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Henri Lopes ne fait pas rire

L’auteur du "Pleurer-rire", Henri Lopes, a donné une conférence de presse qui n’a fait rire personne. Cette farce de mauvais goût s’est jouée à la Maison de la Radio ce lundi 26 novembre 2007.

La conférence de presse est un exercice parfois mortel.
A en croire notre confrère Afriqu’Echos Magazine, Henri Lopes, écrivain et ambassadeur du Congo en France, a raté une occasion de se taire. Il a bu la tasse au cours de sa dernière conférence de presse à La Maison de la radio. Interrogé sur l’aspect nauséeux de nos centres de soin, l’auteur du Pleurer-rire a benoîtement expliqué que, « le Congolais est habitué à l’état de délabrement des hôpitaux congolais ». Que ne diront pas nos éminences grises de La Nouvelle Espérance pour justifier leur propre incompétence ! Toujours la technique du bouc-émissaire : ce n’est pas nous, c’est la faute au peuple.

Quand on a vu "l’état de délabrement" des locaux de l’ambassade de la rue Paul Valéry dont il est le premier responsable, on peut dire que, tout métis puisse-t-il se révendiquer, Henri Lopes est un vrai Congolais, au coeur aussi noir que celui de son patron Sassou, indifférent à la saleté et la misère dans lesquelles patauge Brazzaville.

A la conférence de presse où Monsieur l’Ambassadeur a sorti ces inepties, le journaliste Bazakana Bayété a constaté que "Henri Lopes a réponse à tout et ne se démonte pas" quand on lui pose les questions les plus pertinentes.
Par exemple sur les évacuations sanitaires des notables du régime : « Pourquoi les Congolais nantis viennent-ils se faire soigner en Europe, allant jusqu’à louer pour leur séjour des chambres d’hôtel à 1 000 euros la nuit alors qu’ils pourraient, avec cet argent, réorganiser le système sanitaire au pays ? »

Avant de se lancer dans un super coq à l’âne,
le diplomate a d’abord fait remarquer que « Ce ne sont pas les médecins qui manquent au Congo, notre université en forme beaucoup. L’argent a été versé pour l’entretien de l’hôpital général ». Puis de conclure : « mais le Congolais s’est (...) habitué à cet état de délabrement de l’hôpital que personne ne pouvait s’émouvoir du détournement de ces crédits. C’est une question de culture. Chez nous, chaque fois que l’on construit un chemin, on n’oublie d’entrevoir les égouts ou l’entretien ».
On ne sait pas qui de Sassou et de Lopes inspire l’autre. En tout cas l’argument du Congolais se complaisant dans la boue comme un porc fut déjà avancé par Sassou quand on lui fit remarquer le niveau de saleté qui règne à Brazzaville. Alors, Lopes : la voix de son maître" ?

Aspects d’une chambre d’hôpital au Congo


Chambre d’hôpital à Brazzaville : les dignitaires du régime évitent leurs hôpitaux comme la peste

Aux indépendances, se souvient Henri Lopes, né en 1933, le réseau routier congolais comptait "zéro kilomètre " de voie goudronnée, à l’inverse de l’ex-Congo-Belge qui fut, lui, équipé en infrastructures. Cet ancien ministre, ayant fait des "études d’histoire à Nantes" ne dira pas au cours de cette conférence de combien de kilomètres est doté ce réseau 47 ans après le départ des colons.

Certes, il est du devoir d’un ambassadeur plénipotentiaire d’être le ventriloque du chef de l’Etat dont il est le représentant à l’étranger. Qui pourrait jeter la pierre à un délégué du pouvoir cirant les chaussures de celui dont il est le porte-parole ?

Le problème avec Henri Lopes, c’est sa double personnalité. Ecrivain aux ouvrages "engagés aux côtés du peuple", Lopes est aussi un apparatchik qui défend bec et ongles le système politique qui lui a permis de se maintenir dans le champ du pouvoir depuis le milieu des années 1960.
Né à Léopoldville, de père belge et de mère africaine, Henri Lopes a la particularité d’avoir aussi des origines asiatiques. Enfant, on l’appelait "Sinoa" (Chinois) à cause de ses traits orientaux. "Brutalement" transplanté à Nante à l’âge de onze ans, Lopès est à la fois belge, français, africain, asiatique, kinois, brazzavillois. Issu d’une famille de négociants en ivoire gérant un comptoir sur la pointe nord de l’île Mbamou, Lopes est petit-fils de Maloukou, l’associé des frères Tréchot, notoires francs-maçons auxquels on impute l’initiation de Matsoua André au rite du compas et de la truelle. Henri Lopes porte d’ailleurs le nom de son grand-père Maloukou-Tréchot. Tous ces aspects biographiques sont donnés par Lopes lui-même dans Le lys et le flamboyant ouvrage où l’auteur se dévoile "à fond", jouant avec brio sur le thème du dédoublement identitaire. Avant Alain Mabanckou, il développe le sujet de "l’autre lui-même". Du coup, à la conférence de presse où son verbe a dérapé, on ne sait pas qui du politique et du savant parle ; qui du flatteur et de l’écrivain engagé cause ! Mais l’esprit courtisan prenant le dessus on imagine que c’est plus le pion de Sassou qui s’exprime que l’intellectuel dont les critiques disent qu’il admirait Senghor et Césaire.
Maloukou Henri Lopes a quasiment le même parcours intellectuel que les Matsocota, Lissouba, Noumazalaye, Ndalla Graille, tous, militants à la FEANF et à l’AEC. On sait quel fut le destin des uns et des autres après le retour au pays dans le milieu des années 1960.
Nommé plusieurs fois ministre sous Marien Ngouabi, sans avoir obtenu un certificat universitaire en France, Henri Lopes peut être tenu pour responsable du triste sort dans lequel vivent les Congolais depuis l’avènement marxiste en 1969. L’inculture qu’il déplore chez ses compatriotes est, logiquement, le résultat du faible niveau de développement économique que les choix politiques des marxistes congolais ont suscités dans leur pays. Et c’est tout de même curieux que dans ce bordel pécétisant instauré par les anciens idéologues de la FEANF, bordel qui a déterminé l’actuel comportement culturel des Congolais dont se moque Lopes, des sujets comme lui aient, pour leur part, pu cultiver des goûts raffinés, de la distinction, de la classe, des habitus aristocratiques comme savent les décliner les meilleurs représentants de l’élite bourgeoise. Comment a-t-il fait, lui Maloukou Henri Lopes, pour se distinguer du commun des mortels ? Par l’éducation ? Par le métissage culturel ? Ou simplement par le vol et les détournements de fonds que la nomenklatura pécétiste a pratiqués tout le long de son exercice du pouvoir, c’est-à-dire depuis près de trente ans ?
Aujourd’hui à la tête de la chancellerie congolaise, Henri Lopes peut se vanter d’être au coeur du sordide jeu grâce auquel La Nouvelle Espérance se partage le gâteau pétrolier. Puis, cerise sur la tartine, Henri Lopes a eu, en plus de l’Ambassade, la direction de la francophonie grâce au lobbying du camarade Sassou.

Pourquoi cracherait-il aujourd’hui dans la soupe d’autant plus qu’il peut se donner bonne conscience en attaquant dans ses fictions, ces mêmes dictateurs africains qui font pleurer-rire le peuple en refusant de leur construire des hôpitaux ?

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