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Des militaires français au défilé du 15 août à Brazzaville : sans Sarkozy

Des militaires français défileront à Brazzaville à l’occasion de la célébration du cinquantenaire de la République du Congo (1960-2010). L’info est donnée par Les Dépêches de Brazzaville. Souvenons-nous que ce 14 juillet 2010 les militaires congolais ont martelé leurs brodequins sur les Champs Elysées. D’accord, on ne les a pas trop remarqués nos "beaux soldats". Mais ils y étaient : « sous la direction, s’il vous plaît, d’un saint-cyrien » se vantent les fans de l’uniforme au Congo.

Sarkozy n’y sera pas

Ce 15 août 2010, ce sont les militaires français qui feront résonner leurs rangers sur l’asphalte du boulevard des Armées, artère où le gouvernement congolais a coutume d’organiser ses parades. On pourrait dire, au regard de cette présence française dans un défilé congolais, que la bonne entente règne au sein de la Françafrique. Pas si vite. Car il faudra souligner la fourberie de Nicolas Sarkozy sur cette amitié « intersyndicale ». Sarkozy ne sera pas de la partie. Il y aura sûrement (forcément) les potes de toujours : Biya, Do Santos, Kabila, Nguéma, Ali Bongo, Déby, Bozizé etc. Mais pas Sarko.

Il eut fallu que le Président français rende la politesse en assistant lui aussi au défilé que son homologue congolais organise dans sa ville. Sassou n’a pas tergiversé lorsque L’Elysée l’a invité (en compagnie des autres chefs d’Etat d’Afrique francophone) à venir admirer la parade du 14 juillet à Paris. Hier, à sa descente d’avion à Brazzaville, on lisait sur son visage cette impression du devoir accompli comme chaque fois qu’il rentre de Paris. L’ordre convenable des choses eut donc voulu que Nicolas Sarkozy se rende sur la rive droite du fleuve Congo afin d’admirer la manière dont les militaires de Denis Sassou-Nguesso marquent le pas sur le goudron du Bd des Armées (les Champs Elysées locaux). Au lieu de ça, le locataire de L’Elysée a préféré déléguer quelques paras cogner le pavé brazzavillois à l’occasion du cinquantenaire de la République du Congo. Quel goujat !

Sassou, c’est connu, aime la fête. Il a le temps. Ce n’est sûrement pas le cas de son collègue Nicolas Sarkozy dont le calendrier, pleinement rempli, ne laisse pas place à quelque virée tropicale au beau milieu de l’été. Et encore en pleine chaleur des scandales politico-financiers. Il y a d’autant moins de chances que Sarkozy se rende à Brazzaville qu’à Paris ne cessent de défiler dans la presse de nouvelles révélations sur son ministre et ami Eric Woerth dont les godasses sont vachement empêtrées dans l’affaire liée au trafic d’influence avec la milliardaire Liliane Bettencourt. Le couple Woerth qui jusque-là paradait devant les exigences de la morale, en clamant haut et fort qu’il n’avait rien à se reprocher, révèle en fait un parcours politique (une marche éthique) qui n’est pas exempte de faux pas. Après la lourde artillerie du Canard Enchaîné, l’Elysée a subi hier un tir du journal Le Monde après la garde à vue d’un employé de l’héritière de Loréal. Sassou, lui, est tranquille. Malgré la casserole des "biens mal acquis" et son népotisme avéré, on sait bien (soit dit en passant) qu’il n’a jamais été inquiété par la justice de son pays, encore moins par la presse locale. Surtout pas Les Dépêches de Brazzaville qui ont annoncé l’arrivée des bidasses français ce 15 août. Ce n’est pas le cas de l’ami françafricain Sarko.

Dans ces conditions, on le voit mal, lui Nicolas Sarkozy, s’éloigner du champ de bataille juridico-politique que constitue l’affaire Woerth/Bettencourt pour le plaisir d’aller voir des soldats congolais se livrer au seul exercice qu’ils sachent faire en dehors du massacre de leurs propres populations (cf. l’Affaire des Disparus du Beach) c’est-à-dire : parader avec une impeccabilité nord-coréenne assortie d’une rigueur stalinienne.

Fussent-ils des descendants des mythiques Tirailleurs Sénégalais qui ont contribué à la libération de la France, les militaires congolais ne paraissent pas, selon Sarkozy, mériter un déplacement. Le jeu, comme on dit, ne vaut pas la chandelle.

On dit aussi Sassou rancunier. Gageons qu’à la prochaine invitation française, il rendra la monnaie de sa pièce à Sarkozy. Comme le Président Ivoirien Laurent Gagbo, boudeur devant l’Eternel, qui a refusé de se rendre au défilé du 14 juillet à Paris. Chiche !

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