
Dans les pays d’Afrique de la zone franc (PAZF), l’Hexagone souffle le chaud et le froid. D’un côté, Paris secoue ciel et terre pour retenir les anciennes colonies (tentées par l’ours russe par le biais de la société militaire privée (SMP) Wagner Fondé le 1er mai 2014 par l’homme d’affaires Evgueni Prigojine, un proche du président russe Vladimir Poutine) dans l’escarcelle de la France, de l’autre on multiplie les propos vexatoires envers les potentats africains.
A l’occasion de son voyage au Gabon, en Angola, au Congo-Brazzaville et en RD Congo, Emmanuel Macron a réaffirmé sa volonté de tirer un trait sur la « Françafrique », d’engager une nouvelle relation avec le continent africain, tentant de prendre à contre-pied la ligne militaro-industrielle, de contrarier le sentiment d’une France en perte de vitesse face à l’avancée de la Russie, de la Chine, de l’Inde et de la Turquie. Reste à Emmanuel Macron (qui joue l’ambiguïté) à concrétiser ce souhait d’un nouveau départ dans les relations franco-africaines.
FOURBERIE
Il y a comme un flirt honteux entre Emmanuel Macron et Denis Sassou Nguesso. Un compagnonnage non assumé. Une gêne non dissimulée. D’abord, l’escale de Brazzaville n’était pas prévue dans le périple de Jupiter en Afrique centrale. Ensuite Denis Sassou Nguesso n’a eu droit qu’à quatre petites heures de causerie et de courtoisie. Et, enfin, Emmanuel Macron, a attendu qu’il soit de l’autre côté du majestueux fleuve Congo pour décocher quelques flèches empoisonnées à l’endroit de Denis Sassou Nguesso, le vieux dictateur du Congo-Brazzaville.
HYPOCRISIE
Si, entre Emmanuel Macron et Fally Ipupa, c’est le parfait amour, il n’en est pas de même entre Emmanuel Macron et Denis Sassou Nguesso.
Jugez-en : « Le Président Denis Sassou Nguesso est Président depuis longtemps dans son pays, bon ! c’est pas le choix de la France. Ça fait 14 ans qu’il n’y a eu aucun président Français qui est allé là-bas. Et c’est normal que ça ne soit pas le choix de la France, parce qu’il se trouve qu’il n’est pas Président français. Donc on va au Congo Brazzaville, parce qu’il ne faut pas humilier personne, quand on fait une tournée régionale, ça ne choque pas particulièrement le Président français (...) rencontre le Président du Congo, voilà ! Après la question est qu’est-ce qu’on lui dit, c’est pas pour lui servir la soupe » a péroré Emmanuel Macron le 4 mars 2023 à Kinshasa en RD Congo.
Sassou et les camarades membres du PCT n’en n’ont pas cru leurs oreilles. Après ces paroles vachardes, l’air de vouloir s’excuser d’avoir fait escale à Brazzaville, verre de bière Castel à la main (de fabrication française), en compagnie de Fally Ipupa, Emmanuel Macron, Jupiter est allé se défouler dans les « ngandas » kinois. Le coup de pouce de Jupiter à Castel a bien marché. Résultat : pénurie de Castel à Kinshasa et à Brazzaville. « Kaka ébalé, « ékaboli bisso » chanta Adrien Stervos Niarcos Mombélé Ngantshie ». Les deux capitales fonctionnent comme des vases communicants. Emmanuel Macron est passé en coup de vent à Brazzaville, pays du riche pétrolier Sassou tandis qu’il a fait la tournée des grands ducs en compagnie de Fally dans les rues de Kinshasa. (congopage.com, 8 mars 2023). Il ne manquait plus qu’à Jupiter d’esquisser quelques pas de Rumba aux airs « d’Indépendance cha cha », aux sonorités de la musique de Fally.
« EN MÊME TEMPS »
Les propos d’Emmanuel Macron, qui ne s’embarrasse pas de circonlocutions, ont sifflé aux oreilles de Denis Sassou Nguesso. Les signes avant-coureurs d’un lâchage ? L’ère de la françafrique est-elle vraiment révolue ? Ces déclarations assassines ont été faites à Kinshasa et non à Brazzaville ? Pourquoi ? Emmanuel Macron et Denis Sassou Nguesso se sont rencontrés en décembre 2022 à Paris. Pourquoi avoir maintenu l’escale de Brazzaville ? Pourquoi soutenir le dossier d’un pays gangréné par la corruption, les détournements des fonds et des malversations financières ( le Congo-Brazzaville ) auprès du Fonds monétaire international (FMI), ouvrant ainsi le robinet d’autres bailleurs de fonds ? Pourquoi être passé à Libreville au Gabon à quelques semaines de l’élection présidentielle ? Pourquoi Emmanuel Macron a-t-il ignoré les oppositions dans les capitales d’Afrique centrale (Luanda, Libreville, Brazzaville et Kinshasa et parler de « rompre avec la françafrique » ? )
Or la fin de la Françafrique ne sera effective que le jour où le Franc Cfa sera géré directement par les Africains eux-mêmes, les Biens Mall Acquis et L’affaire des Disparus du Beach de Brazzaville connaîtront leur épilogue.
La Françafrique a encore un bel avenir.
C’est là, une belle illustration du « en même temps » d’Emmanuel Macron. Un cocktail qui manque de cohérence mais qui permet de garantir les intérêts de la France.
Benjamin BILOMBOT BITADYS