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Cuba a passé son premier jour depuis 1959 sans "Fidel" et sous Raul

LA HAVANE (AFP) - Cuba a passé mardi sa première journée depuis 1959 sans Fidel Castro aux commandes, remises la veille à son frère Raul, ministre de la Défense et successeur désigné, après l’"accident de santé" dont a été victime le père de la révolution cubaine.

Le chef de l’état souffrant, qui aura 80 ans le 13 août, a fait savoir mardi soir que son état était « stable » et qu’il avait « bon moral », mais qu’il fallait encore « beaucoup de jours » avant un diagnostic fiable, selon un communiqué lu par un présentateur de la télévision.

« Je peux dire que c’est une situation stable, mais une évolution générale de l’état de santé nécessite une période de temps. Tout ce que l’on peut dire, c’est que la situation se maintiendra stable beaucoup de jours avant de pouvoir prononcer un verdict », a déclaré Fidel Castro dans son message, le premier depuis sa « proclamation » annonçant lundi la remise provisoire des pouvoirs à son frère.

Ce dernier, traditionnellement très discret, ne s’est pas encore manifesté.

Au Venezuela, plus proche allié de Cuba, le gouvernement avait fait savoir dans la journée que les autorités cubaines lui avait communiqué que « le processus de rétablissement du président Castro évoluait positivement ».

A Washington, la Maison Blanche a dit n’avoir « aucune raison de penser » que Castro soit mort, tandis qu’à La Havane, le président du parlement Ricardo Alarcon, numéro trois du régime, assurait que Fidel Castro « se battra toujours jusqu’à son dernier instant ».

Dans sa « proclamation » signée de sa main et lue à la télévision par son secrétaire particulier, le président cubain avait annoncé lundi soir avoir subi une délicate opération aux intestins le contraignant à déléguer « provisoirement » ses pouvoirs de chef du Parti communiste, des forces armées et du gouvernement à frère Raul, âgé de 75 ans.

Fidel Castro a expliqué ses problèmes de santé par « un stress extrême », rappelant les « énormes efforts » consentis lors de son voyage en Argentine pour le sommet du Mercosur, du 22 au 24 juillet, et son discours annuel du 26 juillet, à Bayamo, à plus de 700 km au sud-est de La Havane.

Son opération l’oblige, a-t-il dit, « à conserver le repos durant plusieurs semaines, éloigné de (ses) responsabilités et charges ». Il a demandé que les festivités pour ses 80 ans soient reportées au 2 décembre.

Selon des gastro-entérologues interrogés à Paris, la « crise intestinale aiguë, avec saignements importants », dont a souffert le président cubain pourrait résulter d’un cancer du colon, d’une hernie intestinale ou d’une anomalie vasculaire.

Fidel Castro a aussi laissé planer le doute sur sa participation au sommet des Non-alignés, prévu du 11 au 16 septembre à La Havane, au cours duquel il doit prendre la présidence du mouvement.

C’est la première fois en plus de 47 ans de pouvoir absolu que le dirigeant cubain se voit obligé de passer la main.

A La Havane, aux arrêts de bus et dans les bureaux, la santé du « comandante » était sur toutes les lèvres mardi, certains se demandant si le processus n’était pas une « répétition générale » pour le jour fatidique.

Aucun incident n’a été signalé même si les militaires et policiers étaient plus présents que normalement dans certains quartiers, dont la vieille ville, selon des témoins.

En revanche, des milliers d’exilés cubains en Floride (Etats-Unis) sont descendus dans les rues pour fêter à coups de klaxon les problèmes de santé de M. Castro.

A Washington, Carlos Gutierrez, secrétaire américain au Commerce, né à Cuba, a estimé que « le temps était venu pour une réelle transition vers une vraie démocratie ».

A l’inverse, beaucoup d’amis du régime ont souhaité à M. Castro un prompt rétablissement, en premier lieu son « fils spirituel », le président vénézuélien Hugo Chavez, mais aussi son homologue bolivien Evo Morales, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero et des organisations comme le Parti des communistes italiens (PDCI) et les Mères de la Place de mai en Argentine.

Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a également adressé un message, soulignant que les Non-alignés avaient besoin de lui et de sa « sagesse ».

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