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Augmentation du prix de la farine : les boulangers asphyxiés

La montée en flèche du prix du blé sur le marché mondial met le moulin congolais et le secteur de la boulangerie en débâcle. La Minoterie du Congo(MINOCO), l’unique société congolaise de fabrication de farine, afin de faire face à cette flambée du prix du blé et en accord avec le gouvernement de la République, vient d’augmenter le prix de son produit. Les boulangers qui ploient déjà sous le poids des multiples charges, se sentent asphyxies par cette hausse du prix de la farine qui est passé de 13900fcfa à 15500fcfa à Pointe- Noire et de 16000 à 18500fcfa à Brazzaville. C’est aux fins de permettre aux congolais de comprendre la situation actuelle des boulangers et aussi présenter leur position face à cette question que le président du bureau départemental du syndicat patronal des boulangers du Congo a animé récemment à Pointe-Noire une conférence de presse y relative. Les boulangers s’opposent à la hausse du prix de la farine qui conduira inévitablement à celui du prix du pain. Ils suggèrent au Gouvernement des mesures conservatoires pour la sécurisation du moulin congolais et celle du secteur de la boulangerie.

La place de l’activité boulangère dans l’économie nationale.

Le pain est considéré comme l’un des aliments de première nécessite en milieu citadin et est devenu une denrée stratégique dans l’alimentation au Congo. La consommation des boulangeries en matière de farine avoisinent les 140 milles tonnes par an, pour une valeur approximative de 50 milliards de FCFA. S’il faut ajouter l’acquisition du matériel d’exploitation et la part d’autres intrants, le secteur de la boulangerie injecte 80 milliards par an dans l’économie nationale. Par ailleurs, 5 mille emplois directs sont crées ainsi que plus de 5 mille emplois indirects. Mais la situation est loin d’être reluisante en dépit de ces apparences flatteuses que présente ce secteur. Il est rentré dans un cycle de vulnérabilité qui perturbe son fonctionnement. La rentabilité des promoteurs n’est plus garantie. A l’origine de cette dégradation de l’activité boulangère figurent diverses facteurs, entre autres, l’absence d’une politique d’organisation du secteur, les conditions d’implantation d’une boulangerie qui sont foulées au pieds .On observe une véritable anarchie dans l’exercice de ce métier. La violation des règles et des normes de fabrication et de distribution du pain. Le poids du pain n’est pas respecté et le produit est distribué par des moyens de fortune tels brouettes, taxis... en lieu et place de fourgonnettes, mettant ainsi en danger la santé des citoyens. Il ya également à relever l’absence d’une politique en matière du prix de la farine et du pain. Ce sont deux produits siamois dont l’augmentation du prix ne peut s’imposer sur l’un sans l’être sur l’autre. Si la farine subit une hausse, le pain qui est un sous produit de la farine doit suivre. Au Congo hélas ! il manque cette harmonisation. De 1995 à 2005,la farine a connu deux arrêtés d’augmentation de prix. Par contre le prix du pain n’a pas évolué durant cette même période. Ce n’est que trois années après, sous la pression des boulangers, que le gouvernement a trouvé nécessaire de revaloriser le coût du pain. D’autre part il faut soulever l’impact des récentes mesures douanières sur la farine. Le marché du blé a connu en 4 mois une flambée spectaculaire de 80 pour cent. Malheureusement le Congo ne s’est pas seulement limité à réguler cette tension. Paradoxalement le gouvernement congolais a augmenté les taxes au niveau des douanes. Ainsi le Tarif Extérieur Commun (TEC) sur la farine importée qui était de 5% en 2005 a été relevé à 30%...Ce qui sous entend une incidence sur le prix de cette farine qui nous arrive de l’étranger et partant sur le pain. L’augmentation du prix du blé ,associée à la monté du TEC entraîne une hausse du prix moyen de la tonne de farine à 430mille FCFA à Brazzaville et 320mille FCFA à Pointe-Noire. Soit une augmentation de 11,5pour cent sur le prix de la farine.

Le patronat syndical propose au gouvernement d’autres mesures

A fin d’éviter cette évidence catastrophique pour les boulangers et la population, le syndicat patronal des boulangers du Congo suggèrent à la ministre du commerce ,des approvisionnement et de la consommation Adélaide Moundélé Ngolo d’user de toutes ses prérogatives auprès du Gouvernement pour annuler la mesure sur l’augmentation du taux du TEC, de convoquer une commission quadripartite ministère du commerce-ministère de l’industrie-ministre des finances-syndicat patronal des boulangers, afin d’examiner cette question combien délicate. Les boulangers suggèrent au gouvernement de ramener le TEC à 5% sur la farine importée et que soient supprimées certaines taxes sur la farine de la MINOCO pour qu’elle retrouve son prix d’il ya quelques semaines. C’est dans ces condition que le pain conservera son prix actuel.
Concernant le volet relatif à l’assainissement du secteur de la boulangerie ; le syndicat estime que le désordre observé découle de l’inconscience des patrons des boulangers d’une part et d’autre part de l’irresponsabilité des pouvoirs publics.
Le secteur de la boulangerie est réglementé. D’où l’intérêt pour l’Etat d’appliquer ces textes afin de mettre un terme au désordre qui règne dans ce secteur. C’est une véritable jungle, chacun entreprend comme bon lui semble sans être inquiété. Il s’est installé depuis une certaine période le phénomène des grossistes qui est en voie de suppléer les revendeurs. un véritable arnaque du consommateur final et une concurrence déloyale que subissent les boulangers honnêtes : le pain acheté par ces grossistes auprès de certaines boulangeries qui encouragent cette pratique et qui est vendu à 65 ou 70 FCFA au lieu de 75 FCFA, n’a pas le poids requis et le citoyen achète ce pain à 100 FCFA. Un autre fait à relever, la surproduction sur le marché du pain. Pointe-Noire compte environ 900mille habitants.et il existe 72 boulangeries qui produisent 898mille pains par jour. Or il s’avèrent que ce n’est pas tout le monde qui consomme le pain. D’où la mévente observée dans les boulangeries. Le secteur a donc besoin d’être assaini.

A noter que le Congo compte 170 boulangeries dont 86 à Brazzaville,72 à Pointe-Noire ,6 à Dolisie et 6 autres à Nkayi.
L’augmentation du prix de la farine est pour une période d’un mois. le temps de finaliser les pourparlers avec les différents acteurs de ce secteur et de trouver une solution viable pour tous.

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