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Maloba mokussé

Télégramme à Pascal Tsaty Mabiala, Guy Brice Parfait kolelas et Claudine Munari : les trois dindons de la farce

L’expression « dindon de la farce » n’est pas une injure. Elle fait allusion à une personne qui se fait duper en faisant l’objet de la risée publique. C’est pire.

La formule convient à décrire les lamentations de Tsaty Mabiala, Kolelas et Munari devant la presse alors que les trois aliborons rendaient compte de la Concertation de Madingou. Rencontre de dingues !

En effet, le lundi 30 novembre 2020, Pascal Tsaty-Mabiala, premier secrétaire de l’Upads (Union panafricaine pour la démocratie sociale) mais aussi président de l’Opposition gouvernementale ; Claudine Munari, présidente du Must (Mouvement pour l’Unité, la Solidarité et le Travail), mais aussi leader du Frocad (Front républicain pour le respect de l’ordre constitutionnel et de l’alternance démocratique), une aile de l’Opposition non gouvernementale et Guy Brice Parfait Kolelas, président de l’Udh (Union des Démocrates Humanistes), mais aussi membre de l’Opposition gouvernementale, ont conjointement animé une conférence de presse, au siège de l’Upads.

Tout était dit dans le thème de la Concertation

D’entrée, nous nous demandons sous quel label les deux Oppositions ont décidé brusquement de cheminer ensemble et de tenir conjointement une conférence de presse alors qu’elles s’étaient tournées dos après les élections du 20 mars 2016.
L’Opposition gouvernementale dans laquelle font partie Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas avait reconnu Denis Sassou Nguesso comme Président du Congo. Celle dont fait partie Claudine Munari ne reconnaît toujours pas la réélection de Sassou Nguesso mais ne rechigne pas boire le lait et le miel que son adversaire lui tend. il y a anguille sous roche.

En plus, Claudine Munari a été piégée depuis son adhésion au thème de la concertation et l’acceptation de l’invitation à Madingou ; un piège cousu de fil blanc. Seul un amateur pouvait mordre à l’hameçon.
Pour les organisateurs, il s’agissait bel et bien d’une Concertation qui visait la consolidation des « acquis de la démocratie ». Pour eux, Denis Sassou Nguesso est un acquis de la démocratie.
Un acquis ? A qui le fera-t-on croire ? Tout est dit dans le thème.

Tenez ! Lorsqu’un pêcheur vous invite à manger du poisson chez lui, il est indécent de lui demander de la viande de bœuf à la place de ce qu’il a promis vous offrir. Ce serait, pour le moins, grossier.

Les lamentations

Les trois leaders de l’Opposition plurielle et diverse rendaient compte des résultats de la Concertation politique qui a eu lieu à Madingou, chef-lieu du département de la Bouenza, du 24 au 26 novembre 2020, sous le thème « Consolidons les acquis de la démocratie par des élections transparentes, libres et apaisées. »

Pour nombre de Congolais, la rencontre de Madingou était un non-événement parce que la classe politique congolaise n’est pas à sa première concertation.
Il y a eu les concertations de Sibiti, Ewo et Ouesso. Il y a overdose de concertations. Pourtant, les recommandations faites n’ont jamais été appliquées.
Peut-être parce qu’elles sont comme les résolutions émanant des organisations internationales, et qui en principe n’ont pas force obligatoire à l’égard des États membres. Dans tous les cas, c’est un classique de la science politique : pour enterrer un problème épineux, on organise des « commissions » ou des concertations.

Les recommandations des différentes concertations qui ont lieu au Congo n’ont-elles pas, elles aussi, force obligatoire à l’égard du gouvernement ? Pourquoi donc les tenir si c’est pour qu’on marche dessus illico presto ? Voilà les questions que les Congolais doivent poser aux participants.

En plus, avec 2 milliards de Francs Cfa de budget, les Congolais pensent que le gouvernement avait d’autres chats à fouetter, d’autres priorités, qu’aller engraisser en perdiems une racaille politique.
Chez les « concertés » de Madingou il y avait du masochisme dans l’air. Tsaty Mabiala, Kolelas et Munari ne savent-ils pas qu’avec Sassou Nguesso les dés sont pipés ? « Wa ba houna we na messo » (Persévérer dans l’erreur est diabolique). Quand on encaisse des coups à son corps-donnant, on verse dans le sado-masochisme.

