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L’enjeu des prochains scrutins : La réallocation des mandats

Denis Sassou Nguesso a commencé ses consultations. Ce n’est pas Victor Tamba-Tamba, un poids lourd de l’UPADS qui nous démentira. On ne doute pas que les partis politiques tutélaires feront campagne en lieu et place du Président, convaincus que l’après Sassou n’est pas à l’ordre du jour. On se bouscule au portillon de Mpila.
Otshombé fait deux propositions opposées : à la majorité, il offre " le paradis politique et le rayonnement" et à l’opposition " l’enfer et la déchéance".

Transfuges, ultra-assimilés, calculateurs politiques, lècheurs de bottes, girouettes, tous caressant l’espoir d’un mandat allégeance et rivalisent d’éloges et slogans à la gloire de Denis Sassou Nguesso. Hélas pour eux les places sont limitées et la désillusion sera au rendez-vous.

A quelques mois des échéances électorales, on ne compte plus les clowns et artistes profitant du moindre plateau pour rivaliser en propos dithyrambiques, frisant le ridicule et le dépassant parfois, sur les réalisations de « l’Homme des masses », et jeter l’anathème sur leurs confrères agissant comme eux. Superbe plateau de médiocritude. .

Exemples :
 L’inauguration de l’aérogare Agostinho Neto à Pointe-Noire, a été l’occasion pour le ministre de l’aviation civile et des transports terrestres, André Okombi Salissa d’invectiver l’opposition durant près d’une heure dans une allocution de circonstance dont l’essentiel tenait en trois paragraphes. " Le moment viendra où nous répondrons…"
 Lors de la même manifestation, le préfet de la ville, Alexandre Honoré Paka, a fini par lasser l’auditoire en énumérant en une longue litanie les réalisations du chef de l’Etat contraignant madame Antoinette Sassou elle même, de lui demander d’abréger.
 Lors de l’inauguration du stade Municipal rénové, manifestation durant laquelle il a volé la vedette au maire de la ville, qui s’est laissé faire, Paka, grand zélateur de Sassou, en dépit de sa courte stature, a poussé le bouchon très loin en interpelant le Député-Maire de la ville, monsieur Roland Bouity-Viaudo "As-tu vu ce stade qui est derrière moi ?" et exigeant de lui une réponse immédiate. Paka a voulu faire d’un évènement sportif un véritable show politique.
Les valets du pouvoir battent donc campagne tous azimuts, et usent et abusent des coups bas. Messieurs les hauts fonctionnaires, démâtez le pavillon de campagne, votre attitude est déloyale.

Denis Sassou Nguesso n’est il pas sensé être le Président de tous les congolais ? En revenant aux affaires, il était conscient d’engager sa personne et que les congolais seraient exigeants sur ses résultats. Son programme de travail était un challenge relevant de ses devoirs et des ses engagements.
 Les maigres réalisations du gouvernement ne peuvent pas oblitérer le débat sur :
 La paupérisation galopante ;
 Le déficit en eau potable et électricité ;
 La répartition des ressources nationales ;
 Le manque de tables-bancs dans les écoles ;
 La dépendance alimentaire du pays ;
 La corruption et l’impunité ;
 Les passe-droits ;
 La balkanisation des régions etc.

L’image négative des « baratineurs », à l’éloquence révolutionnaire désuète, trouve réponse dans le cabinet occulte des conseillers du chef de l’Etat, qui font le travail dans l’ombre laissant aux ministres « coupeurs de rubans » les tâches anodines à leur mesure. Rien n’est donc gagné d’avance pour les ministres, préfets, maires, et autres fonctionnaires dont les résultats sont voisin de zéro, sous couvert de l’aura du Président de la République. Les mandats du prochain septennat se paieront cher et même très cher.

