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L’honorable Mabio Mavoungou-Zinga parle de son enlèvement

L’ex député, membre du RDPS a fait devant Anthony Young de DVS+ et Ya Sanza de congopage.com le récit rocambolesque de l’enlèvement dont il a été victime. Il nous parle aussi de ses ambitions de parvenir à la présidence du RDPS et de ses relations avec feu le président Thystère Tchicaya.

Ya Sanza : Honorable Mabio Mavoungou-Zinga, pouvez-vous nous dire quelles ont été les circonstances qui ont mené à votre interpellation ?
Mabio Mavoungou-Zinga : Tel que vous présentez votre question, je ne sais pas. J’ai certes été interpellé par la sécurité d’Etat, mais par la suite j’ai été enlevé, d’accord mon frère ?

Y. S. : D’accord, racontez…
MMZ : A la suite des obsèques de monsieur Jean-Pierre Thystère Tchicaya, plusieurs cadres et même militants du parti ont été interpellés par les services de sécurité. C’est à ce titre que j’ai été moi-même interpellé par les autorités policières qui m’ont demandé quel était mon point de vue et surtout quelle était mon implication dans tout ce qui s’était passé. J’ai pris naturellement la précaution de leur dire que s’agissant de l’organisation des obsèques, je n’y ai pas pris part, pour la simple raison que la direction politique du parti n’a pas jugé utile de m’y associer et donc que je n’en savais absolument rien. Toujours est-il que j’ai été convoqué à la sécurité d’Etat où j’ai pointé le surlendemain, donc le mercredi qui a suivi l’enterrement de monsieur Thystère. Après m’avoir écouté, on m’a laissé repartir sur Brazzaville où j’exerce mon boulot de conseiller technique du DG, mais on m’a demandé bien entendu de rester à la disposition d la police.
Quelques jours plus tard j’ai donc été rappelé pour revenir ici le vendredi dernier. Je suis arrivé à 13h55 en venant de Brazzaville,. Je suis allé tout droit à la sécurité d’Etat où je suis arrivé à 14h25. Je suis resté avec mes conseils, mes 5 avocats, devant la porte jusqu’à 15h10 pour m’entendre dire que je devrais repasser à 17heures.
A 16h55, quand je suis arrivé, la porte du bureau de la sécurité d’Etat où la commission réunie à cet effet devait me recevoir, était fermée. J’ai quand même trouvé un cadre de ce service qui m’a laissé entendre que pour des raisons de procédure, il me fallait repasser le lendemain samedi à 6h. Ce qui signifie que j’étais libre de vaquer à mes occupations jusqu’à l’heure de cette convocation.
Je suis rentré chez moi où j’ai passé toute la soirée en compagnie d’un certain nombre de jeunes gens, de cadets qui sont venus me rendre visite. Le dernier à partir a mangé avec moi. Il a pris congé aux environs de 23h30.
Je me suis alors rendu dans ma chambre, dans la mezzanine pour dormir et une heure plus tard j’ai entendu frapper violement au portail, je me suis levé et du haut de la mezzanine j’ai vu deux jeunes hommes debout devant le portail. Il m’ont laissé entendre, sous un ton affolé que le cadet, monsieur Didier qui venait de me quitter, avait été victime d’un grave accident. Je suis donc reparti dans la maison précipitamment me rhabiller, prendre un peu de sous et mes deux portables. J’ai vérifié que pour mon épouse que j’avais laissée au salon tout était normal et je suis sorti pour monter dans la voiture qui était dehors. La mienne était en panne. Les messieurs qui étaient venus m’informer avaient un taxi qui était garé à 5m devant mon portail.
En voulant monter dans le véhicule, j’ai vu qu’il n’y avait pas de place devant. On m’a ouvert la portière arrière, j’y suis monté et tout de suite un jeune homme est monté à ma gauche, un autre est monté à ma droite, je me trouvais donc coincé entre les deux. Le chauffeur a rapidement démarré, comme on dit un démarrage en trombe, je l’ai même engueulé pour lui dire que même nous allions pour sauver quelqu’un, il n’était pas question de mettre nos propres vies en danger. C’est à ce moment que celui qui était à ma droite m’a pointé un pistolet au ventre et m’a dit : « Chef, vanda swi. » [1]. Celui qui était à ma gauche m’a bandé les yeux, tandis que celui qui était devant à droite s’était retourné pour me regarder fixement derrière ses lunettes noires.
A partir de ce moment, j’ai compris que je me trouvais dans une situation difficile, mais je sais que dans ce genre de situation, il vaut mieux faire le mou pour éviter la catastrophe tout de suite. Je ne sais pas où nous sommes allés mais nous avons roulé pendant plus d’une quarantaine de minutes jusqu’à ce que le véhicule s’immobilise. On m’a demandé de sortir par le coté droit, donc du coté de celui qui était armé, et celui qui était à ma gauche m’a tenu par la main en m’accompagnant jusqu’à la sortie. Une fois dehors, mes yeux étant bandés, l’un m’a tenu à droite et l’autre à gauche puis ils m’ont emmené dans une pièce. Je dois avouer que cela se résume à ceci, j’arrive devant une pièce, j’entends le déclic d’une serrure, puis on avance un peu, on descend des marches d’escalier, je me retrouve dans une autre pièce et avant de faire entrer dans cette nouvelle pièce on me fait les poches pour m’arracher l’enveloppe qui s’y trouvait ainsi que les deux portables que j’avais en mains. Je me suis donc retrouvé dans un réduit dans une totale obscurité.
