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Israël veut frapper un grand coup militairement avant le cessez-le-feu

JERUSALEM (AFP) - Israël est déterminé à frapper un grand coup militairement contre le Hezbollah juste avant l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu auquel a appelé le Conseil de sécurité des Nations Unies.

Des dizaines de milliers de soldats, appuyés par l’aviation et l’artillerie, se trouvaient samedi matin au Liban sud et progressaient en direction du fleuve Litani, objectif annoncé de l’offensive pour éloigner le Hezbollah de la zone frontière.

Cette opération a été lancée quelques heures après le vote à New York de la résolution 1701 appelant à « une cessation totale des hostilités fondée, en particulier sur la cessation immédiate par le Hezbollah de toutes les attaques et la cessation immédiate par Israël de toutes les offensives militaires ».

Un haut responsable militaire a évalué à quatre jours le temps qu’il faudra à l’armée pour arriver sur les rives du Litani.

« La tactique du Hezbollah nous est familière. Il veut frapper le plus fort possible avant l’instauration du cessez-le-feu qui nous empêchera de répliquer et ensuite proclamer victoire », explique un porte-parole du ministère israélien des Affaires étrangères, Yigal Palmor.

« C’est pourquoi nous préférons anticiper en frappant un grand coup », a-t-il ajouté.

Le porte-parole rappelle qu’en 1996, une heure avant le cessez-le-feu qui devait mettre un terme à l’opération israélienne « Raisins de la colère » au Liban, le Hezbollah avait déclenché un bombardement d’une intensité sans précédent depuis le début des combats.

Les dirigeants israéliens notent par ailleurs qu’une entrée en vigueur du cessez-le-feu ne peut intervenir avant une prise de contact directe du secrétaire général des Nations unies Kofi Annan avec les parties au conflit.

« Il revient à M. Annan de coordonner le cessez-le-feu. Il ne l’a pas encore fait. Le Hezbollah continue d’ailleurs de nous bombarder », a souligné M. Palmor à propos du tir d’une vingtaine de roquettes samedi sur le nord d’Israël.

L’envoyé spécial pour le Proche-Orient des Nations unies, Alvaro de Soto, a de son côté confié que « le secrétaire général, s’il ne l’a pas déjà fait, s’adresse aux parties, en l’occurrence au gouvernement d’Israël et au gouvernement du Liban, dont le Hezbollah fait partie, pour confirmer leur adhésion à l’appel du Conseil de sécurité à la cessation des hostilités ».

« Je crois que ce qu’on doit voir dans les prochaines 24 ou 48 heures au plus, c’est une réduction de la violence. ça serait normal », a estimé M. de Soto.

Les gouvernements israélien et libanais doivent par ailleurs entériner la résolution 1701 entre samedi et dimanche afin de permettre la cessation des hostilités.

Pour Shimon Peres, numéro deux du gouvernement israélien, la résolution adoptée dans la nuit de vendredi à samedi à New York « autorise clairement Israël à répliquer s’il est attaqué ».

Le texte de la résolution, relève M. Peres, parle en effet de cessation par le Hezbollah des « attaques » et de cessation par Israël des « opérations offensives ».

« Le cessez-le-feu dépendra du déploiement des forces qui doivent arriver au Liban sud, avant le cessez-le-feu. Je pense que cela prendra une semaine », a-t-il estimé.

Pour Akiva Eldar, politologue, l’offensive lancée quelques heures après l’appel à « une cessation immédiate » des combats, s’explique par la mainmise de l’armée sur la politique.

« C’est l’armée qui dicte la marche à suivre au gouvernement. Les militaires ont une liste de sites de lancement de roquettes. Ils veulent en détruire le maximum », explique-t-il.

« L’important est de montrer à l’opinion publique en Israël que nous avons obtenu des résultats probants en infligeant le maximum de pertes au Hezbollah avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu », a-t-il ajouté.

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