email

L’économie congolaise souffrirait-elle d’un secteur des TIC en manque d’infrastructures ?

Depuis quelques mois le coût des communications téléphoniques sur mobile, à Brazzaville, a considérablement baissé, on peut téléphoner d’un mobile vers l’intérieur comme à l’extérieur du pays au tarif unique de 89 FCFA. Une vraie révolution quand on sait qu’il y a maintenant 1 an, un troisième opérateur arrivait sur ce juteux marché du mobile avec pour objectif de pousser les prix vers le bas. On notera bien évidement que cette baisse constatée est accompagnée de la mise en place d’une réelle volonté de mettre un cadre législatif dans le secteur des télécommunications.

Bien que cette baisse de prix allège les factures des co-citoyens très bavards, elle peut encore s’apparenter à l’arbre qui cache la forêt. Après la disparition, presque totale, de la téléphonie filaire, le Congo souffre du coût de la connexion internet qui reste encore inaccessible pour la population congolaise. En moyenne, au Congo, un accès de 128k avoisine les 500 000 FCFA soit 10 fois le salaire d’un ouvrier congolais. La connexion dans un cyber avoisine les 1000 FCFA /1heure, il faut en moyenne 30 000 FCFA/mois à un congolais pour consulter ses mails au moins une fois par jour, soit 1/3 d’un salaire d’ouvrier et le 15% d’un salaire moyen (estimé à 100 000 FCFA) , ou l’équivalent d’un mois d’indemnité de bourse pour un jeune étudiant. La minorité congolaise éligible (financièrement) n’est pas épargnée, car elle doit se contenter d’un faible débit équivalent à 128 Kilooctets en descendant (débit du fournisseur vers la station utilisateur), soit le débit disponible en France il y a 15 années et il y a encore 6 années au Sénégal pour un tarif dix fois moins élèves à l’époque. Aujourd’hui ces pays offrent des débits allant jusqu’au Megaoctet pour environs 18000 FCFA/mois).

Des coûts encore excessivement élevés qui pénalisent autant les entreprises, les étudiants, les ONG, les structures économiques que l’administration publique. Fort est de constater que le secteur de l’économie Congolais reste la première victime d’un secteur des technologies, qui n’apportent pas les avantages attendus.
Dans ces conditions il est difficile de développer des activités économiques autour du numérique. Nous savons que les nouvelles technologies ne sont pas la panacée aux problèmes de développement. Cependant, en optimisant la communication et les échanges d’information, elles peuvent néanmoins créer des puissants réseaux économiques et sociaux qui peuvent servir de tremplin au développement du Congo.

Les raisons indéniables à cet accroc sont à trouver dans le manque des infrastructures de communication qui continue à faire tant de mal au Congo. S’il s’avère que le Congo est toujours en attente du raccordement au réseau sous-marin qui lui ouvrira les portes de la toile mondiale par les moyens le plus efficaces (fibre optique), il n’en reste pas moins que d’autres solutions semblent encore mal explorées ou méconnues par les experts Congolais. L’occident reste le fournisseur de solutions qui ne reposent pas sur des analyses de la situation réelle ou d’une étude de faisabilité appropriée au contexte congolais, toute vente reste motivé par une opération purement commerciale.

Visiblement, pour le secteur des TIC au Congo, on pourrait dire que c’est encore la croix et la bannière. Cependant ces difficultés numériques doivent conduire le Congo à explorer des nouvelles pistes de développement numérique local à savoir des réseaux nationaux raccordés entre eux, des points d’échanges internet permettant l’interconnexion directe des réseaux nationaux, le stockage des contenus locaux, l’élaboration des contenus locaux …etc.

On pourrait donc changer cette situation frelatée, qui fait du Congo un pays éclusé numériquement. Pour ce faire, il est important de mieux coordonner la direction de projet et l’assistance technologique que bénéficie ce pays, souvent éparpillée et qui fini par s’avérer inefficace.

Cinq ans après le sommet de Tunis où le chef de l’Etat Congolais avait brillamment manifesté la volonté de voir son pays combattre la fracture numérique, nous constatons que ce dernier est classé parmi les pays les moins avancés technologiquement en Afrique, que l’espoir de voir les technologies « booster » l’économie congolaise est loin de se concrétiser.
Il s’agit maintenant pour le Congo, de mettre en place l’infrastructure et l’environnement économique, politique et institutionnel propices au développement des TIC, de s’atteler à la lourde tâche de construire les compétences locales à même de porter ces technologies, pour favoriser la créativité et les conduire vers une autonomie technologique. Ils doivent se faire une place non négligeable dans l’économie numérique pour qu’elle ne construise pas à leur détriment.

Luc Missidimbazi

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.