le cheval avait une robe couleur peau noire d'Afrique : une femme chevauchant l'étalon du Yennenga !
Elle freina net à côté de Michel Diankouansamou ; d'un bond, descendit de sa monture, remonta son pagne sur la tête pour se couvrir et salua :
-« As salam aleikum !
- Aleikum salam !
- Avez-vous la paix ?
- Par la grâce de Dieu !
- Comment va ce village ?
- Bien, Dieu merci !
- Et la saison, a-t-elle été bonne ?
- Pa la grâce de Dieu !
- Et le bétail, s'est-il enrichi de quelques têtes ?
- Nous en remercions Dieu !
- Et les enfants du village, j'espère qu'ils se portent tous bien !
- Dieu veille sur ses bouts de bois !
- Le village n'a pas souffert de la famine ?
- Dieu veille, merci ! »
Un homme se détache de la foule, c'était le porte-parole du marabout :
- « Ma soeur, quel est ton nom ?
- Misssowaogo !
- As-tu la paix Missowaogo ?
- La paix seulement ?
- D'où viens-tu avec cette fatigue ?
- Je remercie Dieu, je viens du Nabadougou !
- Là-bas à Nabadougou, nos frères ont-ils la paix !
- Ils remercient Dieu !
- Tu peux me suivre, le marabout va te recevoir ! »
Un gamin de 12 ans s'empara du cheval à la robe de peau africaine et alla l'attacher au pied du caïlcédrat du village.
Missowaogo suivit le porte-parole du marabout dans la case de ce dernier. Tout le village se demandait qu'était venue faire cette femme à cheval. Ici, on ne dit pas « étranger ou étrangère », on dit « invité ou hôte » !
Quand Missowaogo sortit de la case du marabout, ses yeux crachaient la fumée et son pagne exhalait un parfum de tchouraï (encens) jusque là jamais senti dans Mbèguène. Elle s'accroupit aux côtés de Michel Diankouansamou, le prit par le bras et dit : « On y va ! Mon père Missolobélé t'attend ! »
Nyelenga
Dernière édition par Nyelenga le 30 May 2002 15:34, édité 1 fois
Posté le: 30 May 2002 09:04 Sujet du message:
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Il ne fit pas un pas. L'enfant dut reprendre sa requête par deux fois, pour s'assurer que Dikansamou avait bien entendu. Celui-ci avait le regard vide, tourné vers un lointain qu'il ne voyait pas. Quelques gouttes de sueur perlaient surson front plat. Il se ressaisit, s'ébroua et adressa un sourire tendre à l'enfant :
- Dis à ton père, fit-il, que je mets mes affaires en ordre ; je le rejoindrai avant le coucher du soleil. Aujourd'hui même il entendra parler de moi.
L'étrange délégation s'évanouit dans le néant. De leur passage, pas même la trace des sabots du cheval, ni les déjections de l'âne. La contrée était baignée d'une lumière qu'on dirait posée à dessein. Le violet de l'infini contrastait avec le jaune or du désert commençant. Pas même un oiseau ne chantait pourtant. Il comprit le signe et se mit en situation.
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Le verre était là, à côté de son lit, maculé du rouge à lèvre de Parfaite Himbou, sa femme. Il l'avait gardé comme une relique, un signe de présence d'un être au loin, à côté de ses levers et couchers quotidiens. Le verre était là, posé sur une Bible à reliure noire.
La première tentative ne donna rien. Car remplissant son verre d'alcool fort à ras-bord, il farfouilla dans son armoire et en retira six cachets d'un quelconque produit. Il se recoucha donc et attendit : « je vais planer », dit-il. Or il n'en fut rien. Jusqu'à l'aube suivante, ses yeux étaient toujours grands ouverts et commençaient à le piquer.
Lui revinrent alors en mémoire les événements de la veille et la promesse faite à l'enfant. Il se leva, tituba, vit le monde tournoyer, puis s'abattit sur le sol, un sourire aux lèvres. Heureux, enfin.
Benda Bika
Posté le: 31 May 2002 12:46 Sujet du message:
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Etait-il vraiment heureux ? Il le crut au moment où il tituba. Missowaogo le regarda : elle était partagée entre le dégoût et la pitié. Son père lui avait toujours appris qu'un homme ça ne craquait pas, c'était solide ! Son père lui avait parlé de Diakouansamou comme d'un dur : elle découvrait un être faible ! Non, elle ne fera pas la route avec lui ! Elle ira seule, dans le Pays qui tue !
