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Des contrats d’investissements pour des intérêts personnels

par Sam Samuel Oyemba

Au retour du Président Denis Sassou Nguesso aux affaires, le peuple congolais n’avait ménagé aucun effort pour scander à tue-tête : « l’espoir renaît ». Et, à la présidentielle de 2002, vu les promesses faites notamment sur les 40.000 emplois par an, la bonne gestion de la cité et des ressources naturelles, Denis Sassou Nguesso classé dans la catégorie des « hommes sauveurs » était plébiscité à 89%.

Seulement, depuis temps, les critiques les plus virulentes à l’égard de son pouvoir ne cessent de polluer la société ; critiques sur la gestion du pétrole, le bois, le fer et sur bien d’autres minerais que regorge ce pays.
Ceci dit, malgré l’exploitation de ce potentiel, les congolais fument le calumet de la misère par la force d’un groupe d’hommes dit « chargés de mission ou hommes relais » qui signent des contrats pour leurs intérêts avec des sociétés se proclamant investisseurs alors qu’elles ne le sont pas réellement.

Rio Tinto

Le cas d’un « investisseur » dénommé Rio Tinto reçu en pompe au Congo Brazzaville alors que les autorités guinéennes venaient de le désavouer.
En effet, dans le collimateur des autorités guinéennes depuis plusieurs mois, Rio Tinto a été notifié, le 9 décembre, par le ministre des mines, qu’il devait rétrocéder le bloc nord des concessions de fer de Simandou. Le géant minier est titulaire du projet depuis des années via sa filiale Simfer SA.
En mai, insatisfait de l’état d’avancement des travaux d’exploration sur Simandou, la présidence guinéenne avait signifié à Rio Tinto le retrait imminent de sa concession. Les discussions sur la rétrocession d’une partie des titres se sont ensuite engagées à la rentrée, mais sans aboutir. C’est le conseil des ministres qui a demandé au ministère des mines de procéder au retrait du bloc nord.

Dans la foulée, la concession de Simandou, en fait composée des blocs 1 et 2, a selon nos informations était transférée à BSG Ressources Guinée SA, la filiale du groupe du diamantaire Beny Steinmetz. BSG Ressources est titulaire de deux blocs d’exploration aux extrémités nord et sud de Simandou depuis février 2006. Mais, après avoir investi plus de 15 millions $ dans des travaux de recherche au nord de Simandou, BSG a enregistré des résultats décevants. D’où sa volonté de sécuriser des permis plus prospectifs dans la zone.
Le programme de prospection de BSG au sud de Simandou, dans la région de Zogota a, par contre, abouti à des résultats prometteurs. Trois camps de travail ont été installés dans la région : à Zogota, Kerouane et Nzerekore, où 500 personnes sont actuellement employées. BSG Guinea, qui est pilotée par Marc Struik, mène aussi sur place un important programme de recherche dans la bauxite.
Lors de la notification à Rio Tinto de la rétrocession du bloc nord de Simandou, les services du ministre des mines Loucény Nabé ont par contre confirmé les droits du géant minier sur la partie Sud de Simandou, soit 50% de sa concession originelle.
Comment comprendre donc qu’une entité désavouée par un pays frère pour « incompétence » soit présentée au Congo comme un géant dans l’exploitation ?

MAG

Ce n’est pas tout. Un cas similaire peut être conté sur Mag industrie qui, selon nos sources, a la réputation de peiner sur les grands projets.
En effet, les cours des actions de Mag a véritablement explosé en juin-juillet août dernier (spéculation programmée). Il est actuellement très nettement à la baisse.
Mag a au Canada la réputation de peiner sur ses grands projets (électricité en RDC, potasse et manganèse au Congo, etc.), mais dispose d’alliés stratégiques à très haut niveau et d’excellents conseils financiers.

Seule l’activité de foresterie est actuellement rentable et opérationnelle, et c’est probablement cette seule activité qui a sauvé le groupe Mag d’ennuis sérieux. Le cash flow est relativement limité, par manque d’autres activités commerciales, et l’activité foresterie ne peut évidemment pas tout financer, ce qui explique que Mag recourt régulièrement à des appels de fonds (des certaines de millions de dollars déjà, apparemment). Le principe est toujours le même : Mag valorises ses concessions et ses projets au niveau théorique, et émet ensuite des actions en échange de fonds frais.
Les contrats de concession obtenus sont de premier ordre : INGA II en RDC, potasse et manganèse au Congo, etc. Rien ne garantit cependant que Mag trouvera les fonds nécessaires pour réaliser tous les projets.
En effet, rénover INGA II au Congo, assurer la construction des lignes de transport d’énergie depuis INGA II jusqu’au Kouilou, pomper l’eau de la rivière Loémé et l’acheminer par aqueduc sur des dizaines de kilomètres, reconstruire une voie de chemin de fer sur 25 kilomètres, etc. etc. tout cela coûterait plusieurs milliards de dollars, ce qui n’est pas facile à trouver.
Ce que l’on remarque également est que Mag n’arrive jamais à tenir ses prévisions dans le temps, sauf pour la construction de l’usine à copeaux de Pointe-Noire, mais Mag annonce systématiquement de nouveaux projets, encore plus importants. L’action de Mag, à la bourse de Toronto, a la réputation d’être une action protégée (il s’agit en fait presque d’une société privée), dont le cours est manipulé, et spéculatif.

Voilà grosso modo les investisseurs avec lesquelles des chargés de missions congolais signent des contrats pour développer leur pays ; des investisseurs sans ressources financières, parfois, vilipendés ailleurs.
Le Congo dans sa globalité est-il un pays de récupération des investisseurs escrocs ? C’est la question que l’on se pose lorsque des investisseurs désavoués ailleurs viennent se bomber le torse dans ce pays sous des accords contactés pour des intérêts personnels mettant à genoux ce pays (Congo) potentiellement riche.

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