Bernard Kolelas, président du MCDDI, ex âme de l’opposition surnommé le « Kumbi » s’est vu offrir terrier à Mpila. Il y a retrouvé le goût du caviar sous les bonnes grâces du pouvoir de Brazzaville.
Si sa prise en charge est un acquis, il n’en est pas de même pour Jean pierre Thystère Thicaya, président du RDPS. arrivé à la présidence de l’Assemblée Nationale non pas par son poids politique, mais pour des impératifs géo-politiques. Après avoir goûté aux délices du pouvoir, lui l’assimilé de tous les régimes politiques se découvre aujourd’hui une vocation de présidentiable. Que son mandat actuel, soit brigué par un autre vieux briscard de la politique, Lekoundzou Ithi Ossé-Etoumba, chef de file des conservateurs du PCT, n’est sans doute pas pour rien dans ses ambitions tardives. François Mitterrand ancien Président socialiste français disait à Jean pierre Chevènement, l’un de ses ministres : « en politique on se tait ou on part » nous redoutons que cette logique frappe le Président actuel de l’Assemblée Nationale, J.P Thystère Tchicaya qui veut dénoncer à quelques mois des échéances électorales des accords non tenus par Denis Sassou Nguesso. A-t-il, les moyens de sa politique ? Le rêve lui est permis, toutefois sur le terrain politique, le Kouilou et Pointe-Noire jadis sa chasse gardée sont aujourd’hui passés à Sassou par l’émergence d’autres forces à lui toutes acquises (MAR , PUR (Club 2002), Energie, CADD, et une foultitude de for mations de moindre importance pressées de se mettre en ligne pour la course aux postes.

Pour la préparation des élections, le Congo est devenu un vaste chantier politique. Les associations à caractère politique se mutent en partis politiques conformément à la loi sur les partis politiques et s’arriment à la mouvance présidentielle. Pourquoi cet engouement ? L’âpreté de la vie ne trouve qu’une issue : La politique. On est prêt à tout pour être reconduit, et y améliorer sa position dans le cercle. Les féticheurs, les grands maîtres des loges, les lobbies politiques monteront sur scène, mais à quel prix ?

Le Président de la République a annoncé que 2007 serait l’année de l’espérance sociale. Pour le prouver, il a pris quelques mesures à même de soulager une catégorie de fonctionnaires. L’arbre cache la forêt, l’échec de sa politique sociale est patent. Le pays n’offre aucune opportunité à l’épanouissement de la jeunesse ou alors si peu. En dépit de quelques réalisations le décollage économique n’est lisible qu’au niveau des nantis, La politique est devenue « le rêve américain » des congolais, des ex-chômeurs ou de parfaits inconnus sont devenus ministres avec pour seul titre de gloire d’avoir battu campagne pour le chef. Ils ont subitement changé de standing.
En matière de nominations, l’Etat congolais ne s’appuie guère sur la compétence, il récompense pour services rendus. Tant pis pour l’efficacité, l’expérience et le rendement. On ne sera pas surpris de ne trouver aucune adéquation entre le choix des hommes politiques et la fonction qui leur est confiée.

La redistribution des mandats va être un casse tête pour Denis Sassou Nguesso, dans un contexte qui devra prendre en compte : les intellos, les parents, les leaders des partis, les arrivistes, les baratineurs, sans oublier la représentativité de tous les départements et ethnies. Bref un véritable fourre-tout dont l’efficacité restera à démontrer. S’il est un virtuose de ce type de partition, on ne peut pas dire que ses dernières prestations de chef du gouvernement ont convaincu. Il a besoin d’un cabinet crédible et stable, qui voudra vraiment l’aider à le composer ? La vraie question étant : est-il possible de le composer ?

Si les déçus font alliance, Sassou risquera fort de se retrouver avec une opposition virulente, celle là même qu’il est parvenu à bâillonner. Force nous est d’espérer que l’action de celle-ci soit démocratique et qu’elle ne s’exprime pas par les armes. Tout nouveau conflit au Congo ne pouvant que précipiter le pays dans un chaos dont il serait bien incapable de se relever.

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