Elle le fixa là par terre, à l'endroit où il s'était écroulé. Elle ressentit de la tristesse et une grande lassitude. Pourquoi ? Pourquoi de telles choses n'arrivaient-elles qu'à elle ? Pourquoi Diakouansamou qui, selon les dires de son père, avait traversé tant de contrées à la recherche de solutions qu'il a toujours trouvées, pourquoi Diakouansamou qui avait bravé toutes les milices du Pays qui tue a-t-il attendu qu'elle vienne le chercher pour se donner la mort ? Pourquoi a-t-il choisi cet instant ? Pourquoi ne s'est-il pas tué tout de suite après avoir parlé au téléphone avec sa femme ? Quelle responsabilité voulait-il lui faire porter à elle Missowaogo, la fille unique de son père ? Pourquoi a-t-il attendu qu'elle arrive pour tenter de se donner la mort ?
Toutes ces questions tourbillonnaient dans sa tête ! Elle regarda encore Michel Diakouansamou étalé par terre, et elle eut envie de hurler. Hurler sa colère, sa révolte à la face de ce monde injuste où les plus forts tuent les plus faibles et où les plus faibles usent de cynisme pour faire porter aux innocents le poids des responsabilités dont ils ne sont pas coupables. Elle voulut cracher par terre comme on crache de dégoût, mais elle n'avait plus de salive. Elle avait souffert depuis le décès de sa mère qu'elle n'avait pas connue : cette mère qui s'en est allée en lui donnant la vie, parce que des armes en armes les pourchassaient alors que le travail avait déjà commencé. Elle avait été élevée par son père qui n'avait plus eu la force de ne rien faire d'autre si ce n'est de l'élever.
Dans l'état où il se trouvait, elle ne pouvait transporter cet homme sur son cheval. Elle décida donc de passer la nuit là par terre, à côté de lui, à surveiller chaque mouvement de son corps, chaque inspiration et chaque expiration. Pourvu qu'il ne s'en aille pas comme ça !
Elle se souvint de la mort de son cousin : celui qui avait été initié en même temps qu'elle et qui était devenu par la puissance de l'initiation, son frère jumeau ! Elle leva la tête vers le ciel et se demanda s'il était là parmi les étoiles, s'il pouvait lire la détresse de son âme, l'échec de sa vie qui s'annonçait. Comment allait-elle se présenter devant son père et lui dire qu'elle avait échoué dans cette première mission et que Michel Diakouansamou qui avait supporté toute une vie d'errance, de frustrations, de traumatismes, de privations, d'injustices, de tortures morales et psychologiques, comment et pourquoi avait-il décidé aujourd'hui et maintenant de se donner la mort, alors qu'elle venait pour lui apporter secours ?
Il n'y eut qu'une réponse à ses interrogations : Michel Diakouansamou était un être foncièrement égoïste qui n'aimait personne, qui n'aimait que lui -même et s'il s'était évanoui à l'annonce de l'enlèvement de ces deux fils, c'était encore par amour pour lui-même et non pas chagrin pour ses fils. Michel Diakouansamou ne pouvait aimer que lui-même : pas une autre personne !
Nyelenga
Posté le: 05 Jun 2002 12:14 Sujet du message:
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Missowaogo se tint debout devant son père Missolobélé ! Ils se regardèrent. Une puissante énergie passa du père à la fille et de la fille au père. Missolobélé baissa les yeux. Il comprit que le moment était venu ! Il ne pourrait pas échapper à son destin ni sa fille au sien. Il fit une dernière tentative d’invocation, la tentative de l’homme désespéré qui veut arrêter le temps ou changer le cours de l’histoire !
-« Esprits de mes pères, je vous en conjure, ce n’est qu’une fille ! Vous m’aviez promis des fils et je n’ai qu’une fille, c’est la seule garantie pour mes vieux jours ! »
C’est alors qu’il aperçut la lame qui avait servi, il y a des années, à faire de lui un homme ! Le cheval s’ébroua quelques secondes et se calma. Missolobélé comprit le message de l’étalon du Yennenga. Mais il n’entendait pas abandonner si facilement. Il s’adressa à sa fille :
-« Tu n’es qu’une petite fille ! Le pays où l’on t’envoie est un pays qui tue ses propres enfants et tu n’es qu’une moitié d’enfant de ce Pays… »
- « Père, l’interrompit Missowaogo, ma mère fut une Ouédraogo, ne l’oublie pas ! Et chez les Ouédraogo nous sommes liés à jamais avec la volonté de nos morts. Moi je n’étais pas là quand je venais au monde et que ma mère en est morte. Mais toi comme tout le monde m’avez dit que ma mère n’avait qu’une douleur : celle de ne pas avoir connu cette femme qui t’a donné la vie : ma grand-mère, restée là-bas au Pays qui tue ! Et l’oiseau, Père, ton oiseau –compagnon nous avait bien prévenus : mon chemin ne sera pas facile ! Mais j’irai quan même là-bas, retrouver ta mère ! N’ayant pas connu ma mère, je veux au moins connaître ma grand-mère ; ta mère à toi. J’ai attendu trop longtemps et il ne faut pas qu’elle soit tuée avant que je l’aie vue ! »
- « Ils vont te violer, comme ils violent toutes les femmes là-bas ! » fit Missolobélé.