Ca a été très difficile à supporter mais j’y suis resté puisque je n’avais pas de choix. Je suis resté là à me demander ce qui se passait. Jai repassé le fil de ma vie pour voir si je me souvenais avoir eu des problèmes avec des gens.
Toujours est-il que lorsqu’ils me jettent dans cette pièce, plongée dans l’obscurité, j’entends l’un d’eux dire : « Yapi toke colonel Tchang ye moko akoya ko barrer ye » [2]. A partir de ce moment là je réalise que j’ai été enlevé, que je suis séquestré et puis ça a duré une éternité. Jusqu’au moment où j’entends à nouveau le déclic de la serrure, le bruit de portes, les pas dans les escaliers, puis encore l’ouverture de la porte de la cellule dans laquelle je me trouve et quelqu’un me dit « Zwa portable nayo, pour rassurer famille nayo. » [3]. Je ne comprenais pas mais j’ai pris le portable et à peine l’avais-je en mains qu’il s’est mis à sonner. C’était un de mes cadets, lui aussi député qui voulait prendre de mes nouvelles. Il me dit : « Bonjour Yaya, bien levé ? » je réponds « Oui », « Ça va ? », je dis « Oui »,« Puis-je passer tout à l’heure pour te prendre et t’accompagner à la DST ? » j’ai dit : « Hum, hum ; hum, hum », l’un de mes geôliers a pris cela comme un cri de détresse ou un message que je faisais passer et tout de suite, il m’a arraché le portable et il est sorti en m’enfermant à nouveau. Me laissant dans ces conditions d’obscurité et de famine.
Ça a duré une éternité, une éternité. Jusqu’à ce que quelqu’un revienne encore pour me dire « To memeli yo bilia. » [4]. Un pain et une bouteille d’eau qu’on a glissés à l’intérieur. J’ai essayé de marcher dans l’obscurité pour toucher que c’était un pain, pour toucher qu’il y avait une bouteille contenant un liquide. J’ai porté le goulot à mes narines pour savoir si ça sentait, ça ne sentait pas. Je me suis dit que c’était de l’eau, j’avais tellement soif que j’ai bu deux ou trois gorgées d’eau, puis j’ai pris le pain et la bouteille d’eau que je suis allé mettre dans un coin de la pièce.
Je suis encore resté là une éternité, certainement que c’était la nuit suivante puis que ça a duré vraiment toute une éternité jusqu’à ce que j’entende encore les pas devant ma geôle et j’ai entendu l’un d’eux dire : « Soki colonel Tchang ayi te totikaye ? » [5] et l’autre a dit « Yapi te ba liberaka bango na moyi te. » [6]. Puis ils sont restés là à parler de choses et d’autres, à marcher à faire comme s’ils étaient à monter une garde et tout. Jusqu’au moment où j’ai encore entendu des gens revenir, ouvrir encore, descendre les marches d’escalier puis ouvrir la geôle dans laquelle j’étais enfermé. Un est rentré et m’a dit : « Avancez », j’ai essayé d’avancer tout bonnement vers lui, j’en ai entendu un deuxième entrer, on m’a une fois de plus bandé les yeux, puis ils m’ont tenus un à gauche l’autre à droite, toujours sous la menace, et au moment de sortir, celui qui était à ma droite m’a dit : « Yo soki ozwi RDPS nayo wana oko banda kossa lela lissussu ba discours nayo wana ya contre pouvoir ? » [7]. Ce n’est qu’à ce moment là que j’ai réalisé les motivations politiques de mon enlèvement.
Ils me trimballent dehors, et nous nous sommes retrouvés une fois de plus dans une voiture. Etait-ce la même voiture qu’à l’aller ou en était-ce une autre ? Toujours est-il qu’une fois à l’intérieur, je sens qu’on est serré comme au départ puisque je me retrouve entre deux jeunes plutôt costauds.
Le trajet a duré, je ne sais pas, vingt ou vingt cinq minutes, j’ai senti qu’on a traversé comme des rails, on a pris un chemin un peu cahoteux, on a avancé quelques minutes après. Celui qui était devant avec le chauffeur dit : « C’est bon, c’est bon » la voiture s’est immobilisée. Ils m’ont encore sorti selon la même procédure, on me tire et on me pousse par la droite, puis on me dit : « Avancez ». J’ai avancé jusqu’à ce que je sente que je rentrais dans les matitis, je me suis arrêté parce que comme j’avais toujours mon bandeau sur les yeux, je ne savais pas où j’allais. J’avais sûrement peur. Je me disais très sincèrement que mon heure était arrivée. Puisque j’étais dans les matitis je pensais que d’un moment à l’autre on allait me flinguer. Je me suis arrêté puis il a continué « Avancez »

