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La queue entre les jambes

Le voyage en demi-teinte de Collinet Mackosso à Paris

Pour sa première sortie officielle, sans surprise, à l’instar de ses prédécesseurs, Anatole Collinet Makosso a choisi Paris. Le pari de Paris était à la fois hasardeux et ambitieux. Paris est la capitale de la France et la plaque tournante de la politique africaine.

C’est au bord de la Seine où se font et se défont les régimes des pays africains de la zone franc (PAZF). Anatole Collinet Makosso, qui rêvait être soigné aux petits oignons à la faveur du lobbying, n’a donc pas dérogé à la tradition pour son premier voyage international, en qualité de Premier Ministre du Congo-Brazzaville, confronté à une grave crise financière.

Paradoxe depuis 1997 Sassou est soutenu politiquement par la France, pourquoi, les entreprises françaises ont déserté le Congo dont le dirigeant est soutenu par La France ?

CONGO-SCEPTICISME

C’est un soutien diplomatique et financier qu’Anatole Collinet Makosso est allé chercher à Paris. En période de disette, l’exercice a été risqué. Plus aucune institution internationale ne veut prêter de l’argent au Congo-Brazzaville qui brille par la dissimulation de sa dette extérieure et par sa mauvaise gestion des deniers publics. Plus aucun investisseur ne souhaite faire des affaires avec ce petit pays pétrolier d’Afrique centrale miné par la corruption, la lourdeur administratives, les tracasseries douanières, le harcèlement fiscal, le manque d’eau et d’électricité, le trafic d’influence… Dans le classement Doing business, le Congo-Brazzaville caracole en queue de peloton (Cf « Le mensonge de Sassou Denis et de Collinet Makosso sur le climat des affaires au Congo-Brazzaville » in congo-liberty, 2 août 2021). Les grands groupes industriels, à l’exception notable du groupe Bolloré et des sociétés pétrolières Total et ENI, se détournent de ce pays de la CEMAC. Le Congo-Brazzaville est devenu le pays d’Ali baba et les 40 voleurs. L’agence de notation Standard et Poor (S&P) a dégradé le 05 septembre 2020 à CCC+/C la note du Congo-Brazzaville.

La visite d’Anatole Collinet Makosso et ses neuf ministres s’est cependant muée en un exercice délicat, voire un pari risqué, sur fond de débâcle du lobbying accusé de corruption auprès des patrons du Medef.

« SANS ECHEC » ET MAT

Anatole Collinet Makosso n’a pas réussi à décrocher de rendez-vous ni avec Jean Castex, le Premier Ministre, ni avec le Ministre des affaires étrangères, Jean Yves Le Drian. Anatole Collinet Makosso est rentré à Brazzaville sans un chèque de Paris, plus fauché qu’à son arrivée le 24 août 2021. Semi-échec ou demi-succès ? Le verre à moitié plein ou verre à moitié vide, c’est selon. Les avis sont partagés.

La crise engendrée par le Covid-19 et la chute des prix des matières premières a eu pour effet de pousser à une raréfaction du nombre de transactions et par conséquent des flux financiers. Le Congo-Brazzaville a besoin d’un ballon d’oxygène après avoir été privés d’une partie de ses recettes volatilisées dans les paradis fiscaux.

OPERATION SEDUCTION

A Paris, La mission d’Anatole Collinet Makosso consistait d’abord à séduire, à convaincre et à attirer les fonds de capital-investissement qui cherchent désespérément où investir les tombereaux d’argent qu’ils collectent, dans un contexte de liquidités abondantes sur les marchés. L’occasion ensuite pour le gouvernement du Congo-Brazzaville conduit par Anatole Collinet Makosso d’être rassuré de l’appui et du soutien ferme, sincère et franc de Paris par son partenaire français alors qu’un nouveau round sur la dette congolaise vient de démarrer avec le Fonds monétaire international et que le préalable avec les négociants pétroliers n’est toujours pas réglé. Il s’agissait pour le VRP Anatole Collinet Makosso, de présenter le Congo-Brazzaville aux investisseurs français, comme un pays sûr où il fait bon investir. Cependant, on n’attire pas les mouches avec du vinaigre.

Répondant à la question de Jeune Afrique  : « C’est donc un ballon d’oxygène pour l’économie congolaise que vous êtes venu chercher en France ?  », le Premier ministre congolais Anatole Collinet Makosso a déclaré : « Tout à fait. Et je pense que vous avez compris que l’objectif a été atteint » (Les Dépêches de Brazzaville, 2 septembre 2021). Anatole Collinet Makosso a présenté aux officiels de la mère-patrie les doléances du Congo-Brazzaville. En politique comme en économie, la demande génère l’offre, et inversement. Reste à savoir dans quelles proportions. Un des enjeux cruciaux pour un responsable politique de la trempe d’Anatole Collinet Makosso était donc de déterminer le périmètre de sa cible c’est-à-dire les chefs d’entreprises français ainsi que les décideurs nichés au sein des différentes administrations politiques et financières, ainsi que ses attentes exprimées au travers le cahier des charges arrêté de commun accord avec Denis Sassou Nguesso au départ de Brazzaville.

Voilà un pays, le Congo, soutenu politiquement par la France depuis 1997. D’où vient-il que le climat des affaires y est morose au point d’effrayer les entreprises françaises alors que Sassou a toujours été le chouchou de l’Elysée ! Paradoxe.

C’est tout le contraire de la Côte d’Ivoire dont la force d’attraction est intacte malgré la présence d’Alassane Ouattara.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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