Alors, pourquoi se plaignent-ils que les Concertations politiques, au Congo et sous Denis Sassou Nguesso, ne sont que des rencontres où son parti politique, le Pct (Parti congolais du travail) roule dans la farine de manioc tous les partis de l’opposition. Même ses alliés de la mouvance présidentielle le reconnaissent mezzo voce. Pourquoi se plaindre quand on y va de son plein-gré ?

Chat échaudé, Sassou Nguesso ne veut d’aucune rencontre politique inclusive. Il ne veut plus boire la coupe amère de la Conférence nationale souveraine à Brazzaville en 1991.

La Concertation de Madingou, un non-événement

Nous écrivons cet article, parce que des Congolais nous ont demandé de donner notre avis sur la participation des Oppositions à cette énième concertation, et sur le maigre résultat qu’elles ont obtenu, ainsi que sur la passivité des Congolais.
Claudine Munari a admis que l’Opposition n’a pas obtenu grand-chose.
Pour assaisonner cet article nous nous servons de deux petites anecdotes.
La première est celle d’une mère poule et ses poussins qui sont surpris par une pluie, et la deuxième, celle d’une grenouille trempée dans l’eau bouillante.

Première anecdote

Surprise par une pluie battante, une mère poule décide de construire un abri : Bazi bo ta ntunga nzo yeto. « Demain, nous allons construire notre maison » dit-elle à ses petits gallinacés complètement mouillés.
Biya, biya, biya, biya (c’est-à-dire quatre, quatre... le nombre de piquets que portera chacun d’eux). « Chose promise, chose due » disent les petits poussins à leur mère. Mais, la pluie finie, chacun repart picorer dans son coin et oublie la promesse faite sous l’averse.
Les saisons des pluies passent et se succèdent, la mère poule et ses poussins n’ont toujours pas où s’abriter.
Pourtant, à chaque pluie, ils reprennent les mêmes engagements.

Morale de cette anecdote de la promesse non tenue : si après le holdup électoral du 20 mars 2016, à l’issue duquel Denis Sassou Nguesso s’était autoproclamé président du Congo, l’opposition avait construit une niche, le Président illégal et illégitime du Congo n’aurait pas eu la marge de faire toutes ses manœuvres politiques.

A la grande stupéfaction, Pascal Tsaty Mabiala et Guy Brice Parfait Kolelas sont allés lui donner le coup de main ( pardon, le coup de pied de l’âne) après que Sassou ait fraudé haut la main.
Maintenant, nos aliborons reviennent vers les Congolais la queue entre les jambes.
Alors que tous deux étaient candidats à l’élection présidentielle de 2016, et disent être des leaders de l’opposition, ils ont fini par se complaire dans le rôle de seconds couteaux.
Que peuvent faire les Congolais avec des tels leaders politiques qui sont nkarismatiques c’est-à-dire se vendent au plus offrant ?

Deuxième anecdote

Prenez une grenouille et jetez-la dans un seau rempli d’eau chaude.
La grenouille va sauter d’un grand bond pour sauver sa vie. Car, la température de l’eau est très différente de celle de son milieu habituel de vie.
Cependant, mettez une grenouille dans un seau d’eau fraîche.
Puis, augmenter lentement et progressivement la température de cette eau. Vous verrez que la grenouille s’adaptera au changement de la température de l’eau. Jusqu’à ce qu’elle finisse par succomber à cause de l’eau qui sera devenue chaude.

L’appétit vient en mangeant. C’est la leçon de cette anecdote. Et à force de goinfrerie, on crève.

Pendant toutes les décennies passées au pouvoir, Sassou a changé lentement et progressivement la température de sa dictature jusqu’à ce qu’aujourd’hui, les Congolais y soient habitués, vivent comme des poissons dans l’eau, comme si tout était normal.
Ils ne se rendent plus compte qu’ils vivent dans une dictature. Ils ne mesurent plus les dégâts que fait le pouvoir de Sassou Nguesso sur l’écosystème social, et sur l’économie de leur pays. Sans doute, ils ne s’en rendront compte que lorsque Denis Sassou Nguesso les auras achevés.

Voilà pourquoi nous disons qu’autant panser une jambe de bois que penser qu’il pouvait sortir quelque chose de bon de Madingou. Aucune concertation, conférence (nationale, internationale), dialogue ( inclusif, exclusif), symposium, sommet (et autre rencontre au sommet) ne nous guérira de Sassou. Morte la bête, mort le poison.

Serge Armand Zanzala, journaliste et écrivain

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