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Brazzaville, en bref : "buala Yayi mambu"

Les brebis égarées de la BAG

Mardi, 1 février, 4h du matin. Un couple revient de l’hôpital de Makélékélé, où l’homme et la femme ont déposé un grand corps malade. Sur la route goudronnée qui mène vers le quartier Château d’eau, à quelques mètres de chez Tostao (l’ancien immense ailier droit des Diables Noirs), les policiers de la BAG (Brigade anti-gang) les interpellent. « Vous avez quoi ?  » leur demandent-ils. L’homme et la femme, apeurés, répondent qu’ils ont leur livret (Pièce d’identité). Erreur. Les policiers s’énervent : « Nous allons manger vos « livrets ?  » rugissent-ils. S’ensuit une fouille des corps minutieuse. Puis les policiers emportent avec eux un butin faramineux ( ?) de 15 000 FCFA, deux téléphones portables, etc. « On a mis dans la police des ex-voleurs, des pécheurs analphabètes ! Que voulez-vous qu’ils fassent ? Eh bien, ils volent, ils pillent, ils spolient  », analyse un Commandant de police, sous couvert d’anonymat. Et de déplorer : « Le pire est que les pauvres gens ne peuvent pas porter plainte ; elle sera irrecevable. »

Quand les militaires s’énervent…

Pour arrondir ses fins de mois, un adjudant de l’armée fait le taxi. Il avoue qu’il a été dressé comme un chien pour protéger le pouvoir et non le peuple, au cas où ça péterait… comme en Tunisie ou en Egypte… Jamais il ne suivra l’exemple de ses collègues qui ont saccagé, jeudi 3 février, les locaux de Contrôle et de discipline budgétaire, sous les regards impassibles des gendarmes.

Les faits : l’hôtel « Les Eucalyptus  » appartient désormais au ministre des Finances et de l’Economie qui le loue à son propre ministère (conflit d’intérêts ?) pour abriter le service de Contrôle et de discipline budgétaire. Habile, n’est-ce pas ? Les militaires qui ont saccagé le matériel de cet hôtel y sont convoqués tous les mois, depuis Août. Pour quelle raison ? Pour permettre aux agents de Contrôle de pérenniser leur prime (25000FCFA) mensuelle. Chose étrange, chacun de ces militaires ne perçoit qu’un seul salaire, et vit difficilement.

SILENCE RADIO

« Au lieu de s’attaquer aux vrais voleurs de ce pays, ces agents nous font venir ici tous les mois pour rien » tempête un Lieutenant. Et, comme pour protester contre ces agents (les vrais voleurs) et leur ministère, ces militaires ont saccagé tout le matériel de l’hôtel « Les Eucalyptus ». Chose curieuse, les medias ont passé sous silence cette information. Mais les militaires, eux, ont promis que la prochaine fois, ils iront loin… « Non, tous les militaires congolais ne sont pas mous ; ils savent manifester leur colère. Vous verrez ce dont ils sont capables » promet le Lieutenant.

« Mbochi », une antonomase dangereuse

Lundi 7 février, les policiers envahissent le domicile d’un homme marié, tôt le matin, dans le quartier de l’ex-télé. Les gens affluent, savourant le spectacle. Soudain, deux jeunes qualifient l’interpellé de « mbochi  ». Autrement dit, un voleur. Rien n’indiquait que le voleur était d’ethnie "mbochi". La veille, en effet, l’homme aurait volé le porte-monnaie d’une dame âgée. Et, désormais, tout voleur à Brazzaville est traité de « mbochi », en référence aux hommes politiques riches d’ethnie « Mbochi ».

Petit à petit, l’antonomase prend de l’ampleur. Un abus de langage, un dérapage dangereux, un délit. Non, tous les Mbochis ne sont pas des voleurs et tous les voleurs ne sont pas mbochi. Non, tous les Mbochis ne profitent pas du système. Il y a des Bembés, des Laris, des Tékés, ventrus surtout, qui pillent aussi le Trésor public. Les turpitudes d’un clan minime ne peuvent se répercuter sur une population du Congo. Hélas ! On ne peut compter sur le Parlement pour voter une loi contre cette discrimination criante.

Bedel Baouna

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