- « Si ce n’est que pour ça, ne t’en fais pas, Père ! J’ai une arme plus redoutable que leurs membranes ! Il faut que j’y aille ! Donne-moi ta bénédiction !»
Missolobélé prit la tête de sa fille entre les deux mains et cracha dessus en chantonnant :
- « Na ho tsétsa mutéko nzari, ntéla mama ka bandzakani kiari… ! » (toi qui descends le long du fleuve, dis à ma mère de ne pas s’en faire)
Au loin, le cri d’un oiseau reprit le chant pourtant entonné à voix à peine audible par Missolobélé :
-« Kâ ma pâpâ mani mpo ni lundila mwana, boutsana … ! » (et mes sandales, je les conserverai pour mon enfant, quelle tristesse !)
Sur ce, l’étalon du Yennenga, le cheval des merveilles lança :
-« Oli dza mbia ili o nzoro hé , w’ébaga, otsaga l’otéma ! A hiru a mbaga a nzaga éwa yo menga a ngongo a yaga éwa yo ! » ( calmement assis, tu ne sais pas qu’une affaire est en toi, homme, il faut avoir du cœur ! Les femmes d’autrefois ne sont-elles pas mortes pour des causses nobles afin que celles d’aujourd’hui n’aient plus à craindre la mort ?)
Missolobélé comprit définitivement que nul n’échappe à son destin : sa fille non plus n’échappera pas au sien. Il se leva, tourna les pas et disparut dans sa case à Nabadougou pour ne pas assister à la scène du départ de Missowaogo. Il n’y aura personne pour la supplier de rester : elle n’était pas le Moronaba !
Nyelenga
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Nyelenga
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Posté le: 14 Jun 2002 11:56 Sujet du message:
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Missowaogo éperonna l’étalon du Yennenga qui s’ébroua, poussa un puissant hennissement et s’élança vers la sortie Est de Nabadougou. Les habitants de Nabadogou sortirent en courant de leurs cases et regardèrent, les mains sur les mentons soutenant leurs têtes, la fille de leur défunte cousine, tante, amie, voisine, sœur …s’en aller vers son destin. Un destin que tous savaient semé d’embûches, mais que nul ne pouvait dire à haute voix de quoi il était ou serait fait.
Quand l’étalon du Yennenga fut hors de la vue des habitants ou de quelques passants, Missowaogo frotta de ses talons, les flans de la bête. Deux ailes poussèrent aussi simultanément que spontanément et, le cheval se souleva de terre, tel un avion qui se soulève du tarmac d’un aéroport. La fille de Missolobélé et de Ouédraogo, planait à présent dans les airs, au milieu des nuages. Elle se dit qu’il lui fallait passer par Dori avant de rejoindre le Niger, et de là, elle descendrait vers le Nigéria, puis piquerait sur le Cameroun avant d’atteindre le Pays qui tue. Elle venait de tracer ainsi l’itinéraire qu’elle jugeait le plus rapide.
Quand elle eut à peine fini de fixer son trajet dans son esprit, elle baissa les yeux et aperçut les minarets d’une mosquée qui ressemblait à s’y tromper à la célèbre mosquée de Djenné. Le doute lui traversa l’esprit pendant une seconde : elle ne pouvait pas être au Mali, le Mali n’était pas sur la route qu’elle s’était tracée. Elle effleura de son talon le flan gauche du cheval, qui, fit disparaître ses ailes et se posa devant la mosquée de terre battue. Elle descendit de son cheval, ajusta les pans de sa robe de manière à ce qu’ils cachent le pantalon qu’elle portait en dessous, ramena son écharpe sur la tête de telle sorte qu’elle soit suffisamment couverte pour entrer dans l’enceinte de la mosquée. La mosquée sur la route de Dori ressemblait à celle de Djenné, mais elle n’était pas celle de Djenné.
