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La RDCongo à la veille d’élections cruciales pour la paix

KINSHASA (AFP)
La République démocratique du Congo (RDC) élit dimanche son président et ses députés lors de scrutins sous haute surveillance dans un pays immense marqué par plusieurs décennies de gestion catastrophique et de conflits.

La campagne électorale pour ces premières élections libres en plus de 40 ans dans l’ex-Zaïre s’est achevée vendredi à minuit sans incident majeur, malgré des violences qui ont fait quatre morts jeudi en marge d’un meeting du vice-président Jean-Pierre Bemba à Kinshasa.

Un camion transportant 134 kits électoraux, dont des bulletins de vote, destinés à au moins 67 bureaux, a été brûlé samedi par un groupe de jeunes à Mbuji-Mayi (centre), a constaté un journaliste de l’AFP.

Cette ville est le bastion de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de l’opposant Etienne Tshisekedi, qui boycotte des élections jugées "truquées" en faveur du président sortant Joseph Kabila.

Plus de 25 millions d’électeurs sont appelés à départager 33 candidats au premier tour de la présidentielle, combiné avec des législatives à un seul tour où 9.707 prétendants se disputeront 500 sièges.

Les bureaux de vote ouvriront à 06H00 locales, soit à 05H00 GMT dans l’ouest et à 04H00 GMT dans l’est (du fait du décalage horaire). Ils fermeront à 17H00 locales et le dépouillement commencera immédiatement.

Les résultats de la présidentielle seront connus d’ici trois semaines et ceux des législatives communiqués au fur et à mesure dans les circonscriptions, a indiqué la Commission électorale indépendante (CEI).

Ces élections, qui seront suivies de scrutins provinciaux et locaux, doivent mettre un terme à une transition politique initiée en 2003 après une guerre régionale de près de 5 ans, ayant impliqué sept pays africains.

Le grand favori de la présidentielle est Joseph Kabila, 35 ans, qui a promis développement et sécurité au cours d’une campagne marathon qui s’est achevée vendredi soir par un grand meeting à Kinshasa.

Il affronte les ennemis d’hier, dont les ex-chefs rebelles et actuels vice-présidents, Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa, des mobutistes, ainsi que des opposants et outsiders, qui n’ayant jamais gouverné, se présentent comme les vrais tenants du changement.

M. Bemba, 43 ans, s’est affirmé au cours de la campagne comme son challenger le plus sérieux. Il a rassemblé pour son dernier meeting dans la capitale plus de 40.000 personnes.

Le bon déroulement de ces élections ouvrirait la voie à la relance de l’économie d’un pays en ruine mais potentiellement moteur de l’Afrique centrale. Un dérapage du processus pourrait entraîner de nouveaux conflits.

Toutes les confessions religieuses ont appelé à un vote massif.

La communauté internationale, qui a financé la quasi-totalité des 450 millions de dollars du processus électoral, a multiplié les appels au calme et à la responsabilité.

Vendredi, le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan a demandé « aux dirigeants politiques d’accepter les résultats des élections ».

« On ne veut pas voir au lendemain des élections (...) des gens (demander) à leurs supporters de se rendre dans la rue en critiquant ceux qui ont gagné », a ajouté le chef de l’Onu, qui a déployé en RDC sa plus importante mission de maintien de la paix, avec 17.600 Casques bleus.

Samedi, l’Onu a annoncé la création d’un Comité international des sages, présidé par l’ancien président mozambicain Joaquim Chissano et composé d’anciens responsables africains, chargé d’aider à « la résolution pacifique des conflits en tant que médiateur ».

Ces scrutins sont placés sous la surveillance de près de 80.000 policiers congolais, de Casques bleus et d’un millier de soldats européens, mobilisables en cas de « troubles graves ».

Toutes les frontières du pays ont été fermées vendredi à minuit, à l’exception de l’aéroport de Kinshasa qui devait l’être samedi, et ce jusqu’au 30 à minuit.

La régularité des scrutins est contrôlée par 47.000 observateurs nationaux et 1.500 internationaux, ainsi que plus de 193.000 témoins de partis politiques et de candidats indépendants.

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