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Foire Nationale de Pointe-Noire, rendez vous commercial ou kermesse ?

La 21ème édition de la Foire Nationale de Pointe-Noire, lancée le 3 Août 2007 par M. François E KA, Directeur du cabinet de Mme la Ministre du Commerce, de la Consommation et des Approvisionnements, s’est achevée le 3 septembre dernier sur une note d’insatisfaction totale due à une inorganisation constatée au niveau de l’attribution des stands. Cette fête foraine, envahie par la pacotille chinoise, a été un échec cuisant et patent avec une participation très insignifiante des entreprises nationales. L’imbroglio, a été prolongé par une quinzaine commerciale qui s’est étendue jusqu’au 24 de ce mois, pour permettre aux participants de liquider leurs stocks.

Ce rendez-vous des exposants placé sur le thème pompeux : « Accord de Partenariat Economique Afrique Centrale – Union Européenne : fondement et impact de l’économie nationale » était destiné à faire prendre conscience aux entreprises nationales de la nécessité de renforcer leurs capacités d’offres. Son but officiel était d’arrimer le Congo à la mondialisation. Malheureusement le ministère du Commerce, de la Consommation et des Approvisionnements vient de rater par l’intermédiaire du Centre Congolais du Commerce Extérieur (CCCE), l’occasion de sensibiliser les pouvoirs publics et le secteur privé national au développement de la capacité nationale de production, de transformation, et de distribution des produits congolais ; de renforcer et de diversifier l’économie congolaise et ses relations commerciales avec le reste du monde ; de vulgariser la politique gouvernementale générale et sectorielle qui n’existe de fait que sur papier par manque d’actions concrètes et visibles.

Il faut retenir que cette édition 2007, a fait de nombreux mécontents parmi les exposants qui n’ont pas réalisé les gains espérés par rapport aux investissements consentis. Ils s’accordent à dire que le CCCE à réalisé son bénéfice dès l’ouverture des inscriptions en leur imposant de régler de la totalité du prix du stand avant même d’en connaître l’implantation. Un mois plus tard, certains d’entre eux ne sont toujours pas rentrés dans leurs frais.

C’est la raison pour laquelle le CCCE s’est trouvé dans l’obligation d’offrir une rallonge de calendrier masquée par une prétendue quinzaine commerciale, nouveau fiaso fiasco.

Comment peut-on prétendre arrimer un pays à la mondialisation par le truchement de produits issus de l’industrie de la copie asiatique ? Cette prétendue foire met en évidence le manque d’entreprises nationales confiantes en l’impact commercial que peut avoir cette manifestation. Leur immense majorité n’a pas perçu d’intérêt à y participer. Celles qui se sont déplacées, la Société Agricole de Raffinage Industriel du Sucre (SARIS CONGO), la Société Plastique du Congo (PLASCO), la Société des Gaz Liquéfiés du Congo, les Brasseries du Congo, les deux Sociétés de téléphonie mobile (Celtel et MTN), la Société des Aluminiums du Congo (ALUCONGO) ont occupé les deux pavillons destinés aux entreprises du secteur national et aux entreprises émergeantes.

Le secteur "gastronomique" pour sa part a fait fortune, en occupant 57 des 241 stands loués, avec des bistrots et restaurants de fortune aux musiques tonitruantes.

Comment le CCCE ose-t-il parler d’activité productrice et d’action promotionnelle de mise en valeur des produits nationaux quand il ne présente guère que des activités de subsistance. Il fait croire aux congolais qu’il travaille alors qu’il ne fait que de l’administration destinée à remplir ses caisses sans aider le Congo à engager le développement de son économie.

Cette édition 2007, qui a regroupé 241exposants (102 stands couverts, 82 en plein air et 57 stands gastronomiques), aurait du être un moment important d’échanges entre vendeurs et acheteurs. Elle aurait du être animée de journée thématiques promouvant les entreprises nationales afin d’y intéresser les opérateurs nationaux et étrangers qui exercent au Congo afin qu’ils prennent pleinement conscience de la responsabilité qui est désormais la leur dans le processus d’édification d’une base « économique moderne, ouverte aux enjeux de l’Accord de Partenariat Economique (APE).