Le gardien de la mosquée, la voyant se diriger vers la porte d’entrée, s’avança vers elle et lui adressa un « Assalam Aleikoum » qui n’avait rien d’un salut de bienvenue, encore moins d’une salutation de paix. Elle répondit « Maleikoum Salam » en le fixant droit dans les yeux, ce qui fit courir un frisson de terreur le long de la colonne vertébrale du gardien de la mosquée.
- « Je veux prier » fit-elle
- « Mais tu ne peux pas entrer dans la mosquée ! Tu n’es pas assez vieille », la voix de l’homme tremblait.
- « Non ! ! ! Toi non plus tu ne vas pas t’y mettre ! Je ne suis pas assez vieille, je ne suis pas assez vieille ! Toujours la même chanson, dans toutes les mosquées ! Je ne vais tout de même pas attendre la vieillesse pour commencer à prier mon Dieu ? » . Elle était exaspérée, agacée et, cela se voyait !
- « C’est la tradition ! Tu ne peux pas entrer dans une mosquée tant que tu n’es pas ménopausée ! » ; l’homme transpirait maintenant à grosses gouttes, il commençait à réaliser qu’il avait à faire à un être peu ordinaire !
Comme si elle n’avait pas entendu ce que venait de lui dire l’homme, Missowaogo, s’agenouilla, posa son front contre terre et chanta :
« Ku benga njé Mfumu Nzambi, Ngué ni ta bingula ah ah ! Ah Mfumu Nzambi wirikila ndi nsakila miani ! » (Du fond de ma détresse, Seigneur, je t'appelle! ö Dieu tout-puissant entend ma prière!)
Aussitôt, le gardien de mosquée, terrorisé par la puissance de cette voix pourtant fine, une voix de femme certes, mais une voix qui sortait des profondeurs de la terre, saisit la fille de Missolobélé par le pan de sa robe et dit :
-« Elle est à toi la mosquée, tu peux y entrer ! Va et prie ton Dieu ! »
Nyelenga
Posté le: 27 Jun 2002 22:26 Sujet du message:
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Missowaogo s'agenouilla et sortit de la poche de son pantalon une pierre, la pierre qui, dans certaines circonstances remplace l'eau des ablutions. Elle fit les gestes reglémentaires des ablutions et se sentit, du même coup propre, pure.
Elle s'inclina pour le premier rakka, et voulut murmurer "Allahou Akbar". De sa gorge, sortit un seul mot : "Wend!" Et elle fit: "Oh Wend, Oh Dieu, aie pitié, pardonne à mes pères, à mes mères et à moi-même"
Nyelenga
Arcade Kani-Jefferson
Posté le: 28 Jun 2002 14:49 Sujet du message:
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Les astres et les planetes ne se rencontreront jamais, ni les montagnes non plus.
Missowaogo commence a voir claire sur toutes les situations qu'il a vecu.
Tout tourne autour de Missowaogo. Tout ceci se passe pendant la nuit quand Missowaogo se trouve en plein milieu de la cours du village et ses yeux regardent le ciel, il jette ce cri de desespoir:
-Ce n'est pas possible, ce n'est pas vrai sur tout ce tralala qui vient de m'ouvrir les yeux...Oh mon Dieu, puisque le mal est deja fait, comment devrais-je faire pour regler tous ces mensonges et honteux problemes qui n'ont ni tete ni queue? Il se rappelle subitement du mot innocence et se dit: que ceux qui payent les pots casses sont souvent les boucs-emissaires qui sont des personnes interposees. Maintenant il a compris.
Missowaogo venait de voir clair sur toutes les situations qu'ont vecu tout le monde dans le village.