YS : Vos mains étaient entravées ?
MMZ : Non, non, non, mes mains n’étaient pas entravées. En tout cas, mes membres étaient complètement libres. Alors j’ai continué d’avancer mais me rendant compte que je rentrais de plus en plus dans l’herbe, je me suis arrêté. Lorsue j’ai entendu le véhicule derrière redémarrer et puis, la minute qui a suivi j’ai entendu quelqu’un qui disait : « Toko, toko. » [8]. Il est fort probable que les pas que j’entendais, puisque j’ai entendu quelqu’un courir, pour rejoindre le véhicule. Etait-ce mon geôlier qui me donnait des ordres tout à l’heure, ce que j’ai pu vérifier par la suite parce que je n’entendais plus les ordres mais le véhicule était en train de partir.
Je suis resté dans cette position pendant au moins trois quatre bonnes minutes, j’ai essayé de bouger un peu ma tête sur la gauche, personne ne me donnait d’ordres, sur la droite, personne ne me donnait d’ordres, alors j’ai enlevé le bandeau et je me suis mis à courir vers une lumière qui était devant moi. J’ai foncé vers où était la lumière…

Antony Young : Il faisait nuit ?
MMZ : Oui. Vers où il y avait la lumière, je suis tombé pratiquement en bout de piste de l’aéroport de Pointe-Noire. Jai regardé vers ma droite, il y avait la station d’essence qui est vers la Baguette d’Or, là-bas. Et devant moi le stade EPB.

