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40 ans de vie d’artiste

Kimbolo Clotaire : "Vie alambiquée" le nouvel album DVD

Kim Clotaire Kimbolo est un génie qui fait des miracles depuis quarante ans. Cet artiste a tenu en haleine l’amphithéâtre du Centre Culturel Français au cours d’un concert "live" d’un niveau très élevé qui a donné matière à l’album "Vie alambiquée" dont nous vous faisons l’analyse ci-après.
Sa compagne ivoirienne, Perpétue Kassi, dans l’émouvante présentation qu’elle fait de l’artiste du quartier Moukondo, l’appelle affectueusement Le Baobab. S’agit-il d’un jeu de mot ou de ce hasard qui fait si bien les choses ? En tout cas ce fromager, symbole de la force et de l’éternité, a donné son nom à cette banlieue nord-ouest de Brazzaville où l’artiste tenait un piano-bar et où la population des artistes que compte la ville venait exercer ses talents ou taper le boeuf avec le maître des lieux.
L’imparfait est de mise ici à propos de ce "bouillon de culture". Car c’était juste avant le drame. En effet, ce foyer culturel qui faisait la joie des musiciens est récemment parti en fumée, victime probablement de ces coupures de courant qu’un gallicisme désigne par "délestage". (voir notre article). Au moment où nous écrivons ces lignes, son producteur Cyriaque Bassoka nous apprend que le "Baobab" est en train de se reconstruire petit à petit après un séjour à Abidjan.
Le baobab est une essence qui enfonce ses vigoureuses racines dans la profondeur d’un sol souvent aride à la recherche de la nourriture et sa longevité défie le temps dont il est le témoin et la mémoire. Pourquoi s’étonner que Kim Kimbolo possède cette magie d’extirper de notre subconscient les refrains oubliés de notre patrimoine culturel ?

Le phénix

En vérité, Kim Clotaire Kimbolo n’est pas seulement un baobab intemporel. Il est également ce mythique Phénix qui, sans cesse, renaît de ses cendres après avoir été dévoré par le feu, cela depuis 1965, quand il créa, dans la force de la jeunesse, le groupe Les Anges et chanta "Ibo no lo léya ndé", sa première composition en langue mbochi qui émut le Président Alphonse Massamba-Débat, la diva Joséphine Bijou, et la chorégraphe Marie Bella, tous aujourd’hui partis dans l’au-delà.

Arbre caché par la forêt

Longtemps, Kim Douley Clotaire fut un arbre caché par une forêt de "ndombolistes". Ensuite, Zao, un ancien disciple, lui fit également de l’ombre. Aujourd’hui le Baobab de Moukondo (quel beau pléonasme ) a judicieusement rompu avec la langue de bois et autres lieux communs qui dominent le champ musical congolais où les plus médiocres occupent le devant de la scène.

Le concert du Centre Culturel Français de Brazzaville

D’entrée de jeu, la chanson Makambila nous rappelle que Kim Douley n’a pas non seulement sa langue dans la poche mais est aussi un virtuose de la langue verte.

Clotaire Kimbolo : un professionnalisme convaincant


Dans ce concert (2007), on découvre un Clotaire Kimbolo au sommet de son art, affichant une maturité professionnelle qu’on croyait disparue chez nos artistes. Kimbolo a une présence sur scène qui rassure d’autant plus qu’il est accompagné par des musiciens dont la maitrise des instruments est impressionnante.

Une école du rire

"j’avais triché, j’avais mis du Vicks pour pleurer" dit-il sur scène quand il narre l’épisode où sa première composition fit couler des larmes à un prestigieux auditoire, en 1965, sous Massamba-Débat.
C’est avec cet humour qui parfois peut évoluer vers le caustique et qui a également fait école chez Zao, que le Baobab/Phénix tient le public en haleine, le faisant participer à son jeu scénique grâce à des refrains connus alors que quelque larme perle sur la joue des nostalgiques.
Kimbolo Clotaire embrasse tous les genres : folklore, roumba, slow, salsa, rap.
Ancien cheminot, Kim Douley mime sur scène le bruit de freinage des locomotives. Na kouooooohh.
Méfions-nous des artistes quand ils jouent la comédie devant des officiels, en l’occurrence Jean-Claude Ngakosso (Ministre de la Culture) et Alain Akouala (Ministre de la Communication) . Le rire des artistes est un couteau à double tranchant. La critique politique n’est jamais loin. Ce train dont on parodie les freins ne symbolise-t-il pas le déclin du CFCO, épine dorsale de notre économie, aujourd’hui cédée aux mains du "magnat français Bolloré ? (lire article sur ce site).
Sur le même registre de la critique bénigne mais non moins féroce, Douley invite des rappeurs (deux frères jumeaux) sur scène pour un bœuf. Puis, sourire aux lèvres, Kim Douley, entonne le mortel refrain de Boundzéki "Ba honda kouawou", histoire de rappeler que la scène est aussi un lieu de dénonciation des crimes contre le peuple.
L’artiste joue sur le paradoxe quand il chante "L’école agréable !". Ah cette école aujourd’hui tombée en ruines au Congo avec ses classes surchargées et ses élèves assis sur le sol en position de yoga pour suivre un enseignement au niveau très douteux...

Kim Douley accompagné par ses anciens amis des ANGES

Des artistes de talent

La formation musicale qui accompagne Kim Douley (il faut le rappeler) est d’un professionnalisme indiscutable. Du clavier au percussionniste en passant par les cuivres jusqu’au chœur, le niveau est très élevé.
Après le désert des années 90, on pensait la musique congolaise enterrée à jamais. Fort heureusement, la musique est immortelle. Enfin coup de chapeau aux Anges pour leur jeu de scène et la maîtrise des gammes pentatoniques durant les enchaînement du folkore Téké et Bembé. "C’est une époque de ma vie" explique Douley comme pour dre qu’il a donné une autre orientation à son riche parcours, se lançant désormais dans une carrière solo, comme Zao qui nous a montré que la rupture fait la force, que la vie d’artiste est moins alambiquée quand elle se mène seul.

Contacts : Cyriaque Bassoka Productions
15 avenue Léon Blum - 91.100 Corbeil-Essonnes.
Tél : 33(0)680523166
Email : [email protected]
www.bassoka.fr

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