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Election présidentielle 2009 : la stratégie secrète de Sassou

Pour « gagner dès le premier tour », le pouvoir de Brazzaville veut utiliser deux armes déjà connues des Congolais à savoir : militarisation et trucage des élections. Il faut donc réduire l’opposition au silence et apeurer les populations. Comme au bon vieux temps du mono, cette basse besogne a été confiée au « bras armé » du pouvoir qui s’est tout de suite mis au travail.

Les séminaires successifs de la police et de la gendarmerie particulièrement, sont à placer dans ce cadre. Le pouvoir est en effet prêt à sortir les engins de la mort pour mater, écraser toute velléité de contestation de la majorité silencieuse, quitte à se mettre à dos le Tribunal Pénal International (TPI) de la Haye. Les conclusions du dernier séminaire sont éloquentes à cet égard : il faut réduire l’opposition au silence depuis les opérations de vote, jusqu’à la prestation de serment. Le scénario prévu serait semblable à celui que le Kenya a vécu. Il s’agit pour les vainqueurs de la guerre du 5 juin 1997, de s’auto proclamer vainqueurs avant même que tous les résultats soient connus ; le lendemain, la cour constitutionnelle valide les résultats truqués et dans la foulée, suit la prestation de serment devant le parlement réuni en congrès.

En cas de contestation active : marche, ville morte, sit-in, concerts de casseroles ou toute autre forme de désobéissance civile de nature à empêcher les autorités actuelles à se maintenir au pouvoir par une mascarade d’élection déjà prévisible, une frange des forces armées acquise au pouvoir [1], n’hésitera pas à mettre dans la rue, les engins blindés anti-émeute de fabrication chinoise, dotés de balles, d’eau chaude et de caméras espions avec instruction ferme de les utiliser. Des menaces de mort pèseraient même sur les deux candidats les plus en vue, après validation des candidatures ; peu importe donc pour le pouvoir qu’il y ait des blessés ou des morts, l’important c’est de se maintenir au pouvoir et d’y demeurer à vie, la « paix » dans notre pays en dépend.

Les villes de Brazzaville, Pointe Noire, Dolisie, Nkayi et le Département du Pool que le pouvoir considère comme zones à haut risque, seront quadrillés par des éléments armés constitués en mercenaires. Les Eglises du Congo tant redoutées et suspectées par le pouvoir ne sont pas épargnées par ce plan de la peur. En effet, dès la deuxième quinzaine du mois de mai, elles vivent sous l’œil du cyclone. Il leur est souvent reproché de faire des prophéties qui ne vont pas dans le sens voulu par le pouvoir. Des micros et caméras à distance seront déployées pour capter des messages que le pouvoir refuse d’entendre.
Le pouvoir de Brazzaville suspecte aussi nos voisins. La mort des généraux angolais dont les corps n’ont jamais été retrouvés, le problème des hommes de Mbemba soutenus par Mpila, notre participation active au renversement de Patassé, la controverse du transfert des restes de Madame Bongo au Congo contre la volonté de son époux, sont autant de causes qui font que nos relations avec l’Angola, la RDC, la RCA et le Gabon, manquent de sincérité c’est pourquoi, le pouvoir de Brazzaville qui ne veut prendre aucun risque, s’apprête à fermer toutes les frontières bien avant la date de l’élection telle décidée par le pouvoir. Il veut « par précaution », éviter des infiltrations et des complicités éventuelles entre l’opposition congolaise et les opposants des pays voisins.

Les séminaristes ont aussi reconnu que le pouvoir de Brazzaville a perdu toute crédibilité et qu’une élection libre et transparente signifierait la fin du régime aussi, recommandent-ils au pouvoir de maintenir l’embargo de l’opposition sur les médias, d’utiliser ces mêmes média pour montrer les réalisations du Président. Le but visé étant de convaincre les populations.
Les séminaristes qui avaient convenu de se retrouver le 27 mai prochain n’ont pas dit comment les médias feront pour expliquer au peuple que ce pays qui a engrangé depuis l’avènement de la Nouvelle Espérance plus de dix mille milliards de francs CFA, ait maintenu les avancements et les reclassements au niveau de 1994 ? Comment expliquer que le pouvoir soit resté sourd aux concerts de casseroles de ceux qui ont perdu leur emploi c’est-à-dire, les ex-travailleurs des entreprises liquidées ? Ils sont encore nombreux à attendre la régularisation de leur situation ! Et surtout, comment expliquer les richesses outrancières accumulées par le clan du Chef de l’Etat pendant que l’écrasante majorité du peuple croupit dans la misère la plus totale ? Il n’est donc pas étonnant que les voyages du Président, les meetings, les défilés, les fêtes organisées par le pouvoir et surtout la dernière tournée d’adieu du Président, soient les seules occasions qui restent au peuple réduit à la mendicité, de grappiller quelques miettes.

Dans notre armée, il y a beaucoup de mécontents à cause de nombreuses injustices subies par nombre de soldats, certains sont restés au même grade et/ou radiés de l’armée, d’autres en douze ans, ont gravi tous les échelons : de sergents, ils sont devenus colonels. Qui douterait encore du caractère républicain de notre armée ? Seule l’opposition qui, selon le pouvoir, n’aurait pas d’yeux pour voir.

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