YS : Vous étiez donc coté OCH.
MMZ : Coté OCH exactement, jusqu’au moment où je me suis retrouvé dans le stade EPB, mais je continuais à courir parce que je me demandais si l’on était pas encore en train de me poursuivre. Mais je me rends compte que beaucoup de monde devant moi vaque à ses occupations, ou marchent tranquillement. Je me suis arrêté en me disant « Mais enfin, il n’y a que moi qui cours ».
J’ai encore regardé derrière moi mais personne ne me poursuivait, personne ne venait après moi. Je me suis arrêté.
Je sortais donc d’un long cauchemar, j’ai essayé d’avancer un peu, j’ai arrêté un taxi. Je me suis rapidement engouffré dans le taxi pour m’affaler sur le siège arrière. J’ai regardé sur le tableau de bord, il était 19h53.
Une fois arrivé chez moi, j’ai trouvé tous mes enfants en pleurs. J’ai appelé le DGPN, pour lui raconter le cauchemar que je venais de vivre, j’ai appelé le procureur de la République, j’ai appelé mes avocats. Finalement je me suis retrouvé entouré de beaucoup de monde, le procureur de la République, le directeur de cabinet de madame l’épouse du chef de l’Etat, le commissaire central de police et son adjoint et puis voilà. Je leur ai fait un peu mon récit. Il y a eu comme ça un ballet de visiteur, des administrateurs. On est resté là jusque vers deux ou trois heures du matin. Je vous avoue que je n’ai pas pu dormir.
Le lendemain lundi matin je suis allé faire une déposition au commissariat central de police. Dans le même temps mes avocats ont déposé plainte contre X pour enlèvement, séquestration, et vol et toutes les infractions connexes. Puis je suis allé répondre à l’invitation de la sécurité d’Etat où on m’a posé des questions à propos des troubles qu’il y a eu au cour de l’enterrement de monsieur Jean-Pierre Thystère Tchicaya. On m’a également demandé quelle était ma place au sein du RDPS, et toutes les autres questions liées à la gestion du RDPS.
J’ai subi je dois le dire des tortures morales.

YS : A votre avis, s’agit-il de gens ayant agi avec des ordres bien particuliers ou des éléments ayant fait de l’excès de zèle ?
MMZ : Je n’écarte aucune hypothèse, la police nationale mène son enquête. Je vous dis que j’ai fait une déposition et que mes conseils ont déposé une plainte, c’est à la police nationale désormais de faire son travail. Naturellement en y réfléchissant c’est tout un cocktail de reproches, tout un cocktail de rumeurs, un cocktail de suppositions, c’est à la police franchement de faire son travail. Je ne peux pas me prononcer l’affaire étant officielle et le travail des autorités compétentes étant en cours.

AY : Comment comprenez-vous qu’on s’en soit pris à vous alors que vous ne faisiez partie d’aucune commission ? Pourquoi a-t-on pensé à vous ?
MMZ : Oui, je me suis moi-même posé cette question. On pourrait pousser plus loin. Non seulement je n’étais pas dans la commission locale d’organisation des élections, mais je ne suis, ni membre du bureau politique, ni membre du comité directeur du RDPS. Moi aussi je leur ai posé cette question. Pourquoi Mabio ? J’écoutais les agents de la sécurité me dire : « Mais monsieur, vous êtes un leader charismatique, vous êtes très populaire, partout où on passe on nous parle de monsieur Mabio. Nous voulons savoir le rôle que vous avez joué dans tout ce qui s’est passé.

LS : Il faut dire que lors des obsèques, je ne sais plus si c’était au lieu de la veillée ou au cimetière, la DRTV a particulièrement insisté sur votre image, vous étiez placé en contre haut du reste de l’assistance et on vous a beaucoup vu. Ce sont peut-être ces images qui vous ont desservi.
MMZ : Non, la DRTV la DRTV a effectivement insisté sur mon image au cours de l’inhumation de monsieur Jean-Pierre Thystère Tchicaya, c’était au cimetière. Mais moi, je me dis que mon image a été mise en évidence juste pour montrer le successeur probable ou l’un des successeurs probables de monsieur Jean-Pierre Thystère Tchicaya…

LS : C’est précisément ce que je voulais dire, si vos ravisseurs sont des éléments ayant fait du zèle, ils ont peut-être été influencés par cette image qui vous a porté au devant de la scène.
MMZ : C’est une hypothèse de départ, mais je vous ai dit que je n’en excluais aucune.

