par sycie l'impérative » Mer 28 Mai, 14 1:27
Bonjour cher Kani Ô grand Kani Jefferson....
Je suis étonnée de la manière dont tu restitue ta galère. Tu dis que tu es bi-po. Ici, en France, aussi on traite les gens entre deux mondes culturels de bi-polaires.
Imagine un peu ; j'avais mal au dos à force d'être mentalement cassée par les taxonomies de l'administration ; je suis noire de peau et donc forcément pour eux, je suis une domestique qui ne maîtrise pas le français, une dumba arrivée clandestinement en France...
Un jour ma voisine WARa qui travaillait comme aide soignante (elle avait un diplôme de médecin, de Russie, de l'Université PATRICE LUMUMBA) m'a demandé d'aller chercher des colis de layette pour bébé de sa compatriote enceinte de jumeaux et qui ne pouvait pas se déplacer ; à contre-cœur, je suis allée rendre ce service dans cette association de riches qui distribuait des habits de luxe pour bébé (tout neufs les layettes)... Arrivée sur place, panique des bonnes femmes ; des vielles mundélé retraitées et qui versaient dans le social pour se croire utiles encore à la société.
Elles m'ont demandé de m'asseoir en vitesse car avec mon gros ventre de femme enceinte de jumeaux, (j'étais jeune et très mince à l'époque), car elles ne voulaient pas que j'accouche sur place ; j'avais beau dire que je venais de la part de cette femme, que ce n'était pas moi, avec le papier de rendez-vous, elles n'entendaient rien : elles étaient sourdes ou connes ? je n'ai pas insisté parce que dans leur tête de folles, j'étais noire donc la personne dont elles se sont fait une image, c'était moi.
Une autre foi, j'ai été envoyée dans une association pour le travail, pour faire une simulation d'entretien d'embauche ; cette association associée aux services sociaux était payée pour orienter les pauvres chômeurs. La femme qui m'a fait passer l'entretien venait d'une entreprise de restauration d'entreprise... Une cadre supérieure. Elle n'a presque pas regardé mon CV mais m'a écouté. Lorsqu'elle a dû faire son analyse, elle m'a dit que c'est bien mais que j'ai peur du blanc... alors quand je lui ai demandé de s'expliquer, elle a inventer une grosse connerie ; elle m'a dit que le blanc c'est le trou noir, le silence entre les phrases.... puis elle m'a dit que je parle très bien le français par rapport à mes compatriotes congolaises, qu'elle a l'habitude de recevoir.. (?????) Bref, elle cherchait des femmes de ménage pour les cantines ou pour les hôtels... Moi, je pesais mes mots, pour me faire bien comprendre alors que nous parlions toutes les deux le français de Molière... Et je réfléchissais aux mots techniques de mon métier pour bien les placer, et resituer le contexte dans mon métier, surtout pour qu'elle comprenne bien la technique associée à ma profession.
Ce n'est qu'aujourd'hui que je sais que ces gens, tous les réseaux sociaux ont des clichés dans la tête et des directives, pour les immigrés... Depuis des années, tous ces services m'ont mise dans un case qui ne correspond en rien à ma réalité et même à la réalité tout court. Avec mes 3 bac+5, je n'avais aucune chance d'être un jour qualifiée pour un travail qui correspond à ce que je suis, ni même un logement digne de mon statut, quelque soit mon salaire.
Quand j'ai eu si mal au dos d'en avoir plein le dos de ces diatribes, le médecin de l'hôpital, un spécialiste (rhumatologue) m'a prescrit un neuroleptique pour bi-polaire, avec un anti-douleur très fort en disant que ce qui serait mieux, c'est un travail... résultat, j'ai fini à l'hôpital car la prescription n'était pas adaptée à mon cas : aux urgences, il m'ont dit d'arrêter tout de suite ce traitement car en plus il bousillait mes reins.
