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1 / décembre 1998
référence : BilletAfrq 66/0023 Rwanda
Déni de justice
Yvonne Galinier n'a pas de chance avec les institutions françaises. Elle avait porté plainte en juillet 1995 contre l'abbé Wenceslas Munyeshyaka, un prêtre rwandais réfugié en France. Elle l'accusait d'avoir livré aux miliciens l'une de ses parentes. Mais la chambre d'accusation de la cour d'appel de Nîmes a déclaré le juge d'instruction incompétent : le forfait dont est accusé le père Wenceslas serait, s'il était prouvé, un crime de génocide contre lequel, à l'époque, la France ne disposait d'aucun instrument juridique.
En 1996, le Parlement a adapté la loi française au Tribunal pénal international pour le Rwanda. La Cour de cassation a donc ordonné la reprise de l'instruction. En vain.
C'est au contraire Yvonne Galinier qui, après avoir perdu la quasi-totalité de sa famille lors du génocide, se retrouve accusée. Vigoureusement soutenu par un lobby catholique, le père Wenceslas lui réclame 200 000 francs de dommages et intérêts pour violation de la présomption d'innocence : elle a eu le "tort" d'évoquer à la télévision ses accusations contre le prêtre. Elle devrait en effet indéfiniment se taire, puisque le procureur général Benmakhlouf, proche de Jacques Chirac, a décidé jusqu'ici de s'asseoir sur ce dossier sensible.
On remarquera que ce procureur fait partie de la très droitière APM (Association professionnelle des magistrats) dont le bulletin s'est signalé récemment par des propos racistes. Et dont le président Georges Fenech est allé conforter la farce électorale gabonaise.
Lassés, Yvonne Galinier et ses avocats ont décidé de saisir le ministre de la Justice et le Conseil supérieur de la magistrature contre Alexandre Benmakhlouf. Pour " manquement professionnel ".
décembre 1998
référence : BilletAfrq 66/0022
Sans nom
Il est écrit dans les Annexes du rapport (p. 360) : " La Mission a reçu des témoignages très émouvants qu'il ne lui est pas possible de publier ici en totalité. Elle a donc choisi, plutôt que de procéder à une sélection, de n'en présenter qu'un seul au nom de toutes les victimes du génocide ". Le témoignage qui suit, de Jeanne Uwimbabazi, est effectivement très émouvant. Mais la pieuse dédicace cache la censure des témoignages d'une autre rescapée, Yvonne Mutimura, et de son mari Pierre Galinier.
Cette censure n'est pas un hasard. Paul Quilès en personne a vivement apostrophé Yvonne Galinier, pour la dissuader de témoigner. Cette ancienne employée de la coopération française, sauvée in extremis par un convoi de l'ONU, a en effet vu et vécu des choses gênantes :
- elle a assisté à des contrôles d'identité ethniques effectués par des soldats français ;
- elle a vu des militaires français qui violaient des filles sur la route ;
- elle affirme que des militaires français entraînaient des miliciens Interahamwe - accusation que balaie la Mission ;
- son compagnon coopérant, devenu son mari, explique comment les autorités françaises ont plusieurs fois refusé de sauver Yvonne, leur employée tutsi ; il a trouvé un colonel belge moins insensible ; mais sa femme donne le nom de quatre autres Rwandais, travaillant pour la France, qui ont été abandonnés aux tueurs avec leur famille.
On "comprend" que la Mission n'ait pas voulu publier ce double témoignage (encore que cela met en doute l'honnêteté de son travail). Fallait-il habiller cette esquive de la mémoire des victimes ?
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http://reseauhdj.free.fr/a/a1chi/a11cedhpet1084.htm