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Dolisie 2008

Par Grégoire Tchipounga, photographies Marc Thomas.

Dolisie fait partie des cités martyrs des évènements de 97 mais elle a encore plus souffert de l’épisode guerrier de 99. Prospère jusqu’en 97, la "capitale de l’or vert" a perdu toutes ses activités linières traditionnelles qui faisaient d’elle un pole industriel majeur. Le bois y affluait, soit pour être transporté sous forme de grumes vers le port de Pointe-Noire via le Chemin de Fer Congo Océan, soit pour y être transformé dans l’usine SOCOBOIS. Dolisie était alors une coquette ville ne pouvant en rien masquer ses origines coloniales. Les brazzavillois et les ponténégrins aisés se plaisaient à venir, le week-end, goûter à son climat agréable qui parvient presque à faire oublier la célèbre poussière rouge caractéristique de la ville.

Ici, on comptait beaucoup sur le passage de Pascal Lissouba à la présidence pour que la ville se développe. Le prof y avait lancé la construction d’une aciérie qui devait produire du fer à béton à partir de ferraille de récupération. En dehors de la carcasse vide de ce projet à l’intérêt contesté, Dolisie ne peut guère s’enorgueillir des réalisations de celui auquel elle apporta un soutien béat.

Si la ville a souffert dans sa chair, comme en témoignent encore les ruines de villas détruites par faits de guerre ou par des vengeances personnelles masquées par ceux-ci. Une plaie bien plus grave ne s’y est pas refermée : la déchéance du CFCO. C’est à cause de l’incapacité de ses dirigeants de le remettre en activité dans des délais raisonnables que les investisseurs allemands, propriétaires de SOCOBOIS ont décidé, après plusieurs années de vaine et dispendieuse attente, de cesser leurs activités au Congo.

Des milliers d’ouvriers du bois sont licenciés. Les nouveaux chômeurs quittent la ville pour Pointe-Noire où ils espèrent trouver un emploi. Les activités commerciales s’effondrent et la plaine de la Loubomo, autrefois en culture, passe à la friche. Dolisie perd la moitié de sa population.

Abandonnée à son sort jusqu’à la municipalisation accélérée de 2006 (46ème anniversaire de l’indépendance), elle a connu une relative amélioration pour l’occasion en particulier par la réfection d‘une partie de ses voiries et de ses réseaux d‘adduction d‘eau et d‘électricité. On y constate un an et demi plus tard que bien des chantiers sont passés au ralenti, mairie, hôtel du département, grand marché… et que d’autres qui ont vu leur complétion n’ont toujours pas été mis en service, sans doute n’en a-on pas besoin, hôpital général, aérogare, gare routière… Pour l’heure la ville doit toujours se contenter de son hôpital de référence antédiluvien et d’une aérogare vouée désormais à d’autres usages. Cette dernière est en chantier depuis plus de cinq ans et les voyageurs risquent à tout instant d’y trébucher sur un sol ni fait, ni à faire.

Le PCT a fait élire ici un de ses cadres les plus incompétents, Jean-Michel Mavoungou-Ngot, un Harpagon local au radinisme légendaire. Le gars est plus préoccupé par l’accroissement de ses biens que par le développement de sa commune. On peut mettre à son passif le détournement des fonds offerts par Sassou à la mairie pour la commémoration du 46ème anniversaire de l’indépendance. Ils étaient sensés permettre d’améliorer les conditions de travail des maires, y compris ceux d’arrondissement [1]. Evaporés ! Comme la subvention accordée par Abdou Diouf au nom de la francophonie pour la construction d’un centre culturel en lieu et place d’une ruine qui orne la place dite " le cercle" à la cité. On notera que JM Mavoungou-Ngot, premier adjoint du précédent maire, Jocelyn Mouitys, avait fait campagne sur la mauvaise gestion de la municipalité à laquelle il appartenait.

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