Les astres et les planetes ne se rencontreront jamais certes, oui seulement les humains, les hommes ont le pouvoir de se rencontrer, se parler, se cotoyer afin de trouver les vrais solutions a tous leurs problemes passes et presents. Voila la raison pour laquelle la famille existe et le cercle d'amis existe aussi. Mais tard dans la nuit, un bruit se fait entendre au loin
c'est un hibou qui etait perche sur le toi de la maison du fils de Missolobele. Ce hibou ne venait pas-la d'habitude. que c'est etrange d'entendre un hibou chanter aux premieres heures de la matinee. Non! il ya quelque chose qui ne va pas. La presence de l'hibou, est surement pour annoncer un malheur. Oui, d'apres une legende africaine, la presence d'un hibou est signe de malhuer. Le malheur qui doit surement s'abattre dans la famille mais pas d'une facon iminente. On dire de lui qu'il est un sorcier. Enfant j'ai entendu les gens dire qu'il n'ya pas de difference avec un hibou et un sorcier. Mais notre cher hibou etait probablement venu annoncer des malheurs qui devaient s'abbatre dans la famille...{Je...je ...je reviens demain pour la suite} (A suivre).[/u]
Nyelenga
Posté le: 03 Jul 2002 14:20 Sujet du message:
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Missowaogo se redressa sans trop savoir si elle avait fini ses deux rakkas surérogatoires. Elle se demandait si sa prière était valable puisque le nom d’Allah n’était pas sorti de sa bouche et qu’à la place, elle avait prononcé « Wend », le nom de Dieu en Moré ! Elle secoua la tête et s’approcha du gardien de la mosquée :
- « Dis-moi, homme, le Dieu des musulmans, est le même du celui des Mossi n’est-ce pas ? »
- « Astafourlahi ! » fit le vieux gardien. « Femme, continue ta route, et que Dieu soit ton ombre : qu’Il soit Celui des musulmans ou Celui des Mossi ! »
Missowaogo, sortit de l’enceinte de la mosquée, s’approcha de son cheval dont elle caressa le museau et lui murmura à l’oreille : « Changement de programme, mon ami ! Je crois que nous allons piquer vers Fada-Gourma. Je dois absolument passer par Bogandé, Gayéri et Fada-Gourma. Ensuite nous nous arrêterons à Diapaga avant de quitter le Faso. Ne sois pas mécontent, ce sont là des étapes obligées ! ».
Le cheval piétina d’impatience. Missowaogo, d’un geste preste et inattendu était déjà sur le cheval et lança un « Nê zaãbré ! Pusèrè baraka » (Bonsoir et merci) au gardien de la mosquée qui n’en revenait pas ! Une femme qui entre dans la mosquée, monte à cheval comme un homme ! Wend a parfois de ces choses qu’Il nous envoie !
Missowaogo chevauchait depuis plus de trois heures, quand elle entendit une voix la saluer :
-« Nê yiibéogo ! Bonjour ! »
Elle ne répondit pas : ce n’était pas l’heure à laquelle on salue par un « bonjour » ! Cette voix était une de ces obstacles auxquels elle s’attendait ! Elle ne répondit pas ! La voix reprit : « Yamb kéma mè, comment allez-vous ? » Elle ne s’était pas trompée, la voix venait de la vouvouyer : il ne fallait surtout pas répondre.
Elle se pencha sur son cheval et lui murmura de prendre le galop. Le cheval ne bougea pas. La sueur perla sur le front de Missowaogo.
Dans le crépuscule qui commençait à envelopper la savane, le chant d’un oiseau s’éleva au loin :
« Là nzonzi oto li béya nô Missowaogo, tô yambu, l’éku tséngé ô Missowaogo !
Lé swé lè pèbè li béya nô Missowaogo, tô yambu, l’éku tséngé ô Missowaogo !
Missowaogo, Missowaogo, Missowaogo, tô yambu, l’éku tséngé ô Missowaogo ! »
« Qu’un ongle tout seul t’appelle Missowaogo, ne réponds pas, la mort c’est la terre, ô Missowaogo
Qu’une mèche de cheveu au vent t’appelle Missowaogo, ne réponds pas, la mort c’est la terre, ô Missowaogo !
Missowaogo, Missowaogo, Missowaogo, ne réponds pas, la mort c’est la terre, ô Missowaogo ! »
Quand le chant de l'oiseau se tut, le cheval s'élança comme piqué par un aiguillon invisible.
La nuit était déjà fort avancée lorsque la jeune femme atteignit Bogandé. Elle venait de perdre son nom : elle n’était plus Missowaogo, la fille de Missolobélé !
Nyelenga
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Nyelenga
Posté le: 20 Sep 2002 15:35 Sujet du message: Supprimer ce message
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La jeune fille ouvrit lentement les yeux. Elle n'osait pas se lever s'étant aperçu que son compagnon, l'étalon n'était plus à l'endroit où ils s'étaient tous les deux allongés la veille au soir. Elle ne se souvenait plus rien et elle ne voulut se souvenir rien. A chaque instant suffit ses peines et ses joies. Elle s'étira comme un chat et... se recoucha. Elle refusait de revenir à la réalité. "Dormir, dormir, dormir et encore dormir! Si seulement je pouvais continuer à dormir" se disait-elle quand elle sentit comme un souffle sur la plante de ses pieds.
Nyelenga
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Nyelenga le Mar 01 Oct, 02 12:04, édité 1 fois.