Il sied de rappeler qu’en mois d’avril dernier, Mme Adélaïde Moundélé Ngollo, Ministre Congolais du Commerce, de la Consommation et des Approvisionnements, annonçait à Pointe-Noire que le site de la foire nécessitait un véritable plan d’aménagement, tenant compte de son plan directeur, pour mieux rationaliser sa gestion afin de créer les zones spécialisées qui permettant aux industriels, aux agriculteurs et aux hommes d’affaires de développer leurs activités.
L’objectif de ce plan, qui s’étend sur 5 ans et financé sur fonds propres du Congo, était de rendre l’espace forain plus attractif en le dotant de dépôts, de salles pouvant être mises en location pendant les grandes manifestations. Malheureusement ce site n’est que la même et vieille voiture qu’on peint à chaque activité foraine et où les entreprises disparaissent au profit des bars d’occasion ou de circonstance.

Après la clôture de cette édition2007, nous pouvons affirmer aujourd’hui que les buts affichés par Mme la Ministre qui martelait, « Il est urgent et indispensable de diversifier notre économie sur la base de nos intérêts réels et identifiés afin de lui rendre une stabilité accrue ». Ainsi poursuivait-elle, « le Congo doit inscrire son développement dans la perspective de sa participation aux échanges tant sur les marchés de proximité qu’au niveau des débouchés commerciaux à l’international. » n’ont pas été atteints.

Peut-on le vérifier au sortir cette édition 2007 ? Car le Congo a besoin des compétences pour développer ce site qui n’est rentable que pendant la manifestation foraine qui ne se tient généralement en grandes vacances comme l’avait reconnu la Ministre. Or la réalisation d’un plan d’aménagement de ce site de la foire est un défi majeur pour ce ministère qui veut tout en criant pour soi disant encourager et soutenir la création, l’épanouissement et la pérennité des entreprises par la mise en place d’un environnement fiable, propice, sécurisant et stimulant.

Auto satisfecit des organisateurs

Dans son allocution de clôture, le Directeur de cabinet a affirmé que l’édition 2007 a été organisée pour jeter les jalons d’un grand débat national sur les enjeux des Accords de Partenariat Economique (APE) et leur impact sur l’économie nationale. Il a indiqué que cette manifestation foraine a constitué un espace économique national chargé de la production des produits et services du moment.

Rappelant aussi que leur désir s’active en ce moment à valoriser et sécuriser l’environnement du commerce et des affaires, conformément aux instructions de Mme la Ministre du Commerce, il a plaidé en faveur d’une meilleure implication des acteurs du secteur privé en général et des exposants en particulier afin de relever ensemble les défis qui paraissent aujourd’hui parmi les plus difficiles tel que celui des APE. Ce qui permettra en vue de la signature au plus tard le 31 décembre 2007 qui aboutira, dès le 1er janvier 2008, à la création d’une zone de libre échange qui sous entend la suppression progressive des barrières commerciales.

C’est pourquoi à travers ces activités économiques, il est selon lui, urgent et vital de créer les synergies nécessaires entre les différents acteurs, les passerelles utiles entre les entreprises afin de renforcer les capacités de production, de transformation, de transport, de distribution et de consommation des biens et services tant au niveau local ou domestique mais aussi et surtout en ciblant les marchés extérieurs.

Mais on est droit se poser quelques questions, sur l’impact économique, financier (fiscal), social, technique et autre de cette activité foraine sur l’économie congolaise ; sur le bénéfice que tire l’exposant à cette rencontre.

M. EKA qui croit de son côté, aux chances de son pays à renforcer ses capacités d’affaires et à poursuivre son cheminement vers l’avenir dans le concert des nations, avait souhaité que la foire et la quinzaine commerciale puissent représenter un signe d’espérance à l’image des défis à relever face aux enjeux des zones de libre échange UE et CEMAC, prévus à compter de janvier 2008.

Le DG du CCCE, s’est contenté de dire : « Je suis convaincu, pour les exposants à la foire, que vos affaires, connaîtront une expansion certaine à l’issue de cette édition. Soyez rassurés que l’assistance technique et bienveillante du personnel du CCCE vous est acquise d’avance pour mieux réussir une fructueuse exposition ».

Cette assertion est une insulte faite aux exposants qui n’ont pas cessé de se plaindre de l’inorganisation et des difficultés qui leur ont été faites par ceux qui auraient du les aider. Ainsi fait peut être l’héritage reçu du prêtre qui cache son escroquerie sous sa soutane pour présenter une soi disant bonne parole du christianisme à son aveugle et fidèle croyant.
La réalité sur le terrain est autre parce que l’action promotionnelle n’a pas permis d’adopter une approche de mise en œuvre de la diversification de l’économie nationale ; d’orienter le secteur productif vers beaucoup plus de transformation des produits primaires ; et d’assurer une meilleure information des visiteurs et du public en général sur les avantages et les effets bénéfiques tirés de la valorisation des produits nationaux comme résultats attendus.

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