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Ethique des affaires

Patrice Nfina Matsiona quitte l’initiative privée

Photo: Patrice Nfina Matsiona, grand armateur congolais basé à Pointe-Noire

Patrice Nfina Matsiona quitte l’initiative privée pour rejoindre l’Orient.

Ce n’est pas seulement au monde des hommes que Patrice Nfina Matsiona a donné congé. C’est aussi le petit monde des affaires du Congo-Brazzaville qui perd l’un de ses précurseurs, aux côtés des pionniers tels Norbert Ntiétié, Daniel Ebina, Grégoire Tambassani, Clovis Mpassi, Bikouta Joël, Gabriel Koulounda, Joseph Kibossi, Auguste Miakassissa, Georges Bouyou, Bernard Koumba (BK), Nzoungou Auguste (NZA), Ngoulou Nkounkou, Ngoma Mayassi, Ngolo Nkouika, Benoit Bernard Bouya, Oyo Norbert, Itoua Hilaire.

« Être né quelque part »

Patrice Nfina Matsiona est mort dans l’anonymat le 10 avril 2024 à Pointe-Noire. Le patron de CITRACO Corporation n’a pas eu droit aux hommages de la nation, à l’instar de Pierre Otto Mbongo, Osseté Jonas et Gabriel Bopaka Peinture. Et, encore moins les honneurs du monde de l’Entreprise, sous la direction de Paul Obambi entouré de Lucien Ebata, Willy Etoka et Denis Ngokana. Maxine Le Forestier ne croyait pas si bien dire dans sa chanson : « Être né quelque part » c’est-à-dire nulle part.

Aujourd’hui, le Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso a du mal à comprendre le rôle clef des petites et moyennes entreprises privées de croissance dans l’économie. Le Palais des Congrès de Brazzaville n’a pas servi de cadre pour les hommages officiels au chef d’entreprise Patrice Nfina Matsiona. Le khalife d’Oyo, Denis Sassou Nguesso, qui s’est illustré par son cynisme à l’occasion des obsèques de l’ancien Ministre des Finances et de l’Economie, Jean-Luc Malekat, s’est fait remarquer par son indifférence.

Entreprise

Le 21è siècle a amplifier davantage les mutations et les changements structurels qui siennent à l’économie du Congo-Brazzaville. La mondialisation de l’économie s’est accentuée, le métier de l’entreprise va être déterminant et capital dans le gain des parts de marché et dans la capacité de la conservation de celles-ci.

Visionnaire, Patrice Nfina Matsiona l’avait compris. Avant-gardiste, Patrice Nfina Matsiona qui n’avait jamais tapé dans les caisses du Trésor public, s’est lancé très tôt dans l’entrepreneuriat. La Bible enseigne : « Tu mangeras à la sueur de ton front ». Patrice Nfina Matsiona n’émargeait pas au Trésor public. Les « faux marchés publics  », ce n’était pas son dada. L’esprit d’Entreprise chevillé au corps, Patrice Nfina Matsiona
avait créé sa société CITRACO Corporation, qui œuvrait dans l’import-Export. Le poisson de mer « Mosséka  » est apparu sur les étales des marchés et les chambres froides du Congo-Brazzaville grâce à l’esprit d’entreprendre de Patrice Nfina Matsiona. La magnanimité de Patrice Nfina Matsiona a permis de mettre les pieds à l’étrier à plusieurs hommes d’affaires du Congo-Brazzaville. L’enjeu de Patrice Nfina Matsiona était , à travers CITRACO Corporation, de réussir la mutation du chef d’entreprise en capitaine d’industrie. Pari raté en raison de tracasseries politiques et administratives semées sur son chemin « d’avenir » par le pouvoir militaro-marxiste du PCT incarné par Marien Ngouabi, Joachin Yhombi Opango et Denis Sassou Nguesso. Patrice Nfina Matsiona a dû faire face à de multiples entraves.

CITRACO Corporation, le vaisseau amiral de Patrice Nfina Matsiona, a été (ceci est un symbole) détruit en plein vol par un missile tiré par Yomby Opango et téléguidé par le fils de « Mama Mouébara  », Denis Sassou Nguesso. Les régimes militaro-marxistes qui se sont relayé au pouvoir se méfiaient des chefs d’entreprises et du capital comme de la peste. Et, depuis, le Congo-Brazzaville en paye les frais. Résultat : l’industrie, petite ou grande, privée ou publique, est absente, ce qui nourrit un état de chômage explosif.

Patrice Nfina Matsiona et Bernard Bakana Kolelas avaient été arrêtés et jetés en prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat sur la base d’une fantasmagorie de Joachim Yhombi Opango alias Mana ma Bondo.

Le vent de reprise économique ne peut souffler sur l’économie du Congo-Brazzaville que si les pouvoirs publics et les institutions internationales accordent une place de choix aux Petites et Moyennes Entreprises, moins rigides et plus flexibles. C’était l’ode à l’Entreprise de Patrice Nfina Matsiona.

Ajouton enfin que Patrice Nfina Matsiona était un homme de culture. Enfant de Poto-Poto, créateur du Ballet Nfina, il était en connivence avec Isidore Diaboua dit Lièvre, initiateur du concept du ballet au Congo dont une ramification a connu son âge d’or à Toulon avec Karibi Kikouaboussou.

Benjamin BILOMBOT BITADYS

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