email

L’opposition congolaise appelle à la relance du dialogue

Brazzaville, Congo, 20/01 - La Convention pour la démocratie et le salut (CODESA, opposition) a appelé le président Denis Sassou Nguesso à relancer le processus de dialogue national sans exclusive en vue d’apporter des réponses définitives aux questions essentielles pour sortir le Congo de la crise multidimensionnelle actuelle, a annoncé mercredi à Brazzaville, une source proche de cette alliance de neuf formations politiques congolaise.

"Nous appelons le président de la république à relancer le dialogue national sans exclusive et son parachèvement suivant les modalités à convenir entre les différentes parties sous l’égide de la communauté internationale, en passant par l’organisation, avant les prochaines échéances électorales, d’une concertation pouvoir opposition société civile, afin de trouver des solutions essentielles à la crise que connaît le Congo depuis plusieurs années", déclare la CODESA dans un mémorandum publié récemment à Brazzaville et adressé au chef de l’Etat.

Cette concertation entre le pouvoir, l’opposition et la société civile, en créant les conditions objectives et subjectives d’une réconciliation sincère, pourrait déboucher sur la mise en place d’un organe consensuel appelé Haut conseil de la réconciliation nationale (HCRN), recommande le mémorandum, qui propose que cet organe, élevé au niveau d’une institution nationale, soit investi du pouvoir et de l’autorité nécessaires pour, d’une part gérer, traiter et trouver des solutions à l’ensemble des questions spécifiques aux effets récurrents de plus d’une décennie de haine et de rancoeurs accumulées, de violences aveugles et de luttes fratricides et, d’autre part, de suggérer des thérapeutiques susceptibles de restaurer un climat durable de paix, de concorde nationale et de cohésion.

Pour la CODESA, le Haut conseil de la réconciliation nationale, constitué au plus d’une quinzaine de personnalités représentatives des différentes composantes de la société et choisies de manière consensuelle sur des critères de probité morale, d’expérience dans la gestion des grands corps de l’Etat et de sagesse, devrait être placé sous l’autorité d’un homme d’église proposé par le Conseil oecuménique des église chrétiennes du Congo, à l’instar de la commission sud-africaine "Vérité et Réconciliation", présidée par Mgr Desmond Tutu.

"La réconciliation nationale, qui demeure encore un objectif à atteindre, ne peut devenir effective que lorsqu’on aura répondu aux questions pendantes dont celles des condamnations judiciaires prononcées contre les principaux leaders politiques du pouvoir déchu, du retour au pays de tous les compatriotes en exil, des réparations et du dédommagement des divers préjudices consécutives aux violences et divers crimes de pillage, de viol, de sécurité des personnes et des biens avec comme corollaire la dissolution et le désarmement de toutes les milices, ce qui implique naturellement le ramassage des armes de guerre et la réinsertion des ex-combattants", selon ce groupement de neuf partis et association politiques de l’opposition.

La CODESA se dit également préoccupée par le problème de la réhabilitation et de la réorganisation de la force publique, de la restauration de l’unité et la solidarité de la nation hypothéquées ainsi que de l’immigration incontrôlée et de l’influence grandissante des étrangers dans le contrôle de l’économie.

Réaffirmant "avec détermination" ses exigences en faveur d’un large consensus dans les échéances électorales, cette alliance des partis d’opposition recommande la création d’un autre organe indépendant ayant en charge tout le processus et l’ensemble des opérations électorales.

Cet organe consensuel jouissant d’une réelle indépendante organisationnelle, poursuit le texte, devrait bénéficier des mesures d’accompagnement telles que l’élaboration et l’adoption des lois sur le financement des partis politiques et des campagnes électorales, l’organisation, avant le recensement administratif et l’établissement des listes électorales.

LA CODESA recommande également l’ouverture des médias d’Etat à toutes les sensibilités politiques organisées au Congo, la dépolitisation des administrations locales avec la nomination d’administrateurs compétents aux fonctions de préfet, sous-préfet et secrétaires généraux, et la mise en place, avec le concours de la communauté internationale, d’une force neutre chargée d’assurer la sécurité des prochaines élections législatives, prévues en mai 2007.

Cette coalition des partis et associations politiques d’opposition réclament la formation d’un gouvernement de large consensus qui, jusqu’aux prochaines élections, devra combattre les fléaux de la pauvreté, du chômage, de la corruption et du SIDA, réhabiliter l’école, le système de santé publique, les infrastructures de communication inter-régionales et les équipements de base, réorganiser la force publique pour qu’elle retrouve ses valeurs d’antan.

"A l’instar des autres pays africains ayant connu le cycle infernal des guerres civiles, la réconciliation nationale demeure le passage obligé, voire le préalable à la stabilité politique, à la relance de l’économie et à la reconstruction d’un tissu social", fait remarquer la CODESA, dans son mémorandum.

En 1998, les autorités de Brazzaville avaient organisé un dialogue sans exclusive, mais les principaux leaders politiques déchus comme l’ancien président Pascl Lissouba, ses premiers ministres Jacques Joachim Yhomby-Opango et Bernard Kolélas et plusieurs autres personnalités n’ont pas été conviées à participer à ce forum.

Ce dialogue n’avait regroupé que les responsables politiques proches du pouvoir.

Laissez un commentaire
Les commentaires sont ouverts à tous. Ils font l'objet d'une modération après publication. Ils seront publiés dans leur intégralité ou supprimés s'ils sont jugés non conformes à la charte.

Recevez nos alertes

Recevez chaque matin dans votre boite mail, un condensé de l’actualité pour ne rien manquer.