email

Interview de Jean-Félix Mamalepot gouverneur de la BEAC

Le 31 mai 2006, à l’issue d’une audience avec Rolland Bouity Viaudo, député maire de la ville de Pointe-Noire, Jean-Félix Mamalepot, gouverneur de la BEAC [1] a accorcé une interview à Georgette Médias (TVPN) [2] & Daniel Lobé Diboto (Congopage).

Georgette Médias : Monsieur le gouverneur de la BEAC, quelle est la raison de votre présence à Pointe-Noire ?

Jean-Félix Mamalepot : Madame, je suis venu de Brazzaville ce matin après avoir tenu le comité monétaire et financier du Congo, hier en présence du ministre de l’Economie et des Finances et ce matin j’ai décidé de venir à Pointe-Noire pour deux raisons :
La première, c’est venir regarder notre chantier. Vous savez que nous avons entrepris des travaux d’extension de notre immeuble à Pointe-Noire car nos agents travaillaient dans des conditions extrêmement difficiles et même dangereuses. J’ai donc décidé d’agrandir ce bâtiment pour lui donner un cachet spécial et permettre ainsi à nos agents de travailler dans des conditions relativement correctes. Le chantier avance normalement et je pense qu’avant la fin de la présente saison sèche il devrait être livré.
Le deuxième motif de mon déplacement c’est de saluer le maire Monsieur Rolland Bouity Viaudo, je ne le connaissais pas jusqu’ici. La BEAC existait dans sa ville et il nous a facilité la tâche en nous accordant le permis de construire pour ces travaux d’extension. Donc c’est tout à fait normal que je vienne le remercier.

GM : Peut-on avoir une idée de l’avancement des travaux de Ouesso ?

JFM : Vous le dites si bien, effectivement un autre chantier s’ouvre au nord du Congo. La première pierre a été posée en juillet 2005 par le président de la République Denis Sassou Nguesso, et je puis vous dire que depuis une semaine les travaux ont commencé. Ils vont durer entre un an et un an et demi, ainsi le Congo aura trois agences de la BEAC. Il nous reste à suivre les travaux de Ouesso et l’évolution du chantier.

GM : Les ponténégrins se plaignent du manque de pièces de monnaie alors qu’elles ont eu cours libératoire il y a quelques mois, pouvez vous les rassurer ?

JFM : Madame, je venais de parler de cette prétendue pénurie avec le maire. Prétendue parce qu’en réalité les pièces existent bel et bien. Mais certains gros malins confisquent les pièces, les thésaurisent, d’aucuns les gardent pour faire des bijoux, et d’autres encore en font des rondelles pour étancher les tôles des maisons. C’est ça la réalité. Enfin certains les stockent pour les exporter en dehors de la zone CEMAC [3] créant ainsi une pénurie artificielle de pièces de monnaie dans la sous région au grand dam des citoyens de la CEMAC. Forte de cela la BEAC a lancé une grande commande de pièces à la Monnaie de Paris. Nous avons commandé un milliard deux cent cinquante millions de pièces, elles ont été fabriquées et acheminées aux différents ports de la sous région :
Pour le Cameroun, le Tchad, la RCA et la Guinée Equatoriale au port de Douala ;
Pour le Gabon au port de Libreville
Pour le Congo, au port d Pointe-Noire
Nous avons commencé à émettre ces pièces et la réception des conteneurs va s’étendre jusqu’à la fin de cette année parce que la commande est lourde. Pour l’instant, évidemment les quantités émises sont encore insuffisantes, mais d’ici la fin de l’année les pièces seront suffisamment en circulation.

GM : Vous avez tenu récemment une réunion à Brazzaville, peut-on savoir la quintessence de cette réunion ?

JFM : Il s’est agi de la tenue du comité monétaire et financier du Congo. Le comité monétaire et financer de chaque pays se tient généralement un mois avant la tenue du conseil d’administration. Nous tiendrons prochainement à Brazzaville, exactement le 4 juillet le conseil d’administration. C’est en prévision de la tenue de ce conseil d’administration que nous avons tenu le conseil monétaire et financier du Congo, comme ceux des autres états.

Ce comité se penche sur les questions monétaires, examine la situation des changes, de la monnaie du crédit dans le pays, les transactions économiques et financières et voit si tout va bien ou tout va mal. Dans le cas du Congo, je pus vous dire que tout va bien.

DLD :Monsieur le gouverneur, la croissance africaine est tirée par l’économie mondiale. Peut-on savoir les paliers de croissance des économies des pays de la sous région ?

JFM : L‘économie mondiale a pour principal moteur les Etats-Unis d’Amérique, il ne faut pas avoir peur de le dire, bien que les USA entretiennent ce qu’on appelle le déficit jumeau, c’est à dire un déficit budgétaire et commercial chronique et profond. Malgré cela, ce sont bien les USA qui impulsent la croissance de part le monde, sans oublier le Japon et l’Union Européenne.

Alors aujourd’hui le taux de croissance aux USA a été de 3,3% en 2005, et 2,1% pour l’Union Européenne pour la même année. Dans la CEMAC, la croissance a été de 5,1% en 2005. Cependant nous prévoyons pour 2006 une croissance en dessous de ce taux parce que le rythme d’extraction et d’exportation du pétrole va chuter. On va donc assister à un ralentissement de la production pétrolière dans la zone, idem 2007 voire jusqu’en 2008 et comme le pétrole constitue la principale source de revenus de la sous région aujourd’hui, bien qu’il en existe d’autres : le manganèse, le cacao, le café, le bois et j’en oublie... force est de constater que le pétrole demeure en pôle position. Ce ralentissement aura des répercussions sur la croissance. Je ne dis pas que les pays vont entrer en récession mais le rythme de croissance va être ralenti. Par conséquent, nos prévisions tournent autour de 4,4% et 2,6% en 2006, et 2,8% en 2008. Mais ce ne sont que des prévisions qui demanderont à être confirmées ou infirmées.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.