En fait, depuis qu'ils ont dit que le monde change, et que tout le monde doit changer pour s'adapter à la crise mondiale, ils disent que les immigrés sont bi-polaires, relèvent de psychiatrie, même les enfants à l'école, et que c'est pour ça qu'ils sont nuls à l'école. Mais les enfants d'immigrés sont souvent parmi les meilleurs. En fait, il n'y a aucune différence à part les aptitudes personnelles, mais quand on dit à quelqu'un que sa qualité dépend de son origine sociale ou ethnique, il refuse d'être jugé comme ça et refuse ce système de valeur. Alors eux, ils croient que nous sommes en échec, à cause justement de nos origines.
Mais il y a des gens qui justement n'ont aucun marqueur ethnique, et beaucoup sont des migrants de plusieurs générations, dont plusieurs générations se sont bien adaptées aux environnement qu'ils sont rencontré, grâce au travail disponible sur place... et justement le fait que quand on a besoin d'employés, on regarde le travail, pas la race supposée des gens, ni s'ils parlent bien la langue locale. Evidemment, si tu veux faire partie des cadres sup, là, si tu n'es pas riche ou issu de famille riche, si tu n'es pas recommandé par quelqu'un, ou si tu n'es pas le seul candidat, tu n'as pas le droit de vouloir entrer dans ce milieu.
C'est pour ça que les Unions d'états ont décidé que les états doivent revoir leurs valeurs et intégrer les gens... Mais y en a qui ne veulent pas de ces nouveaux gens parmi eux. Alors imagine que tu as galéré depuis tes études, que tu as tout perdu, et à ton âge tu dois tout recommencer, ils vont te demander plein de papiers pour prouver que tu vaut ta place... Mais dans leurs taxonomies, ils ont déjà écrit des sornettes depuis toutes ces années sur toi, mais tu ne le sais pas. C'est eux qui doivent te donner ce qu'ils ont écrit et tu dois corriger les erreurs d'appréciation. Alors tu penses vraiment que l'église pourra quelque chose pour toi, alors qu'ils ont été d'accord avec ce système, de tri de population ? Les clichées qui leur servent à mesurer le degré d'allégeance et d'intégration sont horribles, car ils ne te regardent même pas, ni qui tu es, en réalité, mais ils regardent les statistiques qu'ils ont eux-même construit, et les conclusions qu'ils ont eux-même écrites. les églises aussi font des rapports ; c'est toujours, les pauvres immigrés affamés et maltraités qui finissent en prison, dont les enfants se retrouvent sans repères. Chacun défend sa cause, la finalité de son existence, de son utilité, et va penser au travers de ce prisme... tu peux te saper comme tu veux, ils s'en foutent. Tu peux éclaircir ton teint, "chokobiter" comme la fille d'El Sass sur sa vidéo, ou comme disent les ivoiriens, ils s'en foutent. Eux ils doivent justifier leur utilité. Si ce qu'ils disent de toi n'est pas juste, ça veut pas dire que tu es fou, mais à force de convaincre quelqu'un qu'"il est fou, il peut devenir fou d'être vu ainsi.
Donc le "ça y est c'est pour 2014", ça fait depuis 2003 que ça devait changer pour tous les immigrés et les diasporas du monde entier car tout le monde est l'immigré de quelqu'un.
C'est quoi cette attente ? Nous sommes tous dans des zones temporaires d'attente, sans vrais droits, d'établissement et d'investissement, et y en a qui pêtent un plomb, à force d'attendre, et y en a qui méritent une babouche à la gueule.
Heureux les cons qui s'en fichent et qui font des affaires et qui cherchent n'importe quel boulot. Par exemple, les propriétaires dans le quartier riche du 16e à Paris préfèrent louer aux cuisiniers des restaurants, car eux ils ont toujours du travail, pourtant ce sont des immigrés qui parlent mal la langue parfois, mais ils sont bancable (bankable).
Tous ceux qui s'affranchissent des jugements de valeur et qui bossent sont les rois en ce moment. Pour les autres qui n'ont pas pu obtenir le droit de travailler, c'est le go back home. Et puis il y a pire ; des jugements de valeur sur les mœurs. Tu es célibataire, tu es immigré, tu as des enfants sans père, ou sans mère, tu es je ne sais quoi encore, alors tu dégages... Pour savoir si tu es éligible, tu dois avoir les grilles d'analyse qu'ils utilisent pour trier les gens... ou bien tu décides de tout faire pour être le "quota", l'exception qui confirme la règle ; tu as sauvé quelqu'un entrain de crever, tu joues bien au foot, tu t'occupes des enfants déshérités de la vie, tu soignes les vieux, tu donnes sans rien recevoir surtout en échange, tu es interprète pour les gens de ta communauté devant les administrations, etc...