AY : Revenons un peu, honorable, sur ces évènements là. Est-ce que en tant que monsieur Mabio vous avez joué un rôle de près ou de loin ? Avez-vous influencé d’une certaine manière un certain comportement ?
MMZ : Non ! Pas du tout. Je suis loin, très loin de tout ce qui s’est passé ; je suis très très loin, je ne sais même pas s’il s’est passé quelque chose. Comment voulez-vous que j’aile influencer un certain nombre de choses, surtout des choses de cette nature ? Si tant est qu’on ait voulu attenter à la sureté de l’Etat. Ce n’est pas possible, et pour quel intérêt ? Il faut plutôt se demander à qui profite tout ça ? Moi, j’ai bénéficié du vivant de monsieur Thystère, bien que n’étant pas membre du comité directeur ou bureau politique du parti, d’un statut particulier qui faisait de telle sorte que lorsqu’il y avait, par exemple, réunion du bureau politique, j’assistais à cette réunion. Comme tous les élus d’ailleurs. Mieux, même si je n’étais pas membre du comité directeur ou membre du bureau politique, cela n’a pas empêché monsieur Thystère de me nommer directeur de campagne du parti. C’est pour vous dire toute la place que j’occupais plus dans le cœur du chef de parti que dans le parti lui-même.

AY : Maintenant que le fauteuil de président est vacant, est-ce que du fait de ce statut particulier peut-n s’attendre à ce que naturellement vous soyez bien placé pour l’occuper ?
MMZ : Deux choses, d’abord, vous savez que chez nous on ne parle pas de questions de succession tant que le deuil n’est pas terminé, on peut maintenant en parler puisque la dernière veillée a eu lieu avant-hier. C’est pour vous dire quoi ? C’est que oui, c’est légitime d’avoir des ambitions, surtout des ambitions pour occuper le poste de président du RDPS. Je n’exclus pas cette hypothèse, je dois même dire que chaque jour, quand je me brosse, j’y pense, je le dis très sincèrement, j’y pense quand je me brosse. Mais cela doit il conduire à ce que j’ai subi ? Je ne le pense pas. Puisque pour l’instant tout le monde sait qu’il y a un président par intérim du parti, qu’il y a des statuts, qu’il y a un règlement intérieur auxquels nous devrons obéir. Il n’y a donc pas de raison pour que la guerre soit engagée maintenant.

AY : En tant que membre du RDPS, en tant que fils du Kouilou, comment interprétez-vous ce qui s’est passé lors des obsèques, les excuses des sages, l’attitude du chef de l’Etat devant ces mêmes sages ?
MMZ : Oh, je ne veux pas interpréter ou commenter l’attitude du chef de l’Etat, par contre, je dois dire que pour ma part que tout ce qui s’est passé est malsain. Je crois qu’il faut qu’on s’asseye, je crois que les responsables politico-administratifs réfléchissent de façon forte sur tout ce qui s’est passé. Sans hypocrisie, sans peur, mais en toute dignité et en toute responsabilité. Il faut qu’on arrive à cerner tout ça pour d’abord dégager les causes probables immédiates et lointaines des échauffourées que nous avons connues. Aussi bien dans l’organisation que dans l’inorganisation des élections que dans la gestion au quotidien de la vie publique. Une fois qu’on aura réfléchi à ce propos, peut-être pourrons nous cerner les causes. Mais, s’il y a des causes, il faudra apporter des remèdes sinon demain matin, les mêmes causes pourront produire les mêmes effets. On aura encore rien fait. Faudra-t-il encore repartir auprès du chef de l’Etat pour lui dire : « Monsieur le président, nous venons vous présenter des excuses. » ? Je crois qu’il faut pousser la réflexion plus loin, il faut dépasser le cadre strict de la demande de pardon auprès du chef de l’Etat.

AY : L’année dernière les élections législatives se sont déroulées dans des conditions très chaotiques. Vous avez même perdu votre fauteuil de député de Madingo-Kayes, puis cette année il y a eu les locales où on a atteint le taux le plus élevé d’abstentions dans l’histoire des élections au Congo, votre réaction ?
MMZ : Justement, ça veut tout dire. Commençons d’abord par les élections législatives, tout le monde a dit, tout le monde a dit que c’était chaotique et un grand cadre a même dit que ceux qui ont organisé ces élections méritaient de passer à la guillotine. Le mot n’est pas de moi, le mot est de ce cadre là et au niveau de responsabilités qui est ou qui était le sien, ça veut tout dire.
Le taux d’abstention aux élections locales trouve sa raison dans l’inorganisation des élections législatives. Le peuple se dit : « Si nous allons voter, et que par la suite on ne prend pas en compte le sens du vote que nous voulions donner, pourquoi irions nous voter ? Il vaut encore mieux rester à la maison. ». Ce message est clair et n’importe quel responsable politique est à même de le comprendre.

