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Des ONG dénoncent l’exploitation sexuelle croissante des Camerounaises

YAOUNDÉ (AFP) - Plusieurs associations, notamment religieuses, ont dénoncé cet été à travers le Cameroun l’exploitation sexuelle dont sont victimes selon elles de plus en plus de Camerounaises, tant dans leur pays qu’à l’étranger, où elles sont parfois envoyées de force.

« L’ampleur de ce phénomène échappe au grand public », a affirmé à l’AFP le pasteur Jean Blaise Kenmogne, directeur général du Cercle international pour la promotion de la création (Cipcre), à l’origine de cette campagne de conférences et de réunions éducatives dans les quartiers.

« La prostitution de Camerounaises a pris de nouvelles proportions nationales et internationales avec la mise sur le marché de toutes jeunes filles par des proxénètes qui évoluent dans nos villes ou exportent leurs victimes à travers des filières bien établies », a-t-il expliqué.

Au Cameroun, certaines jeunes femmes ou filles sont victimes de souteneurs, d’autres sont parfois poussées à la prostitution par leurs parents. Une étude commandée par le Cipcre et menée dans quatre des dix provinces du pays a montré que des fillettes sont prostituées dès l’âge de neuf ans.

Si la plupart des prostituées au Cameroun sont issues de milieux défavorisés, en rupture scolaire et/ou familiale, des lycéennes ou des étudiantes se prostituent également pour subvenir à leurs besoins, selon les associations.

« Mais le fléau le plus préoccupant reste les réseaux internationaux », estime Amélie James Koh Bela, auteur en 2004 d’un livre sur la prostitution africaine en Occident. Elle dénonce aujourd’hui les enlèvements au Cameroun par des réseaux camerounais de femmes et d’enfants, filles ou garçons, destinés au marché de la prostitution en Asie.

« Ce +réseau asiatique+ alimenté par des enfants volés est d’autant plus important ces derniers temps que chaque victime y est vendue entre 6.000 et 10.000 euros, destinée à une clientèle convaincue que s’accoupler avec un enfant prolonge la vie »", précise Mme Koh Bela, par ailleurs responsable de l’ONG Aide Fédération qui a pris part à la campagne.

Le Cameroun figure parmi les principaux pourvoyeurs du marché de la prostitution africaine à l’étranger, aux côtés du Nigeria et du Ghana, estiment les spécialistes.

Destination la plus prisée, l’Europe. Mais en Asie, Singapour, Taiwan et Hong Kong sont décrits comme des marchés « en plein boom », de même que les pays du Golfe, où les petro-dollars attirent chaque année de plus en plus d’Africaines.

En Europe, les réseaux, parfois à caractère familial, attirent les filles en leur faisant notamment miroiter un mariage avec un « Blanc » ou convainquent les parents de leur confier leur enfant pour le scolariser. Jeunes filles ou enfants sont souvent victimes de dures pressions psychologiques ou affectives destinés à les contraindre à se prostituer.

D’autres jeunes femmes, attirées par la vie et l’argent supposés faciles en Europe, viennent en connaissance de cause, avec l’aide de ces réseaux, mais se retrouvent souvent soumises à des cadences infernales ou utilisées pour des pratiques extrêmes dans des films pornographiques, dénonce Mme Koh Bela.

Selon elle, des femmes mariées se rendent aussi périodiquement en Europe pour s’y prostituer.

« Si pour lutter contre la prostitution locale il est essentiel d’intensifier la lutte contre la pauvreté, pour arrêter le grand flux des filles et femmes vers l’Occident, il est essentiel de libérer les esprits de la fascination qu’il procure »", prescrit le philosophe congolais Kâ Mana, auteur d’une vingtaine d’ouvrages, qui a participé à cette campagne.

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