Mais pour ce qui concerne le Congo, t'as intérêt à t'être enrichi en Occident, ou bien de ne pas venir les mains vides car là-bas, où le degré de modernité n'est pas atteint, la concurrence est encore pire, et puis il y a les jeunes et si t'es déjà vieux, t'es considéré comme mort avant d'avoir fait quoi que ce soit de valable... surtout si tu reviens d'Occident, là t'es un minable dont tout le monde se moque encore, quelqu'un qui a gaspillé son temps à galérer en Occident.
Et puis il y a les peuples solidaires ; ça c'est le plus important. Parmi les diasporas, y en a qui sont solidaires avec les autres diasporas, comme les latinos. Mais nos frères congolais, eux sont vraiment atroces. Ce sont eux qui vont dénoncer leurs compatriotes aux autorités pour se croire utiles et avoir le visa... De n'importe quelle manière d'ailleurs, soit pendant leurs études comme sociologues ou logue de quelque chose (liens entre les mundélés et la communauté), ils cherchent à confirmer les champs expérimentationnels en prouvant par des dénonciations quelque chose qui est faux, en se disant les porte-paroles de leur communauté. Nos élites, elles sont pareilles, celles qui ont accès aux sommets. Ils veulent faire partie de la classe dirigeante du futur, alors ils montrent du zèle dans l'application des directives ; chasser les immigrés et les pauvres et tout cumulé à la fois... Et ils foutent rien eux-mêmes car ils sont payés pour ça, pour ce job...
Donc quand tu danses pour une cause, sache qui est derrière cette cause et jusqu'où va cette cause, car un jour, ce sera toi qui sera visé...
Il ne faut pas faire comme les comanches ces sanguinaires qui ont aidé à décimer les autres tribus indiennes avec des fusils et de l'alcool en les trucidant pour le mundélé, et qui aujourd'hui sont dans des réserves, (ceux qui restent) Qu'est-ce qu'ils ont gagné ? le droit de vivre dans des caravanes, de faire des casinos (jeux d'argent) et d'ouvrir des bordels (Texas) où l'alcool coule à flot et les doumba rêvent un jour d'avoir assez de tunes pour arrêter ce trafic humain.
Tiens, la nuit des musées, je devais aller voir des autorités, tel que certains ont décidé, et qui m'ont harcelée au téléphone... soit-disant un opportunité...
je suis passée devant le musée du Quai Branly et j'ai décidé d'y aller au lieu de voir encore ces gens cassent bonbecs avec leurs idées saugrenues.
J'ai léché les vitrines des grigri de mes ancêtres Kongo et autres d'Afrique centrale, j'ai même prié pour eux dans mon cœur devant leurs ustensiles, les pipes et autres monnaies et sagaies... J'ai même éclaté de rire de voir ce qu'ils ont chargé sur la croix du christ, en comparant avec les Kongo du Brésil... J'avais pitié d'eux tous et de moi. Les amérindiens sont à l'honneur alors j'ai vu les belles choses qu'ils ont conçues que nous admirons aujourd'hui. des sapes, des tentes, des armes, et il y avait un film sur les clichés... malheureux va !
En sortant du Musée, j'ai suivi la foule... j'ai compris pourquoi il y avait une file d'attente impressionnante mais que personne de ressortait ! Derrière les matitis à l'arrière du Musée, il y avait des escaliers en forme d'Agora, devant une salle où il y avait une fête ; les gens dansaient et buvaient au sons techno ethniques ; tout le monde connaissait les musiques et les pas de danse ethno-bidouillés... Il y avait des jeunes, des vieux, des femmes, des enfants, de toute origine, mais surtout des mundélés...
Je me suis pas trouvée drag ? Je réfléchissais à tous ces grigris exposé pendant qu'eux dansaient la dance des vainqueurs cachés au sous-sol...
Non très chers, il faut pas écouter le son des sirènes... Just be who you are...