AY : Et pour 2009 ?
MMZ : 2009 arrive. C’est demain et il nous faut tous réfléchir dès maintenant si nous voulons aller aux élections de façon sereine et responsable. Il faut réfléchir pour ne plus retomber dans les erreurs du passé.

YS : On a dit que vous faisiez partie de la délégation des sages du Kouilou qui s’est rendue à Mpila, est-ce exact ?
MMZ : Oui, c’est vrai, j’ai été accroché par le directeur de cabinet de madame l’épouse du chef de l’Etat qui m’a appelé pour me dire que je devrais faire partie de ceux qui allaient être reçus par le couple présidentiel. Naturellement, qu’invité par une personnalité de ce rang, qui en plus est un frère, j’ai donc répondu présent à cette invitation. Il faut dire que parmi ceux qui devaient se rendre à Mpila, il y avait un quota pour le parti, un quota pour les sages du Kouilou, un quota pour les hommes d’église, puis des personnalités triées sur le volet. Je faisais donc partie de ces personnalités là.

Un ami de MMZ : Le numéro 2, vous fait-il la même confiance que celle que vous accordait le président Thystère Tchicaya ?
MMZ : Dans la forme, ça se passe bien, mais c’est dans le cœur, peut-être que ça ne peut pas passer. Je ne suis pas n’importe quel challenger, il a même raison de redouter ma présence.

L’ami : Malgré les élections, nous nous étonnons tous que vous ne soyez pas associé dans la politique du parti, que vous ne fassiez partie d’aucune commission alors que ous étiez assis à coté du chef.
MMZ : Moi aussi je me pose la même question, mais j’ai la réponse…

AY : Si vous possédiez un statut spécial du temps du président Thystère, n’était-ce pas parce qu’il espérait vous voir lui succéder ?
MMZ : Dans sa tête, il n’y avait pas de doute possible. Je sais de quoi je parle.

YS : Je ne sais pas honorable, au moment des législatives, j’ai quand même eu l’impression que vous avez été lâché par Thystère.
MMZ : Non, je n’avais pas été lâché par monsieur Thystère, monsieur Thystère était un homme de consensus, c’était sa force mais aussi sa faiblesse, si bien que quand il s’agissait parfois de prendre des décisions importantes, il était très flexible, cette flexibilité confinait parfois à la lâcheté.

YS : De la versatilité ?
MMZ : Oh, peut-être pas de la versatilité, mais j’estime ça un peu comme de la lâcheté sur le plan politique. Mais c’était la recherche constante de la voie du juste milieu. La recherche constante du consensus, c’était sa force, mais aussi son principal défaut.

YS : Honorable, vous vous souvenez sans doute, puisque vous et moi en avions discuté ici même, de cette déclaration que vous aviez lue en présence de Thystère où vous déclariez que le RDPS se retirait du second tour des législatives. Thystère y a porté démenti deux jours plus tard, voir même le lendemain par Thystère Tchicaya.
MMZ : Oui, je m’en souviens très bien. Je sais que la déclaration était de moi, je sais que la déclaration a été corrigée de la main du président, j’ai toujours le document original…

YS : Vous me l’aviez montré…
MMZ : Oui mais je sais aussi que le président dans les jours qui ont suivi a pensé qu’il fallait aller dans le sens contraire. Je ne lui en veux pas, dans la vie politique c’est courant et ça se comprend.

AY : Vous avez été reçu par le couple présidentiel. Comment s’est passé le contact avec le président et comment vous l’avez vécu ? Comment avez-vous perçu le discours du président ?
MMZ : Je n’ai pas de commentaire à faire.

YS : Merci honorable Mabio Mavoungou Zinga
MMZ : Merci à vous.

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