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Dialogue politique sans les deux principales forces de l’opposition

TCHAD AFP
Le "dialogue politique" au Tchad, sollicité par le pouvoir et destiné à apaiser les tensions avec ses opposants, s’ouvrira ce vendredi à N’Djamena sans les deux principales composantes de l’opposition, qui dénoncent l’absence des groupes armés, des exilés et de la société civile.

« Intitulé Dialogue politique pour le renforcement du processus démocratique au Tchad, ce dialogue regroupera les 78 partis politiques légalisés et le gouvernement », a affirmé mercredi un communiqué du Premier ministre.

Mais la Coordination des partis politique pour la défense de la Constitution (CPDC), la plus importante coalition de l’opposition tchadienne, et la Fédération Action pour la République (Far), qui dispose d’un groupe parlementaire à l’Assemblée, ont aussitôt annoncé qu’elles bouderaient la rencontre du 28 juillet.

La CPDC « ne participe pas à ce dialogue politique réducteur convoqué par le gouvernement », a déclaré son porte-parole Ibni Oumar Mahamat Saleh, disant attendre « du président de la République (Idriss Deby Itno) des initiatives politiques fortes et sérieuses par rapport au dialogue national non exclusif tant attendu par le peuple tchadien tout entier ».

« Le dialogue politique du 28 juillet est une conférence du parti au pouvoir avec ses alliés et non un dialogue national inclusif souhaité par tous », a ajouté Ibni Oumar Mahamat Saleh.

Il « n’aborde pas et ne résoudra pas les maux que vit le Tchad, à savoir la mal gouvernance, la déliquescence des institutions de l’Etat, l’insécurité, la menace sur la paix à nos frontières et dans la sous-région, ainsi que la panne du processus démocratique, entre autres », a-t-il estimé.

Le président de la Far, Ngarlejy Yorongar, a affirmé de son côté que son parti ne « participera jamais à une telle mascarade ».

« Oui pour un dialogue politique inclusif avec des témoins de la communauté internationale, composée de l’Union africaine (UA), des Nations unies et de l’Union européenne (UE), seules capables de garantir les résultats d’un éventuel accord », a-t-il ajouté.

Dans les semaines qui avaient précédé la présidentielle, disputée le 3 mai soit trois semaines après une offensive rebelle repoussée aux portes de N’Djamena, l’opposition, relayée notamment par les Etats-Unis et l’UA, avait appelé en vain M. Deby à repousser l’élection et à ouvrir le dialogue.

Au lendemain du scrutin, boudé par l’opposition, le président français Jacques Chirac, principal soutien d’Idriss Deby Itno, avait lui-même appelé son homologue tchadien réélu au premier tour à "restaurer la concorde".

Idriss Deby Itno, au pouvoir depuis 1990, avait alors demandé au gouvernement d’ouvrir un dialogue « interne et tchado-tchadien » avec tous les partis politiques de l’opposition pour « ramener un climat politique sain et serein » au Tchad.

Mais la CPDC et la Far, malgré l’invitation relayée à N’Djamena par la ministre française déléguée à la Coopération Brigitte Girardin, avaient déjà opposé une fin de non-recevoir à M. Deby, réclamant pour leur part la « participation de tous les Tchadiens » à « un grand dialogue national ».

« Les politico-militaires et la société civile ne sont pas invités à ce dialogue parce qu’ils ont un statut différent des partis politiques. L’opposition politique en exil n’est pas invitée non plus parce qu’il est difficile de la cerner », a justifié, sous couvert de l’anonymat, un membre du comité préparatoire au dialogue.

Selon lui, trois thèmes doivent y être débattus : le processus électoral, le statut des partis politiques et un "code de bonne conduite".

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