Joe Washington Ebina remue la merde

Lorsque nous titrons "Joe Washington Ebina remue la merde" , ce n’est pas simple figure de style. C’est littéralement ce à quoi s’est livré récemment cet opérateur économique dans un pays, le Congo, où on n’arrête pas la marche inéluctable vers la stupidité.

Dans un article de Ghys Fortune Dombé Bemba
- (Talassa)
intitulé « La Fondation Ebina lance l’opération ‘’Vidange des fosses septiques’’ dans les campus mais... » nous apprenons que les étudiants du Campus Impérial regroupés au sein du syndicat Meec (Mouvement des étudiants et élèves congolais) ont essuyé un refus du Ministre Ange Antoine Abena alors qu’un véhicule citerne affrété par l’homme d’affaires Joe Washington Ebina voulait procéder à la vidange des fosses septiques de leur résidence universitaire, un vieux bâtiment datant de l’époque coloniale.

Bureaucratie

Motif évoqué par le ministre pour justifier son "niet" : « non respect de la hiérarchie universitaire par la Fondation Charles Ebina. » Non. Ce n’est pas une blague.
A en croire les riverains, ces WC, jamais vidés depuis 12 mois, dégagent une odeur à écœurer un troupeau de porcs. Pour une question élémentaire d’hygiène, les étudiants ayant cessé de croire en l’Etat-Providence ont fait appel à un agent privé. Washington Ebina s’est alors présenté avec son matériel.

« Il faut arrêter les vidanges » a ordonné le directeurs des œuvres universitaires obéissant aux ordres du ministre Ange Antoine Abéna, en dépit des 600.000 fcfa investis par le « philanthrope » homme d’affaires pour arrêter le calvaire des étudiants.

Pour les autorités politiques, la Fondation aurait dû adresser « une demande écrite d’intervention en milieu universitaire à la hiérarchie ». Ensuite, Monsieur Ebina aurait dû « attendre que l’autorité compétente lui réponde, affirmativement ou négativement. »

Belle illustration de la bureaucratie Kafkaïenne dans un pays qui sent littéralement la merde et où les dirigeants se complaisent dans la gadoue.

Mvouba concerné

Que les malheureux pensionnaires de la vieille cité universitaire suffoquent, pendant ce temps, de pollution atmosphérique, là est le cadet des soucis de l’autorité ministérielle.

L’auteur de l’article précise : le campus Impérial est situé « entre l’ex Hôtel du 8 février et la résidence du ministre coordonnateur du pôle des infrastructures de base, Isidore Mvouba, dans le secteur du commissariat central de police de Brazzaville. ».

Pourtant, si donc l’absurde ministre Ange Antoine Abéla ne veut pas donner son autorisation pour le bien-être des étudiants, il peut au moins le faire, par zèle et par opportunisme, pour flatter le prestigieux voisin de la résidence académique, c’est-à-dire son chef hiérarchique Isidore Mvouba.
Mais c’est mal connaître la stupidité des tenants du « Chemin d’avenir ». Pour eux, le bonheur n’est utile que lorsqu’il n’est pas partagé. Chemin sans issue ou chemin d’avenir ?

Péril fécal

Apparemment, l’administration Sassou ne redoute pas ce que notre confrère Mwinda appelle « péril fécal », un fléau à l’origine duquel se situent de graves pathologies moyenâgeuses (choléra, fièvre typhoïde, gastro-entérite, diarrhée) dont souffrent actuellement les Congolais. Qui ne sait pas (sauf sans doute Isidore Mvouba) que le milieu où prolifèrent les bactéries est constitué de déchets organiques. Brazzaville est une ville où le tout-à-l’égout n’existe pas. N’importe quel maire (sauf Hugues Ngoulondélé) sait que les matières fécales représentent le premier ennemi de la santé publique.

Un remueur de merde

Reste à savoir si les étudiants du Campus Impérial n’ont pas été victimes de la popularité trop croissante que gagne l’homme d’affaires Washington Ebina aux yeux des agents du Chemin d’avenir. Ce petit-fils de l’ancien magnat du négoce Charles Ebina (de la trempe de Norbert Ntiétié) est très actif. Il dame le pion à l’Etat chaque fois que les populations sont face à un problème. Là où Sassou démissionne, Ebina est là. Quand l’eau vient à manquer à Brazzaville, Washington répond présent. Des problèmes de salubrité dans la salle postopératoire de l’hôpital de Makélékélé ? Qu’à cela ne tienne. Le « philanthrope » Ebina pointe son nez, met la main à la poche sans passer par quatre chemins.

Ebina est omniprésent et, petit à petit, omnipotent. Et c’est sûrement là où le bât blesse. En voulant trop servir ses compatriotes, Ebina dessert le maire (non élu) de Brazzaville et, par ricochet, le beau-père du maire, Sassou.

"L’Homme des masses" estime que cet opérateur économique qui ne cache pas ses ambitions politiques commence franchement à lui faire de l’ombre. D’où les bâtons qu’on lui met systématiquement dans les roues..avant peut-être qu’il ne les reçoive sur la tête.

Il reste une alternative aux étudiants : chercher un autre videur de merde qui évite la... merde à Sassou.